Igor Anatolievitch Lazounine (né à Jdanov le 6 janvier 1975) est poète. Il est diplômé de l’école professionnelle technique de Marioupol (1990-94). Depuis 1998, il réside à Saint-Pétersbourg et travaille comme soudeur dans les ponts et chaussées. Il est membre de l’Union des Écrivains de Russie depuis 2007. Il est l’auteur de quatre recueils de poèmes : Les rêves des autres (2003) ; Athlétisme, coécrit avec К. А. Pasechnik (2006) ; Maquette du printemps (2009) ; Guide à travers l’absence de routes (2014). Il est publié dans des périodiques de Russie et des pays limitrophes, ainsi que dans des recueils collectifs. Lauréat du prix « Jeunesse de Saint-Pétersbourg » pour la critique, il a participé au premier forum des jeunes écrivains de Russie et de Chine. Il a été traduit en roumain, chinois, serbe et français. Il donne également à EaN un texte sur la situation de la poésie en Russie.
LA DATCHA
Armé d’une scie plus stridente qu’un violon
Le voisin triomphe d’une planche – Quel homme !
Le chardonneret titille de gazouillis sa noisette,
Et le lézard fond sur sa brique.
Le soleil sort de son escorte de nuages ;
Ses rayons saillant comme un herbier séché hors d’une mallette.
Et la piéride de chou qui se donne des allures de fée,
Et le bourdon qui cherche la clé de son bouton de fleur.
La belle-mère jette des sorts au potager,
En menaçant les pucerons itinérants d’une pelle.
Et allongé dans le hamac tu te rappelles :
Il y a tant à faire qu’il n’y a plus le temps d’être pressé.
LA BAIE
Non, pas au parc aux étangs décédés
Je me suis élancé, en tout laissant tomber,
Ici, où lasse des tâches de l’été,
Échinée, s’étend la baie,
Là où le yacht tendu au vent,
Tout en détails, tout important,
S’assoit en perroquet pirate
Sur l’épaule plate de l’horizon.
Et nul effort de vue ne faut
Ouvrant à la meilleure des pages
De l’art de versification l’ouvrage
Dans la reliure des vols d’oiseaux.
Il fait chaud. La rivière s’est ramollie.
Les moustiques ont la migraine.
Ta drôle d’ombre trompe mon ennui
D’une note de menthe dans son haleine.
Nous ne sommes point avares de rires –
Dieu nous ayant gâtés
D’une mer de dons
Dans une tente bleue-argentée.
Une courbe torse traça notre route
Hors de l’entrelacs des chemins.
D’un bleuet nous froufroute
Le petit vent voisin.
Pour nous se dresse la berge,
On tutoie le destin.
Quelle idiotie de croire
Que le rêve est loin
Igor Lazounine
Traduit par Mariam Traoré
Dossier coordonné par Gérard Noiret