La parution quasi simultanée des livres d’Olivier Roy et de Gilles Kepel a provoqué une polémique. Au-delà de la simple confrontation, il semble important de comprendre les prises de position et les points de vue divergents de ces deux spécialistes de l’islamisme radical, pour mieux saisir les conséquences, plus ou moins alarmistes, de leurs conceptions respectives.
Olivier Roy, Le Djihad et la mort. Seuil, 176 p., 15 €
Gilles Kepel, La fracture. Gallimard, 288 p., 19 €
Dans les semaines et les mois qui avaient suivi l’attentat perpétré contre les tours du World Trade Center, le 11 septembre 2001, la foule des honnêtes gens s’était précipitée dans les librairies du monde entier et en était ressortie… avec un exemplaire du Coran, lequel s’était trouvé rapidement en rupture de stock chez tous les éditeurs ayant à leur catalogue une traduction de celui-ci. Faute d’ouvrage traitant directement du terrorisme islamiste ou du djihadisme, le public avait, à l’époque, estimé de bon aloi d’aller chercher des réponses aux questions qu’il se posait dans les pages du livre sacré de l’islam. La littérature sur le sujet ayant depuis beaucoup augmenté, c’est bien plutôt vers les ouvrages des spécialistes ‒ dont certains, comme Gilles Kepel et Olivier Roy, connaissent des tirages considérables ‒ que s’est tourné, cette fois, ce même public, toujours aussi avide de comprendre, après les attentats commis récemment en France et en Belgique.
La floraison d’ouvrages sur cette matière a d’abord été utile à la presse d’information générale, souvent embarrassée quand il s’agit de rendre compte de ces sujets sur le fond. La parole des experts se trouve ainsi commentée, analysée, mise en scène, en perspective et en abyme par une presse écrite et audiovisuelle qui a trouvé « porteur » d’organiser sous forme de querelle la confrontation des prises de position et des points de vue des deux principaux auteurs, spécialistes de l’islamisme radical, que sont Olivier Roy et Gilles Kepel, à l’occasion de la parution simultanée, cet automne, de leurs ouvrages, respectivement Le Djihad et la mort et La fracture.
Pour Olivier Roy, les choses sont simples : les hommes, et désormais les femmes, qui viennent se ranger sous l’étendard de la radicalité islamique, la bannière du djihad, sont bien plus « radicaux » qu’« islamiques » : ce ne sont pas « des jeunes qui ont mal lu les textes, mais des révoltés qui choisissent d’abord la radicalité, avant de l’inscrire dans un paradigme islamique ».
La radicalité de ces citoyens français d’origine musulmane ou convertis qui partent combattre dans les rangs de l’État islamique, ou s’emploient à perpétrer, au nom de celui-ci, sur le sol français, d’horribles assassinats ou d’effroyables massacres, s’inscrit dans la droite ligne des pratiques qui étaient celles des anarchistes de la fin XIXe siècle, de la bande à Baader ou encore des Brigades rouges. Cette radicalité est du même ordre que celle qui animait naguère les zélateurs de la grande révolution culturelle prolétarienne chinoise ou encore du régime khmer rouge : « ‟Faire table rase” est le projet commun des Gardes Rouges, des Khmers rouges et des légionnaires de Daech », écrit Olivier Roy.
Une autre de leurs caractéristiques est qu’ils sont jeunes : « rares sont ceux qui ont plus de trente ans ». « La plupart des radicaux sont profondément immergés dans la ‟culture jeune” contemporaine », remarque aussi Olivier Roy, qui énumère : « ils vont en boîte, draguent les filles, fument et boivent », « leurs pratiques vestimentaires sont aussi celles des jeunes de leur temps », « leurs goûts musicaux sont ceux de leur époque : ils aiment le rap », « ils sont bien sûr amateurs de jeux vidéo et de films américains violents », enfin « ils parlent souvent ‟djeune” ». Dès lors qu’ils ont rejoint « l’immense désert où l’on chevauche en 4 x 4, cheveux et drapeaux ouverts à tous les vents, armes brandies », « les petits losers de banlieue sont devenus beaux, et bien des jeunes filles sur Facebook se pâment devant leur look ».
