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Journal de la littérature, des idées et des arts 08/10 – 21/10 2025

En attendant Nadeau

Laurent Fedi, Introduction critique au bergsonisme, Paris, Kimé 2025, 383 p, ISBN 078 38072 181 2, 29€ Bertrand Russell, Les dernières chances de l’homme
« Méditation », Alexej von Jawlensky (Début XXᵉ s.) © CC0/WikiCommons

Bergson récolé

La révolution bergsonienne a produit ses effets bien au-delà des cercles spécialisés de la philosophie. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Dans Introduction critique au bergsonisme, Laurent Fedi dresse un inventaire exemplairement clair et lucide du bergsonisme.

Éditorial

Autant d’Antigones

Faire face, se dresser devant l’inacceptable, ce qui opprime ou dévitalise : voilà l’idée-force de nombre des livres chroniqués dans ce numéro. Malgré la peur, la force brutale, la défaite probable, le déni infusé comme un stupéfiant. « L’après-vie des révolutions défaites et insurrections brisées, dont la trame moins visible peut nourrir un réveil ultérieur », c’est ce qu’examine Chowra Makaremi dans un profond et émouvant essai, qui fait écho au livre de Chahla Chafiq rassemblant les slogans et poèmes de la révolution « Femme, Vie, Liberté ».

Sommaire

Arthur Koestler
Spartacus
par Isaure Hiace
Jean-Paul Barbe
Retours des Indes. Portrait fantôme d’un négrier
par Sonia Dayan-Herzbrun
LECTURE DU JOUR
Simon Johannin, Le fin chemin des anges
« Révolte dans un pénitencier français – Quatorze garçons brûlés vifs », illustration parue dans The Illustrated Police News (12 janvier 1867) © CC0/WikiCommons

Bagne fantôme

Même sans la puissance d’écriture qui le caractérise habituellement, Simon Johannin, dans Le fin chemin des anges, nous fait découvrir un épisode peu connu de l’histoire carcérale française.
LECTURE DU JOUR
Simon Johannin, Demande à la brûlure
« Grand feu de Salem, 9 mars 1697 », Andreas Brugger (XVIIIᵉ s.) (Détail) © CC0/WikiCommons

Poète pyromane

Demande à la brûlure de Simon Johannin renoue avec le feu qui animait ses précédents recueils. Il propose une poésie lumineuse, une poésie dont la lumière vacille.
"Notes à John", Joan Didion
« Notes à John », Joan Didion (Détail) © Grasset

Joan Didion, trop distante ou trop proche

Les Notes à John de Joan Didion sont en quelque sorte le volet posthume d’un triptyque autobiographique. Ces notes, dont la publication a été critiquée, se révèlent à la fois prenantes et particulièrement révélatrices de la personnalité de l’autrice.
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Annika Norlin, La colonie. Trad. du suédois par Isabelle Chéreau. La Peuplade, 576 p., 24 € Quynh Tran, Ombre et Fraîcheur.
« Dark Spruce Forest », Edouard Munch (1899) © CC0/WikiCommons

Ombres du Nord

Dans La colonie de la Suédoise Annika Norlin ainsi que dans Ombre et fraîcheur du Finlandais Quynh Tran, la forêt apparaît comme un refuge. Ces deux premiers romans montrent comment vivre dans l’ombre, même s’il est bien difficile de s’extraire de la société dominante.
Romuald Gadegbeku, Les Gréveuses
« Femme de maison », Gebra Kristos Desta (1961) © CC0/WikiCommons

À tout faire

Les gréveuses, de Romuald Gadegbeku, est un récit envoûtant, celui de treize femmes de ménage dans un hôtel qui font grève. Un premier roman où les femmes naissent en lutte sur mille fronts.
Olga Tokarczuk Prix Nobel de littérature E.E.
« Calendrier magique », Manuel Orazi (1896) (Détail) © Gallica/BnF

Le monde entier est une femme

Dans E. E., Olga Tokarczuk adopte en apparence les règles romanesques des années précédant la Grande Guerre. Mais c’est pour mieux suggérer le nœud proprement inanalysable où se croisent le conscient et l’inconscient, le vivant et le mort, le visible et l’invisible.
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Götz, Aly, Wie konnte das geschehen? Deutschland 1933-1945 (Comment cela a-t-il pu se produire ?) L’Allemagne 1933-1945. Fischer Verlag, 768 pages. (Avec index) Harald Jähner, L’ivresse des sommets. L’Allemagne et les Allemands (1918-1933). Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni. Actes Sud, 501 pages (Hélas, sans index, quoique présent dans l’édition allemande !) Stéphane Füzesséry, La destruction de Berlin. De l’explosion urbaine à Germania 1860-1945
« La cité des travailleurs », Hans Baluschek (1920) © CC0/WikiCommons

Comment cela a-t-il pu se produire ?

