Inventeurs de jardins

Dans la fable du « philosophe scythe », La Fontaine dit que son bonheur « consistait aux beautés d’un jardin ». Après lecture de Fleurs, de Marco Martella, on pourra ajouter qu’il consiste aussi à connaître le jardinier, ou ceux qui, sous une forme ou une autre, sont amoureux du végétal.


Marco Martella, Fleurs. Actes Sud, 195 p., 19 €


Marco Martella, écrivain-jardinier, membre du conseil scientifique de l’Institut européen des jardins et paysages, est aussi directeur de la revue Jardins, publication qui lui a permis de rencontrer certaines des personnes dont parle son délicieux livre. Chacune de ses huit sections, qui porte le nom d’une fleur, offre l’évocation d’inventeurs de jardins célèbres ou non, d’artistes et penseurs (William Morris), de poètes (Emily Dickinson), d’écrivains fantômes ou amateurs de fantômes (Teodor Cerić, Enrique Vila-Matas), d’une amoureuse des forêts, et pour finir du lopin de terre sicilien où sa mère jouait enfant mais qu’il n’a lui-même jamais vu.

Fleurs, de Marco Martella : inventeurs de jardins

Fleurs séduit par ses portraits de passionnés – plus ou moins excentriques – de la nature, et par sa fine interrogation du rapport entre celle-ci et le travail sur le paysage. Il ouvre ce faisant une discussion sur la beauté, mais aussi sur la mémoire, le temps et la mort, grands thèmes ici revisités au détour d’un parterre d’hortensias, par le biais du rachitisme d’un citronnier exilé dans la Brie, ou par la voix du vieux propriétaire du parc de Ringkøbing, opposé à toute règle horticole, qui laissa pendant des décennies la végétation croître à son gré dans son immense domaine. Fleurs est jardiné de main de fée.

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