Après Johanne en 2022, Marc Graciano publie Shamane, un roman à la fois d’une grande quiétude, fort d’un rapport harmonieux avec la nature, et profondément déstabilisant puisque sa fin, envoyant valser les repères du lecteur, l’invite à se poser mille questions. À l’image d’une œuvre parmi les plus singulières de la littérature contemporaine. Une œuvre ouverte, en projet, capable de passer dans le même livre de l’intensité de la contemplation à la tension du roman noir. Une œuvre en mouvement, presque toujours sur la route, médiévale ou contemporaine, en équilibre miraculeux entre grâce et radicalité.
Marc Graciano, Shamane. Le Tripode, 192 p., 20 €
Shamane comprend seize chapitres qui sont autant de scènes de l’existence d’une jeune femme. Elle vit dans un fourgon aménagé qu’elle déplace dans des zones naturelles de moyenne montagne. On retrouve dans ce livre votre attention aux gestes quotidiens, ceux de la cueillette, de la pêche, de la préparation de la nourriture. Cette façon de les détailler à l’extrême, d’en rendre toute la durée, d’en faire un récit en soi, est-ce une manière de montrer qu’ils sont précieux ?
Le geste devient précieux parce qu’on y prête attention. Dans ma vie quotidienne, je ne suis pas très attentif aux gestes. C’est vraiment par l’écriture que je prends conscience d’une densité, d’une importance, d’une beauté que je n’avais pas soupçonnées. Certains m’ont dit qu’en me lisant ils avaient l’impression de devenir plus attentifs au monde matériel et aux sensations. Peut-être qu’en détaillant les gestes, je permets au lecteur d’améliorer sa conscience d’être au monde et sa conscience du monde. Cela ferait de Shamane un livre sensationnel, au sens premier du terme ! Mais je crois que l’attention que, dans mon écriture, je porte aux gestes, leur description très détaillée, est avant tout une façon de rendre réel mon imaginaire, de rendre comme extérieure à moi une image intérieure.
Avec des scènes sans enjeu apparent, très prosaïques, comme la séance de tai-chi ou la préparation du ragoût, peut-être que je suis à la limite, que j’expérimente jusqu’au point de rupture et que je le dépasse pour certains lecteurs ou certaines lectrices. Mais mon idée est que, si on y porte suffisamment d’attention, le mouvement devient poétique. Et je me demande si cette expérience d’écriture ne me permet pas ensuite de faire les gestes les plus simples de la vie quotidienne avec un sentiment de poésie, de plénitude. Une joie à exister.
Votre imaginaire porte sur ces gestes de la vie quotidienne ?
Oui, mais également sur des éléments symboliques. C’est très marqué dans mes livres situés dans un Moyen Âge rêvé, où l’on trouve toujours une dimension mythique, mythologique. Le vieil homme et l’enfant remontant la rivière de Liberté dans la montagne, on voit tout de suite ce que ça peut avoir de symbolique. Dans mes romans plus récents, ces éléments, bien que peut-être moins visibles, sont également présents. Dans Shamane, l’héroïne parcourt la montagne, la forêt, elle se baigne dans des rivières, attrape des truites… on pourrait y voir de l’imagination matérielle selon ce qu’écrit Bachelard dans son Lautréamont : une rêverie portant sur de la matière très chargée symboliquement, des éléments cosmiques : l’eau, la terre, le feu.
Ce que je nomme la réalisation de l’imaginaire est différent. L’histoire de Pinocchio me paraît l’illustrer : Gepetto crée d’abord physiquement, plastiquement, une marionnette, puis elle devient vivante. Depuis que je suis enfant, plus qu’à Pinocchio je m’identifie à Gepetto. Ce qui lui arrive m’émeut, je trouve merveilleux qu’une image interne devienne un objet vivant. Mes descriptions du personnage de Shamane, geste par geste, sont peut-être aussi une façon de l’animer comme un marionnettiste. J’ai ce plaisir de créer une marionnette ; pas de la contrôler complètement car pour moi les personnages, non seulement échappent à leur auteur, mais existent en eux-mêmes, deviennent vivants et autonomes. Quand j’ai l’impression que le personnage se met à bouger sous mes yeux, lorsque je le vois comme un objet extérieur, ma joie à écrire est la plus forte, et j’ai le sentiment que ce que je fais a alors le plus de valeur, de qualité littéraire.