Mais ce qui fait absolument leur spécificité est ailleurs. « Ce qui est nouveau, c’est l’association du terrorisme et du djihadisme avec la quête délibérée de la mort », estime Olivier Roy, qui a placé cette question au centre de sa réflexion. Dans la quasi-totalité des cas, en effet, les auteurs des attentats perpétrés au nom d’Al-Qaïda ou de Daech ont fait le choix du suicide, soit en se faisant exploser, soit en affrontant les forces de l’ordre sans chercher à fuir. « Les auteurs des attentats des années 1970 et 1980, associés ou non au Moyen-Orient, organisaient soigneusement leur fuite », rappelle à cet égard Olivier Roy.
Cette « dimension mortifère » aurait sa « logique propre », qui serait due, suggère Roy, au fait que, le califat ‒ autoproclamé par les maîtres de l’État islamique ‒ étant « un fantasme », « le mythe d’une entité idéologique en perpétuelle expansion », ceux qui s’identifient à lui ne peuvent le faire qu’à travers « un pacte de mort ». « La dimension nihiliste est centrale », poursuit-il, « la violence n’est pas un moyen, elle est la fin. C’est une violence no future ».
Olivier Roy s’interroge ensuite sur la personnalité des djihadistes, cherchant à comprendre les causes de leur basculement dans la radicalité. Il constate d’abord qu’il n’existe pas de profil socio-économique type. Même si « les banlieues sont très représentées » : « la carte du djihad est plus complexe que la carte des banlieues défavorisées. Les djihadistes sont loin d’être systématiquement des produits de banlieues sensibles. L’Ouest parisien est tout aussi représenté que l’Est, et Nice a un nombre de djihadistes en chiffres absolus supérieur à celui du 93 et surtout à celui de Marseille ».
De plus, remarque Olivier Roy, bon nombre des djihadistes sont « très bien intégrés et pourvus de diplômes », si bien qu’il n’est pas possible non plus d’établir un lien systématique entre radicalité et désocialisation. Il serait vain aussi, poursuit l’auteur, de fonder ce lien dans un quelconque ressentiment à l’égard de l’ex-puissance coloniale (guerre d’Algérie), ou des forces de l’ordre (violences policières), non plus que dans une filiation avec des engagements précédents (soutien à la Palestine).
Il n’existe pas davantage de « profil psychopathologique particulier des terroristes », observe Roy en s’appuyant sur les travaux récents de psychiatres et de psychanalystes ayant étudié cette question. Toutefois, « il est évident que des gens souffrant de problèmes psychologiques peuvent trouver dans l’imaginaire djihadiste un moyen d’inscrire leur délire dans un univers partagé par d’autres, bref de cesser d’être fou au moment du paroxysme meurtrier de leur folie, car ils seront affublés du nom prestigieux de terroriste au lieu de celui de psychopathe. Et l’on parlera d’eux partout ». Ce que l’auteur traduit en une formule lapidaire : « On ne se prend plus pour Napoléon, mais pour Daech » !
Enfin, « les radicaux ne proviennent pas des espaces salafisés », observe Olivier Roy. Il est important de rappeler ici ce qu’est le salafisme. Il s’agit d’une conception extrêmement rigoriste, littéraliste, de l’islam dont les adeptes prônent le retour aux pratiques en vigueur dans la communauté musulmane à l’époque du prophète Mahomet et de ses premiers disciples (« salaf » signifie « ancêtres »), exerçant un contrôle strict sur les membres de leur communauté. Le mouvement salafiste s’est développé en France depuis les années 1990, sous sa forme dite « quiétiste », qui rejette la violence. Pour Olivier Roy, donc, « la source de la radicalisation n’est pas le salafisme », même s’il n’est pas question « d’exonérer le salafisme de ses responsabilités » en la matière.