Comment la société allemande a-t-elle pu permettre le nazisme ? Dans un ouvrage non encore traduit, l’historien Götz Aly nous met en garde : les régimes agressifs doivent être combattus avant qu’ils ne deviennent répressifs.
Götz, Aly, Wie konnte das geschehen? Deutschland 1933-1945 (Comment cela a-t-il pu se produire ?) L’Allemagne 1933-1945. Fischer Verlag, 768 pages. (Avec index) Harald Jähner, L’ivresse des sommets. L’Allemagne et les Allemands (1918-1933). Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni. Actes Sud, 501 pages (Hélas, sans index, quoique présent dans l’édition allemande !) Stéphane Füzesséry, La destruction de Berlin. De l’explosion urbaine à Germania 1860-1945
Maquette d’ensemble de Germania (1939) © CC-BY-SA-3.0/Bundesarchiv/WikiCommons

De Berlin à Germania

Dans La destruction de Berlin, Stéphane Füzesséry soutient que la métropolisation de la capitale allemande a insufflé au nazisme une part de sa « modernité ». Son hypothèse refaçonne un pan d’histoire sur lequel on ne s’interrogeait pas assez.
Götz, Aly, Wie konnte das geschehen? Deutschland 1933-1945 (Comment cela a-t-il pu se produire ?) L’Allemagne 1933-1945. Fischer Verlag, 768 pages. (Avec index) Harald Jähner, L’ivresse des sommets. L’Allemagne et les Allemands (1918-1933). Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni. Actes Sud, 501 pages (Hélas, sans index, quoique présent dans l’édition allemande !) Stéphane Füzesséry, La destruction de Berlin. De l’explosion urbaine à Germania 1860-1945
« Unter den Linden sous la pluie », Lesser Ury (1920) © CC0/WikiCommons

Le moment Weimar

Avec L’ivresse des sommets, consacré à la république de Weimar, Harald Jähner propose un livre inclassable. Une étude écrite à partir des sensations, du vécu et des sentiments, de la politique des corps, du jazz et du charleston, aussi fluide qu’étourdissante d’érudition.
Alain Brossat, Ecrire au bord du gouffre. Victor Klemperer ou la résistance dans la langue
Victor Klemperer (1946) © CC BY-SA 3.0 de/Deutsche Fotothek‎/WikiCommons

Klemperer en question

Écrire au bord du gouffre est un essai consacré à Victor Klemperer. Si Alain Brossat restitue la force du Journal du philologue, il se montre aussi trop dogmatique.
Le Temps des salauds : Comment le fascisme devient réel.
Défilé « Unir la Droite »(Charlottesville, 2017) © CC BY 2.0/Anthony Crider/WikiCommons

Là où nous en sommes

Le temps des salauds, d’Hugues Jallon, est constitué de 95 propositions examinant les acteurs qui contribuent à édifier un fascisme contemporain.
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"Moi, Gombrowicz", d'Andrzej Wolski-Jacek Wozniak © Denoël graphic
« Moi, Gombrowicz », d’Andrzej Wolski-Jacek Wozniak © Denoël graphic

La diététique de Witold

Écrit par Andrzej Wolski et illustré par Wozniak, Moi, Gombrowicz est un magnifique album consacré à la vie et l’œuvre de l’écrivain polonais. Il s’en dégage une leçon d’indépendance et de liberté.
Cyril Gerbron, Les pierres et le rêve. Essais sur la peinture religieuse de la Renaissance italienne
« L’Adoration de l’Enfant », Callisto Piazza (1538) © CC0/WikiCommons

Se faire regardeur

Disparu en 2019 à l’âge de trente-six ans, Cyril Gerbron comptait parmi les plus brillants historiens de l’art de sa génération. Le recueil d’essais intitulé Les pierres et le rêve en constitue l’éclatant témoignage.