L’héroïne de Shamane a un pendentif en forme de plume, comme la fille d’Une forêt profonde et bleue a des plumes attachées aux cheveux. La légèreté, celle des oiseaux qu’elle observe et écoute pendant des heures, est-elle une notion importante pour vous ?
Je préfère l’idée de souplesse. Je suis davantage en recherche de gravité que de légèreté. Pour moi, gravité, souplesse et centration s’opposent à sérieux, légèreté et superficie. Le personnage de Shamane a une parenté avec les héroïnes d’Au pays de la fille électrique et d’Une forêt profonde et bleue : les longs cheveux, les tresses, la souplesse, la danse, la grâce, le côté farouche… Je suis attiré par cette idée qu’on peut écrire trois fois la même chose avec des variations. Je crois que Shamane clôture d’ailleurs cette séquence aux personnages un peu obsessionnels, qui se rapprochent d’un idéal féminin, mais peut-être aussi d’un moi idéal, d’un double féminin, d’un alter ego. Cet idéal est en réalité assez commun : la fille mince, gracieuse et souple… On pourrait se demander pourquoi je les abîme à chaque fois… Peut-être est-ce une façon d’abîmer un idéal. Le personnage du Grand Poème, lui, est de sexe masculin, on pourrait dire que c’est véritablement moi.
Vous vivez une partie de l’année dans un fourgon aménagé comme le personnage de Shamane…
Oui, beaucoup de sensations dans ce livre sont issues de ma vie. Les gens qui me connaissent ont été troublés par la lecture parce qu’ils me voyaient. Mais le livre n’est pas un carnet de voyage. Si j’ai pu faire les mêmes rencontres que dans Shamane, elles ne se sont pas déroulées de la manière dont je les ai ensuite déployées dans mon imaginaire.
Chacun des chapitres de Shamane n’est constitué que d’une seule phrase, vous utilisez beaucoup les enchaînements de « et » ou de « puis », ce qui crée une cadence très particulière, qui peut rappeler le rythme des romans médiévaux (décrire sans expliquer, faire se succéder les scènes sans éprouver le besoin de justifier leur enchaînement…). La littérature médiévale est-elle une inspiration pour vous ?
Pas vraiment, car j’en ai peu lu avant d’être publié. Ou alors, même dans mes livres qui se passent au Moyen Âge, ce serait sans le savoir. À l’école, on nous confrontait à des extraits de la Chanson de Roland, pas forcément dans le texte original, mais c’était une histoire qui m’émouvait énormément. Je m’identifiais à Roland, je me demandais ce que j’aurais fait dans sa situation… Peut-être que je porte en moi, non seulement le souvenir des scènes, mais aussi le phrasé, dans ce qui en transparaissait à travers le français moderne qu’on nous présentait.
Comme dans vos autres livres, les motivations psychologiques sont absentes de Shamane. Ce n’est pas ce qui vous intéresse ?
La psychologie dans la littérature ne m’intéresse pas. La littérature contemporaine est extrêmement discursive, sentencieuse. Les auteurs, par eux-mêmes, mais aussi à travers leurs personnages, n’arrêtent pas de dire ce qu’ils pensent du monde, et même de le qualifier. Je recherche l’inverse. Je serais presque objectiviste, au sens des objectivistes américains : je ne qualifie pas l’objet, je ne dis pas ce qu’il faut ressentir, je cherche à décrire l’objet de façon qu’il produise un effet sur le lecteur, qu’il crée une émotion. Même dans mon métier d’infirmier psychiatrique, j’évite la psychologie.
En revanche, j’ai la prétention de manier des éléments de psychologie profonde, des mouvements psychiques archaïques que tout humain connaît au cours de son développement. Je suis persuadé, en particulier, que la scène finale de Shamane est porteuse de ces éléments, pas aussi morbides ou macabres qu’on pourrait le penser, et qui touchent vraiment à la façon dont un psychisme se construit.
Vos textes situés à notre époque (Au pays de la fille électrique, Shamane) sont ceux où il y a le moins de rencontres, où les protagonistes sont le plus seules. Le monde moderne vous paraît privé de cohérence, discontinu ?
