Père-Lachaise, division 44, dernier adieu à Miguel Abensour, disparu le samedi 22 avril 2017, à l’hôpital Cochin à Paris, à l’âge de soixante-dix-huit ans. Devant le cercueil à l’étoile de David, une femme rabbin, qu’il a choisie pour prononcer quelques mots de la tradition juive, a rappelé la signification de son nom, le rapport filial à la roche, au rocher.
Miguel Abensour était pourtant le contraire d’un monolithe, à mille lieues de toute compacité et rien moins que cassant. S’il fallait dès lors songer à une forme minérale pour évoquer son souvenir, celle du cirque conviendrait sans doute mieux. Nullement la piste, même si les images de chahut ou de carnaval ne sont pas étrangères à sa vision d’un imaginaire subversif où le pouvoir, subitement déplacé, se trouve déséquilibré ; non, une caldeira plutôt, l’un de ces grandioses espaces volcaniques qui ne se laissent que difficilement gagner depuis l’extérieur, qui restent parfois même invisibles aux regards affairés, mais qui cependant, une fois franchi leurs accès pour partie dérobés, s’offrent accueillants, vastes et hospitaliers, luxuriance de végétation grandie en cercles étagés sur de la lave aux pétrifications trompeuses.
Entrevoir l’œuvre et le parcours de Miguel Abensour procéderait assurément d’un tel détour, traversée d’à-pics rocheux jusqu’aux confins des limites, outrepassement des frontières selon une voie oblique pratiquée entre toutes par cet homme des passages, des sentiers escarpés.
Passé par l’université de Dijon puis le CNRS, par l’université de Reims avec la création d’un diplôme de troisième cycle en théorie politique où Claude Lefort et Pierre Clastres vinrent exposer leurs idées avant sa suppression par le ministère des Universités, Miguel Abensour a surtout enseigné à l’université Paris-VII dont il était professeur émérite de philosophie politique, participant à l’aventure collective du Centre de sociologie des pratiques et des représentations politiques et sa revue Tumultes.
De novembre 1985 à décembre 1987, succédant à Jacques Derrida et à Jean-François Lyotard, il présida l’assemblée collégiale du Collège international de philosophie, présidence marquée par le colloque « Heidegger. Questions ouvertes » de mars 1987 où Emmanuel Levinas accepta de prendre la parole pour évoquer son déchirement profond à l’égard du philosophe allemand. Cette courte expérience, interrompue pour des raisons de santé, fut aussi l’occasion, pour Miguel Abensour, d’expérimenter une forme de collégialité autre, celle d’un travail philosophique mené en commun qui n’était pas sans rappeler, dans son esprit, l’école de Francfort et la théorie critique, ce même refus d’enfermer la philosophie dans des territoires par avance assignés, cette même urgence de l’ouvrir en pratique à son dehors, fût-il le moins glorieux, le plus disgracieux.
Par là, Miguel Abensour prolongeait son plaisir et son désir d’échanges inaugurés lors de sa participation à de nombreuses revues parmi lesquelles Textures, Libre ou encore, de manière sans doute plus décisive, Passé-Présent à laquelle il réserva, pour sa première livraison en 1982, sa magnifique introduction à Minima Moralia de Theodor W. Adorno, un superbe texte de résistance sobrement intitulé « Le choix du petit ».
Plaisirs et désirs d’échanges, de transmission en réalité démultipliés dès 1974, avec la création de la collection « Critique de la politique » aux éditions Payot. Éclipse de la raison de Max Horkheimer en fut le premier titre, mais l’ouvrage emblématique et inaugural, paru seulement quelques mois plus tard, devait en être le Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie, exemple de ces textes « en rupture avec la pensée héritée » et qui contribuent à faire de cette collection, à la couverture rouge s’il en est, l’une des plus importantes du monde francophone dans le domaine élargi de la philosophie politique. Avec près de cent volumes publiés à ce jour, en prendre la mesure n’est assurément pas chose aisée. Un premier aperçu peut naître, paradoxalement, de l’énumération (non exhaustive) des traducteurs, souvent aussi auteurs pour cette collection devenue si importante pour l’accès à des textes étrangers fondamentaux : Jean Lacoste, Marianne Dautrey, Christophe David, Éliane Kaufholz, Marc Richir, Sabine Cornille, Gérard Raulet, Éliane Escoubas, Denis Authier, Julia Christ, Jacques Taminiaux, Rachel Ertel, Rainer Rochlitz, Philippe Ivernel, Guy Petitdemange, Jean-Louis Vieillard-Baron, Marc Jimenez, Alexandra Richter, Jean-René Ladmiral, Yves Hersant, Marc de Launay, Alexander Neumann, Michel-Pierre Edmond, Jacques-Olivier Bégot. Une autre entrée, puisqu’il revient désormais à Michèle Cohen-Halimi de poursuivre la collection publiée depuis octobre 2016 aux éditions Klincksieck, serait de souligner la place de ces pensées politiques radicales rigoureusement associées à l’idée de résistance, ainsi Françoise Proust, Nicole Loraux, Simone Debout-Oleszkiewicz, Sophie Wahnich ou encore Antonia Birnbaum.