On le voit, le portrait du radicalisé, du djihadiste, est difficile à brosser. Il se lit plutôt en creux, à partir de ce qu’il n’est pas plutôt que de ce qu’il est. En résumé, ce serait un jeune, un Maghrébin homegrown ou un converti, un révolté peu soucieux d’abord de religion, souvent un ancien délinquant. Faisant le choix de donner à la révolte qu’il porte en lui une traduction dans les faits, il habillerait celle-ci, par opportunisme, des oripeaux du combat islamiste. En effet, « l’extrême gauche [ayant] quitté l’universel », « les nouveaux rebelles en quête d’une cause n’ont, donc, qu’Al-Qaïda et Daech sur le marché ». Le djihad serait dès lors un choix par défaut, ce que montrerait bien « le passage au religieux tardif, en dehors des cadres communautaires, précédant de peu le passage à l’action ».
L’analyse, même si elle n’est pas complètement dépourvue d’intérêt, paraît cependant manquer de pertinence. Pour l’auteur, la question du « choix systématique de la mort » est centrale. Objet principal de son essai, elle lui donne son titre. Elle constituerait la « nouveauté », la « spécificité » du terrorisme islamiste, tel qu’Olivier Roy le prend en compte, de 1995 à nos jours, c’est-à-dire depuis Khaled Kelkal ‒ auteur de plusieurs attentats, dont celui de la station Saint-Michel, et mort les armes à la main ‒ jusqu’aux séides de Daech… Or, si l’on se réfère à l’un des premiers travaux consacrés au terrorisme suicidaire par l’universitaire américain Robert A. Pape, et notamment à son mémoire intitulé « The Strategic Logic of Suicide Terrorism », paru dans l’American Political Science Review (août 2003), on constate qu’entre 1980 et 2001, période sur laquelle porte son étude, pas moins de 188 attentats-suicides ont été répertoriés de par le monde. Ce nombre aurait été plus élevé encore si ladite étude ‒ au-delà des attentats-suicides commis par des terroristes absolument certains de succomber (portant une ceinture d’explosifs, au volant d’une voiture piégée, précipitant un avion sur une cible…) ‒ avait également retenu les circonstances dans lesquelles les terroristes se font tuer les armes à la main, ce que Robert Pape s’est abstenu de faire, pour ne laisser aucune place à l’interprétation.
Dès lors, il semble bien difficile de donner raison à Olivier Roy quant à la nouveauté et à la spécificité du caractère suicidaire des attaques terroristes commises ces dernières années en France ou en Belgique. Il est intéressant de noter aussi que si certains des 188 attentats-suicides recensés par Robert Pape avaient de fait été commandités par des mouvements islamistes (Hamas, Hezbollah), d’autres, plus nombreux, l’avaient été par des organisations qui n’ont rien d’islamiste, comme, par exemple, les Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul, mouvement indépendantiste d’inspiration marxiste-léniniste, responsable à lui seul de 75 de ces attentats-suicides sur la période en question. On relèvera également que, selon Robert Pape, les attentats-suicides sont toujours perpétrés dans le cadre de stratégies très strictement élaborées, émanant de groupes ou d’instances organisés, ayant des objectifs précis et définis. Cette conclusion paraissant bien s’inscrire en faux contre les propos d’Olivier Roy pour qui la terreur de Daech « n’est pas une stratégie, elle est un délire ».
