« L’histoire de l’humanité est faite de sang et de sanglots », rappelle Shumona Sinha, auteur de Apatride. Née en Inde et écrivant en français, la romancière ne « comprend pas l’idée de nation, d’appartenance à un territoire » et garde les yeux grands ouverts sur le monde.
Shumona Sinha, Apatride. L’Olivier, 192 p., 17,5 €
Parmi les livres parus en janvier 2017, celui de Shumona Sinha, Apatride, est peut-être celui qui résonne le plus fortement avec l’état du monde et, à l’intérieur de celui-ci, avec celui de la société française. Le récit met en parallèle les destins d’Esha et Mina, deux femmes indiennes confrontées à une violence brutale et invisible. La seule différence entre elles – et elle est de taille – est que l’une s’est installée à Paris.
Elle-même née à Calcutta en 1973, Shumona Sinha raconte cette histoire croisée d’une écriture « documentaire » et pourtant très mélodique. Au moment où, en Inde comme en France, les gouvernements et les prétendants au pouvoir poursuivent l’édification des frontières et le rejet des plus vulnérables, elle en fait le lieu d’une réflexion sur ce qu’est « vivre sans patrie ».
C’est pour ces raisons éminemment actuelles que la revue En attendant Nadeau a choisi d’inaugurer ses entretiens littéraires en partenariat avec Mediapart par une conversation avec Shumona Sinha.