Publié avec les premiers volumes, le Manifeste de la collection « Critique de la politique » reste cependant la pierre de touche pour en esquisser l’ampleur, en montrer l’extrême cohérence comme la haute tenue. Miguel Abensour y défend notamment « le choix d’un point de vue : écrire sur le politique du côté des dominés, de ceux d’en bas pour qui l’état d’exception est la règle ». Il insiste sur la nécessité de s’interroger « sur les points aveugles de la pensée occidentale du politique, sur les relations de la philosophie et du politique » afin de tenter de « cerner les racines théoriques de la domination ». Il accorde enfin une grande attention à « une reconstitution des critiques pratiques de la politique, à savoir, des mouvements sociaux qui, lors des différentes insurrections et révolutions de l’histoire, fidèles à la résolution ni Dieu ni Maître, ont attaqué en acte la structure même de la domination et, plutôt que d’installer un nouveau pouvoir coercitif, ont tenté d’abolir la division entre maîtres et esclaves ». Que cette pluralité des voix comme des expériences, toutes orientées vers l’émancipation, s’accompagne toujours de la mise en lumière et de l’approfondissement de « l’opposition entre le politique et l’étatique », voilà qui configure l’espace commun d’une collection où, au-delà de sensibilités, de formes d’écriture, de singularités bien distinctes, chacun tente, à sa manière, de « réinvestir la révolte, l’invention collective, sous le triple signe de la revendication radicale, de l’utopie, de la protestation des marges ».
Dans un Manifeste plus court associé au changement récent d’éditeur pour la collection, Miguel Abensour donne en outre pour objet à celle-ci de « développer une philosophie politique critique » dont le troisième moment, inédit dans sa formulation, est celui d’un « mouvement critico-utopique », revendication assumée du choix de l’utopie tant il est vrai que « céder sur l’utopie, c’est accepter l’ordre établi ». Or, ces derniers termes sont caractéristiques de l’œuvre de Miguel Abensour, une œuvre développée et publiée en toute humilité à l’écart de sa prestigieuse collection, mais où s’affirment cependant, avec une même évidence, son incroyable sagacité de lecteur, sa capacité d’accoucher aussi bien que d’éclairer les textes pour les offrir in fine, voire in extremis, à l’émancipation, véritable fil rouge de son parcours de penseur.
Passionné par les revues et leur vie collective, Miguel Abensour fut surtout l’auteur de nombreux articles qu’il avait commencé à rassembler sous la série intitulée Utopiques et dont pas moins de six volumes seront à terme publiés par les éditions Sens&Tonka. Il faudrait d’ailleurs dire ici un mot de sa fidélité comme de son amitié pour les vrais éditeurs que furent à ses côtés et le soutenant Jean-Luc Pidoux-Payot, Benoîte Mourot, Lidia Breda, Hubert Tonka et Jeanne-Marie Sens, Louis Janover, Éric Vigne ou encore Caroline Noirot. C’est avec eux aussi, et d’autres encore, en un travail scientifique souvent collectif, qu’il publia des ouvrages d’Auguste Blanqui, de Pierre Leroux, de Schopenhauer, les Quelques réflexions sur la philosophie de l’hitlérisme d’Emmanuel Levinas ou, avec Anne Kupiec, les Œuvres complètes de Saint-Just. Moins nombreux, ses livres, plusieurs fois réédités, sont devenus des références, traduits dans les deux hémisphères : La démocratie contre l’État : Marx et le moment machiavélien (PUF, 1997), L’utopie de Thomas More à Walter Benjamin (Sens&Tonka, 2000), Hannah Arendt contre la philosophie politique ? (Sens&Tonka, 2006), Emmanuel Levinas, l’intrigue de l’humain (Hermann, 2012, avec Danièle Cohen-Levinas) ou son grand entretien avec Michel Enaudeau, véritable manuel de résistance aux temps présents intitulé La communauté politique des « tous uns » (Les Belles Lettres, 2014).
