Stéphane Spach glane des objets et des espaces, les collecte, les transforme. Il croise la photographie avec d’autres disciplines – de l’architecture ou du design à l’épistémologie – pour imaginer un geste photographique original. Son travail photographique, poétique, mis en scène, se joue des séries et de la répétition des objets qu’il saisit, qu’il révèle plutôt, dans toute leur matérialité nue, crée un univers onirique, mystérieux, presque inquiétant.
Stéphane Spach glane et collecte. Il soustrait le décor, fixe, et répète. Si la répétition fait voir la nécessité de la soustraction, elle a cependant pour autre vocation de ne pas confondre la singularité de l’objet avec l’idéalité de sa forme. Ces gestes relèvent d’une poétique du taxon. Paradoxalement, ce n’est jamais le même qui se répète. Plutôt, l’insistance de la variation.
Stéphane Spach soustrait le décor ou alors n’en plante un que pour mieux révéler les contours et la matérialité nue de l’objet. Il s’agit presque toujours de délier l’objet, de le dégager de ses liens, afin de (le) faire voir autrement (de faire sentir, toucher autrement, car ces objets ainsi saisis sont pleins d’entailles, de plis et d’éraflures). Alors, la familiarité – ou l’absence – des relations qu’avec lui nous entretenions se met subrepticement à vaciller.
Unheimlichkeit : le familier inquiète, et c’est par là qu’il suscite, qu’il impose presque l’attention. L’attention particulière qu’il déploie lorsqu’il saisit (capture) des paysages n’est qu’un autre versant de ce travail qui s’attache à produire le cadre d’une célébration de l’ordinaire. Une banalité – des lieux, des éléments qui les composent – qui se situe au seuil de nos regards familiers, de leur absence ou de leur effacement. Alexis Zimmer