L’insistance à mettre en avant « la fascination pour la mort » des djihadistes paraît d’autant plus suspecte qu’Olivier Roy a bien du mal à expliciter, par ailleurs, les raisons de leur basculement dans la radicalité. C’est ainsi que, dans un de ses chapitres ‒ intitulé « L’absence de causes ‟objectives” » ‒, l’auteur, après avoir recherché ces causes, et sur le point de renoncer à les trouver, finit tout de même par en avancer une, sous la forme d’un « ‟malaise des jeunes de banlieue” », lequel « ne saurait être absent du ressentiment évident qui anime les radicalisés contre la société occidentale où ils habitent », argument d’autant plus décevant qu’il semble contredire certaines des assertions précédentes relatives aux origines sociologiques des djihadistes.
C’est dans ce même chapitre qu’Olivier Roy observe, ainsi qu’on l’a noté déjà, l’absence de lien entre radicalité et participation à d’anciennes luttes ou révoltes (guerre d’Algérie, marche des Beurs, émeutes de 2005, soutien à la Palestine…). Plus surprenant est ce qu’il infère de ce constat : « L’absence de continuité entre les multiples formes de révolte explique pourquoi les terroristes sont aussi peu nombreux » ! Plus étonnant encore, immédiatement après cette allégation troublante, Olivier Roy poursuit : « Un simple détail : il y a en France bien plus de musulmans engagés dans les forces de sécurité que dans le djihad ». Un rapprochement qui laisse pantois…
Si, pour Olivier Roy, « la source de la radicalisation n’est pas le salafisme » et si, comme on l’a vu, il est hors de question, pour lui, « d’exonérer le salafisme de ses responsabilités » en la matière, on chercherait cependant en vain dans les pages de son livre ‒ bien que cette dernière affirmation y soit diverses fois reprise ‒ une quelconque explication relativement à ces responsabilités qui sont pourtant considérables et qui constituent la clé du problème. C’est bien plutôt dans l’ouvrage de Gilles Kepel, La fracture, qu’on trouvera les réponses à cette question primordiale.
Pour Gilles Kepel, « Daech est parvenu à toucher la France en son talon d’Achille : la jeunesse issue de l’immigration maghrébine et sahélienne où l’organisation a levé plus d’un millier de ‟soldats du califat”, auxquels se sont ajoutés des Français ‟de souche”, hommes et femmes, convertis à l’islamisme radical ».
« Le défi est immense, et il ne faut pas se cacher qu’il sera difficile à relever », écrit-il, et « c’est dans la mobilisation de la population française dans la totalité de ses composantes que sera trouvé l’antidote au poison qui nous infecte ». Le diagnostic est sévère, le propos exigeant.
Gilles Kepel place la question du salafisme au centre de sa réflexion. Autrefois perçue « comme totalement sectaire », cette idéologie a connu récemment une forte expansion en Europe et, particulièrement, en France, au sein de ce qu’il est convenu d’appeler les « quartiers ». Cette diffusion a été rendue possible et « a connu un essor considérable depuis l’augmentation du prix du baril pétrolier », écrit Kepel, qui insiste sur le fait que « le salafisme est soutenu depuis sa naissance par les pétromonarchies du Golfe, qui en ont fait l’idéologie de la légitimation de leur pouvoir. C’est l’Arabie saoudite qui a commencé à envoyer des prédicateurs salafistes en France au début des années 1990 ».
Les salafistes n’admettent comme seules références que le texte coranique et le corpus des hadiths ‒ les dits et récits du Prophète qui ont valeur d’exemplarité ‒, décontextualisant de la sorte l’islam. La démocratie, la laïcité, l’égalité homme-femme « sont pour eux de la mécréance, car il ne saurait exister d’autre loi que la charia ». Limitant autant que faire se peut leurs relations avec des non-musulmans, ils adoptent une attitude de retrait, de repli communautaire, que Gilles Kepel qualifie très pertinemment de « désintégratrice ». C’est ainsi que l’on peut observer les « marqueurs de la salafisation dans les quartiers populaires de France, en grande partie sous l’influence des gigantesques financements dispensés à cette fin par les pétromonarchies de la péninsule arabique ». Ce courant d’idées est parfois si prégnant que les citoyens musulmans peuvent se sentir pris à son piège, pris en otage… d’autant plus qu’ils sont vite traités d’apostats s’ils refusent d’y adhérer.
