Refuges de la poésie
Poète et éditeur, Thierry Renard, né en 1963, dirige avec Jamel Morghadi l’association Pandora, qui a pour mission de promouvoir dans la région lyonnaise l’écrit sous toutes ses formes, notamment pour les publics éloignés de la production culturelle.
Dans le contexte actuel, les arts et la culture doivent sans cesse s’adapter, voire se réinventer. Paradoxalement, cette délicate situation véhicule tout de même quelques bonnes nouvelles ou précieuses informations.
En effet, la crise actuelle est inédite. Mondiale. Incroyable ! Mais la pandémie a au moins un mérite, elle semble ralentir le temps, nous pousser à la réflexion, nous « forcer » à regarder autrement les choses. Les contraintes peuvent être fécondes, comme le prétendent nos amis de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle). La pandémie nous invite, sans doute, à une prise de conscience collective, surtout face à la réalité, toujours plus sombre, de notre planète malade. Mais ne désespérons pas… La République et ses poètes ne sont pas encore morts. Loin de là.
« Agitateur poétique ». Cela fait plus de trente-cinq ans maintenant que l’espace Pandora agite tous les couvercles pour faire circuler la parole poétique. Et il nous a fallu, souvent, nous renouveler, car nous fréquentons des territoires le plus souvent incertains, et quelquefois inexplorés. Nous sommes à la fois fragiles et forts.
Nous sommes, cependant, dans les délais que nous nous étions fixés quant à l’édition du magnifique Printemps de mars 2021. Et c’est heureux, surtout en cette période compliquée, dans un contexte où les incertitudes sont capricieuses et demeurent hélas, chaque jour qui passe, d’une brûlante actualité.
Le programme, riche et varié, est maintenant bouclé. Mais, puisque nous n’avons pas retrouvé notre entière liberté, il nous a bien fallu, encore, fournir de nombreux efforts d’adaptation. Nous comptons, coûte que coûte, conserver les places que l’espace francophone et la parole poétique occupent à Lyon, à Vénissieux, et dans notre région.
Une redéfinition de la manifestation dans ses grandes lignes a été nécessaire, s’est tout naturellement imposée. Nous avons su, je crois, faire preuve d’initiative, en réinventant le futur immédiat, à travers une version hybride de la manifestation lyonnaise, version mêlant différentes formes (numérique, audio, graphique dans l’espace public, cinématographique). Nous gardons, bien sûr, le moral et l’espoir chevillés au cœur tout en gardant aussi, en réserve, la version initiale, prévue de longue date. Ne laissons surtout rien se perdre. Ni souffle libérateur. Ni rythme émancipateur. N’abandonnons aucun de nos inestimables projets.
Nous poursuivons sans aucun doute une chimère, mais nous savons bien qu’elle est porteuse de toutes les promesses. Nous tenons, coûte que coûte, à réaffirmer « l’inscription de la poésie dans la ville ».