La communauté politique des « tous uns » : comment, tant elle permet sans doute l’esquisse la moins infidèle de la pensée de Miguel Abensour, ne pas s’arrêter sur cette expression des « tous uns » empruntée à La Boétie ? Pour la comprendre, un double détour s’impose. Le premier, sous l’égide de Castoriadis, Lyotard et Lefort, soit l’influence de Socialisme ou Barbarie, cette revue qui « dans une position à part, s’était employée à révéler le “grand mensonge” du XXe siècle, celui de pays qui se proclamaient socialistes et qui n’avaient de socialiste que le nom, qui au nom de la dictature du prolétariat exerçaient une dictature sur le prolétariat » (révélation confortée par le Marx critique du marxisme de Maximilien Rubel, figure si importante, avec Louis Janover, dans le parcours de Miguel Abensour). Le second détour, par l’œuvre de Pierre Clastres – « d’abord le nom d’une émotion, une émotion intellectuelle à la lecture émerveillée de l’article “Copernic et les sauvages” publié dans la revue Critique en 1969 » –, où était magistralement montré qu’il peut « y avoir politique, une forme de communauté politique, sans qu’il y ait nécessairement État ».
Voilà l’opposition complexe posée entre le « tous Un » et les « tous uns », soit, pour reprendre les mots de Miguel Abensour, entre « un univers de domination, hiérarchique, partagé entre la base et le sommet, entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent, bref un ordre » et « une totalité ouverte, originale en ce que la totalisation parvient à y faire lien tout en respectant la singularité de chacun au point de donner naissance à une totalité plurielle où fleurit, grâce à l’entre-connaissance, le lien de l’amitié ». Conscient de ce conflit, de cette complication structurante de la vie en société et qui n’est pas sans toujours faire énigme – pourquoi la majorité des dominés ne se révolte-t-elle pas ? pourquoi y a-t-il servitude volontaire plutôt qu’amitié ? –, Miguel Abensour en étudiera les mécanismes dans l’espace de la démocratie contemporaine, posant à cette occasion la question de ce qu’est la démocratie « en sa vérité » et amorçant pour réponse, ce dont tous ses textes porteront alors les fruits : « La démocratie est anti-étatique ou elle n’est pas. »
Double détour, donc, réactivation d’une question oubliée sinon occultée au profit d’une compréhension décalée du présent, déploiement d’une voie oblique portée par une énigme que parsèment autant d’interrogations inédites le plus souvent laissées ouvertes, telle est aussi, en regard, à la jonction du désir de savoir et du désir de liberté, la méthode critique du lecteur Miguel Abensour, lui pour qui le livre, « à l’écart de tout projet de maîtrise », relève aussi de l’utopie, de la sommation utopique.
Frappe dans cette méthode, au premier abord, cette manière singulière de poser des séries de questions qui, sans hâte, viennent assaillir le lecteur, l’ouvrir immédiatement au doute quand elles ne le confrontent pas à la réalité même de ses lectures, à leur effectivité. C’est ainsi que par les détours multiples qu’il leur imprime, par leur confrontation à des interrogations trop souvent passées sous silence – mais le libertaire n’est-il pas, pour faire entendre la voix intempestive de la liberté, « celui qui ose parler quand tout le monde se tait » ? –, les textes scrutés par Miguel Abensour prennent du relief, les ennemis n’y sont pas de papier, ils se dressent haut de leur menace réelle comme d’un même geste, l’horizon de l’émancipation ne reste nullement hypothétique, l’exacerbation de nos désirs, le réveil de nos potentialités le construisant au contraire, au fil de la lecture, à portée de nos mains.
D’où l’importance fondamentale accordée, également dans la collection « Critique de la politique », à la reconstitution de ces pratiques critiques de l’écart où la « chair du social » se mêle à l’écriture continuée d’une « histoire souterraine de l’opposition à la grande Révolution d’État européenne ». Certes, le cortège des grands auteurs (désormais) qui peuplent cette collection n’est pas sans impressionner (Adorno, Horkheimer, Ernst Bloch, Walter Benjamin, Hegel, Fichte, Schelling, Simmel, Habermas, Agamben, Oskar Negt…), mais ce sont d’abord des constellations d’éclats, des livres météorites qui animent et façonnent cette histoire souterraine qu’il importait tant à Miguel Abensour d’identifier, de recueillir et de sauver. Et cela, considérant Enfantin, Déjacque, Cœurderoy, Blanqui, Leroux ou William Morris avec la même rigueur et le même respect que Levinas, Lefort, E. P. Thompson, Machiavel, Marx ou encore Stendhal, il le faisait très précisément et très scrupuleusement dans ses textes et ses réflexions.