« Si tous les salafistes ne sont pas djihadistes, il n’en est pas moins vrai que le djihadisme se construit sur le socle du salafisme ». C’est bien là que réside un danger, que Gilles Kepel a identifié depuis longtemps. Déçu qu’hommes politiques et hauts fonctionnaires puissent continuer d’ignorer ses mises en garde, il comprend mal pourquoi on a ainsi laissé se développer, dans les « quartiers », « une culture d’enclavement volontaire et de rupture avec la société européenne et ses valeurs au nom d’un salafisme intransigeant, faisant le lit du passage à l’acte djihadiste ».
Ce salafisme de banlieue se rattache, certes, à la mouvance dite quiétiste du mouvement. S’il ne prône pas la violence, il s’abstient, le plus souvent, de la dénoncer. Même si les quiétistes s’en défendent, il n’y a qu’un pas à faire pour passer du salafisme au djihadisme tel que le professe et le promeut Daech.
Publications, revues, sites internet, canaux télévisés privés… Gilles Kepel s’attache à décrypter les documents de propagande ‒ textes ou images ‒ auxquels il peut avoir accès. Au-delà des objectifs de Daech ‒ qui peuvent être ainsi résumés : « multiplier les meurtres de proximité afin de semer la terreur puis la volonté de revanche parmi la population du Vieux Continent, précipitant ainsi l’avènement d’une guerre civile aboutissant au triomphe du califat dans l’Europe vaincue » ‒, ce qui est particulièrement intéressant, c’est l’analyse qu’il propose de ces textes et de ces images, d’un point de vue notamment sémantique, symbolique, esthétique… De façon tout à fait convaincante, il s’applique à comprendre quels sont les prismes cognitifs à travers lesquels les djihadistes perçoivent la société qu’ils veulent détruire et les ennemis qu’ils cherchent à exterminer, ainsi qu’à appréhender leur vision du monde.
C’est avec cette même capacité d’analyse qu’il déchiffre les actions des djihadistes : le mode opératoire mis en œuvre, le choix des armes, des cibles ‒ qu’il s’agisse des personnes ou des lieux ‒, de la temporalité. Ainsi des attentats commis au printemps et à l’été derniers (assassinats d’un prêtre à Saint-Étienne-du-Rouvray et d’un couple de policiers à Magnanville, massacre du 14 juillet à Nice) qui « se situent au plus près de la stratégie du terrorisme de proximité » et qui « combinent meurtres spectaculaires à coût minimal et impact symbolique d’autant plus effarant que leurs instruments sont des objets triviaux de la vie quotidienne ‒ couteaux de cuisine et camion de livraison ‒ et non des armes à feu ou des explosifs complexes à acquérir ou à manier pour des terroristes peu entraînés ».
« Dans l’économie politique de la terreur, écrit Gilles Kepel, les attentats du printemps et de l’été 2016 présentent un ratio exceptionnel de résultat, en termes de ravages physiques et moraux dans la société française ». Ces actions s’inscrivent très précisément au plus près de la stratégie la plus contemporaine de Daech. Les « cibles des nouveaux attentats de Daech », écrit pour sa part Olivier Roy, « ne font pas sens ». Insensés sont sûrement ces crimes, mais certainement pas dénués de sens !
Les analyses d’Olivier Roy, dans Le Djihad et la mort, suggèrent que les actions des terroristes manipulés par Daech n’ont guère été que les débordements d’une bande de vauriens dévoyés. Celles de Gilles Kepel, dans La fracture, sont nettement plus alarmistes. On est toutefois enclin à le suivre et à penser avec lui que, si rien n’est fait, le risque existe bien de voir le chaos du Moyen-Orient s’exporter à l’intérieur des frontières de l’Europe.