Le photographe Claude Belime est directeur artistique et fondateur de Lumière d’Encre et du festival FotoLimo. Il partage ici son regard sur le paysage, cet espace articulé par le sensible, que nous habitons et qui nous habite, d’où l’on vient et où l’on retourne, dans lequel nous projetons notre imaginaire et qui nous nourrit.
La photographie s’est construite entre deux valeurs extrêmes, le noir et le blanc. Dans cette dualité, le blanc me semble la couleur du temps qui passe, de l’effacement, du lent processus qui rend le monde incertain, impénétrable. Peu à peu, la mémoire se brume, on n’est plus vraiment sûr, l’image disparaît. Un monde s’éloigne, la vie s’écoule et se révèle l’incertitude des choses. C’est un lent processus, un cheminement. On se déplace ainsi à la fois dans l’espace et dans la pensée. Les images procèdent d’un effacement qui relève autant de la vie que du processus physico-chimique de la photographie. Étrangement, j’envisage ce travail comme celui d’un coloriste minimaliste, une exploration de la profondeur, de l’indistinct, une sorte de révélation qu’on ne réalise jamais vraiment. Ces images montrent les choses d’une manière particulière, dans leur empêchement, dans le mouvement même de leur effacement. Un geste moins paradoxal qu’il n’y paraît et qui oblige à un regard empêché, à trouver un autre regard en somme.