Les détours inhérents à cette singulière écriture oblique révélée et mise en œuvre par Miguel Abensour, à quoi servent-ils en outre, sinon à délimiter une aire, un espace, mouvante circonférence, théâtre d’une « scène agonistique sur laquelle s’affrontent deux logiques antagonistes, celle de l’autonomisation de l’État en tant que forme, et celle de la vie du peuple en tant qu’action, agir politique de concert »? C’est là, « dans l’entrechoc entre le désir de liberté et le désir de domination », dans cet entre-deux, cet espace contre, que Miguel Abensour introduit l’idée libertaire de démocratie insurgeante, soit la préservation de la démocratie en tant que révolution plurielle inachevable, « scène d’une revendication continuée, indéfinie », n’ayant de cesse de « réveiller en elle les virtualités émancipatrices qui l’habitent », impulsion antiétatique toujours reconduite pour empêcher toute domestication ou toute normalisation de ce qui doit rester discordance entretenue, réserve inépuisable d’indétermination. À la suite de la démocratie sauvage de Claude Lefort, la démocratie insurgeante, ce « théâtre d’une insurrection permanente contre l’État » et sa forme unificatrice, dit clairement la brèche à toujours ménager pour que « l’agir libre du peuple » se libère de l’emprise étatique, cette brèche grâce à laquelle le réel se voit ainsi troué par un « désordre nouveau », par de l’hétérogène, voies ouvertes aux points de passage d’où peuvent alors advenir des relations humaines inédites et imprévisibles, forces de résistance puisées dans l’impensé dont elles jaillissent brusquement, lueurs intempestives d’un esprit de l’utopie soudain disséminé à l’orée de toute nuit.
Car il ne suffit pas d’associer au désir de savoir le désir de liberté, encore faut-il, pour que ne cesse de vivre en son tumulte la démocratie, que le désir de liberté s’ouvre au désir d’utopie. Ici, et sans doute est-ce là son génie particulier, Miguel Abensour multiplie et entrelace les scènes, rend la démocratie aussi poreuse que les roches du Vésuve dont Naples est le reflet, non pour la fragiliser, mais pour l’innerver tant et plus de ses dehors étrangers, pour l’ouvrir toujours plus à la circulation de l’autre, au frayage de l’inattendu. Critique d’elle-même par défiance des mythes qui la menacent, l’utopie agit alors, pluralité de traditions dissonantes, comme réveil pour ces impulsions ou ces « significations endormies » qui travaillent en permanence la politique, césure ou faille maintenue toujours béante, fidèle « enfant de l’écart absolu » par laquelle l’espace de la communauté reste ouvert aux possibles, aux possibles indomptés. Ce que Miguel Abensour dénomme les « lignes de fuite » ou les « percées utopiques », sa thèse, en partie dirigée par Gilles Deleuze et consacrée aux formes de l’utopie socialiste-communiste, en laisse déjà percevoir la radicale dissémination, tant les formes non violentes de l’utopie qu’il examine « peuvent être pensées comme une véritable stratégie anti-jacobine, projetant une prolifération irrésistible de cellules exemplaires telles qu’elles exercent sur l’extérieur une attraction passionnée et qu’elles créent ‟dans le dos” de la société bourgeoise un nouveau tissu social. Contagion de micro-sociétés qui attaque la société globale par une pratique globale de la désertion. Une stratégie non plus frontale mais latérale ».
Stratégie latérale, voie oblique, protestation des marges, mais à quelle fin ou pour quel jeu ? La communauté politique des « tous uns » l’indique en sa conclusion placée sous le signe de l’utopie de Charles Fourier : il ne s’agit rien moins que de parvenir, « définition possible de l’émancipation moderne », à la substitution de l’Association à la domination, autrement dit de toujours maintenir liés désir de liberté et désir d’utopie, y compris par des « lignes de conflit » où s’exprime la diversité des passions tel un barrage inépuisable à toute réduction à l’homogène. Miguel Abensour l’exprime nettement : « À moins d’appauvrir le désir du peuple et d’étioler le mouvement vers l’émancipation, on ne saurait dissocier le désir de liberté du désir d’utopie », l’utopie apparaissant même, dès ses premiers écrits, comme « le lieu où se nouent l’insurrection du désir et l’insurrection des masses », lieu d’accueil, d’hospitalité, de tumultes en cascade.
Une caldeira, avons-nous écrit, une scène continûment traversée ou continûment travaillée de désirs conjugués ou contradictoires, associés ou disjoints, harmonieux ou dissonants, mais œuvrant tous, en leurs singularités passionnelles, au présent de l’émancipation, c’est-à-dire à sa liquéfaction entendue au sens propre, sa non-pétrification, son devenir lave maintenu offert à toutes les porosités, propice à toutes les éruptions. Quelque chose comme une danse ? Peut-être en vérité.
Père-Lachaise à Paris, Musée de la danse à Rennes, le même jour, un même esprit, une même voix, celle de Miguel Abensour venu un an plus tôt assister à Fous de danse, grande parade populaire de la liberté de mouvement. Qu’en disait-il ? Que « la communauté dansante est une communauté à plusieurs » et qu’il y a « un rapport entre danse et désir d’utopie », comme si « la danse et l’utopie se nourrissaient des mêmes affects ».
Chahuts, carnavals, vacarmes, rondes ou sarabandes, la caldeira Abensour n’est pas près de s’éteindre, le rouge est mis, la démocratie vraie se danse sur un volcan.