La Sorbonne Nouvelle honore en la personne de Stéphane Michaud, grand spécialiste de littérature comparée, un homme aux talents multiples, un de ceux qui édifient des ponts entre les cultures et font vivre l’idée européenne : la réception en France d’importantes figures féminines, Flora Tristan ou Lou Andreas Salomé, doivent beaucoup à son intelligence.
Cartographie d’une amitié. Pour Stéphane Michaud. Coordination Philippe Daros. Presses Sorbonne Nouvelle, 328 p., 25,50 €
Mais, au-delà de l’Europe, de « l’Europe monde », la curiosité de Stéphane Michaud l’a porté à découvrir des horizons plus lointains, et notamment l’Amérique latine avec Mario Vargas Llosa. Toutes les formes de création l’intéressent, y compris la peinture (on trouve dans le livre des reproductions de Paul Kallos et de Raymonde Godin), mais c’est semble-t-il la poésie qui reste l’enfant chéri de cet écrivain et traducteur infatigable, véritable passeur de toutes les frontières. Je suis pour ma part particulièrement sensible à ce que Stéphane Michaud a accompli en faveur de l’œuvre de Wulf Kirsten, un poète majeur de langue allemande dont le travail mérite d’être largement connu, et que j’ai découvert grâce à lui voilà quelques années. C’est donc un plaisir de retrouver au cœur de l’ouvrage sept de ses poèmes inédits en français, traduits et présentés par Stéphane Michaud lui-même.
Le livre, comme son titre l’indique, n’est pas un hommage ordinaire : les diverses contributions, volontairement disparates par leur forme, en fonction des intérêts et des spécialités des intervenants, suivent en effet les méandres de cette « cartographie » qui se dessine au fil des pages, chacun des auteurs livrant selon son propre gré le meilleur de lui-même, en témoignage de son amitié pour Stéphane Michaud. Après une « ouverture » dans laquelle François Vitrani et Philippe Daros introduisent rapidement le projet, Stéphane Michaud inaugure le premier parcours, Chemins poétiques, par un texte au titre des plus explicites : « Dans la complicité des poètes et des artistes : quelques jalons d’un parcours ». Il reviendra à la fin du livre pour de très belles pages consacrées à Yves Bonnefoy, après que le lecteur aura arpenté en compagnie de nombreux autres contributeurs la suite des Chemin poétiques et les Chemins critiques.