Dans Au pays de la fille électrique, il y avait plusieurs rencontres, mais je n’ai peut-être pas toujours su éviter certains stéréotypes, des gendarmes plutôt sympathiques… Au Moyen Âge, un aspect archétypique s’impose tout de suite, alors que dans le contemporain le risque est que l’archétype devienne cliché. Après Au pays de la fille électrique, je m’étais dit que, si je revenais à l’époque contemporaine, j’épurerais pour que ce soit plus intemporel. La vraie solitude que vit l’héroïne de Shamane est finalement assez rare aujourd’hui. Cependant, elle n’est pas seule en vérité, car elle est très attentive à ce qui l’entoure et elle laisse une grande place à son imaginaire. J’ai cru mettre beaucoup d’ambiguïté dans Shamane, mais j’ai l’impression que les lecteurs ne la perçoivent pas, notamment dans les deux rencontres, avec la randonneuse et avec le passager. Quand je les ai écrites, elles ne me paraissaient pas si réelles que cela.
Lors de ces deux rencontres, la narration se trouble, devient incertaine : le lecteur ne sait pas si elles se passent dans la tête de l’héroïne ou pas…
Je les ai alors peut-être un peu plus réussies que je ne l’imaginais. On peut voir l’héroïne comme quelqu’un qui comble sa solitude par son imaginaire. Ou on peut imaginer qu’elle est vraiment shamane, et qu’elle rencontre des esprits qu’elle a convoqués sans même le savoir. Ou qu’elle hallucine. Ou qu’elle fait de vraies rencontres. Je ne saurais pas trancher entre toutes ces interprétations. Le texte n’en privilégie aucune vraiment.
La façon dont est reçue la fin de Shamane vous surprend ?
Oui. À peu près tous les retours que j’ai eus l’interprètent de la même manière : comme le meurtre d’un tueur fou. Pour cette scène, j’avais en tête une lecture ancienne, de Mircea Eliade, je crois, sur le shamanisme sibérien, où il décrit une épreuve initiatique lors de laquelle l’apprentie shamane entre en catalepsie. Elle est alors supposée voyager sous terre jusqu’à des esprits chthoniens qui la coupent en morceaux. La personne le vit vraiment. Ensuite, elle se dédouble et elle a charge de ramasser ses morceaux et de les recoller, de se remembrer. Enfin elle réintègre son corps physique. Ça y est, elle est shamane !
J’avais trouvé que ça ressemblait beaucoup à ce que j’avais lu de la psychanalyste Melanie Klein, qui faisait l’hypothèse que le nourrisson vit de grandes angoisses archaïques, par exemple de viol, mais aussi de morcellement. Ces angoisses d’éclatement sous-entendent que l’individu ne naît pas unifié, qu’il est encore en construction. Aidé par son environnement, mais peut-être aussi par lui-même, par son tropisme, il s’unifie. C’est ce que j’appelle de la psychologie profonde. La scène que j’ai écrite correspond à ce que décrit Eliade avec une inversion : un esprit recoud l’héroïne. Et ce pourrait être la scène fondatrice : à partir de ce moment, elle est devenue shamane et elle voyage comme shamane.
J’admets qu’il y a de l’ambiguïté dans la façon dont j’amène cela, avec cette ambiance de thriller. Pourtant, je pensais que le lecteur pouvait en percevoir l’aspect spirituel : ce n’est pas gore, il n’y a pas de sang. Le personnage du passager « fumige » les morceaux du corps, comme en un rite sacré. La fumigation correspond à certaines pratiques shamaniques, en particulier chez les Sioux. Mais on peut aussi se dire, c’est vrai, que le passager est complètement fou. Une lectrice l’a vu comme un assassin mais un chasseur, ce qui pour elle ramenait le récit vers le conte.
Dans Shamane, ce personnage du passager, chauve, totalement imberbe, énigmatique, inquiétant, est-il un écho du juge de Méridien de sang de Cormac McCarthy ?
Ce serait alors une influence inconsciente mais directe, parce que j’ai lu Méridien de sang. En créant mon personnage, je pensais surtout à Iggy Pop : souple, maigre, sec, reptilien… Ce n’est pas pour rien qu’on l’a surnommé l’Iguane ! J’ai appelé le chapitre « Le passager » en référence à la chanson d’Iggy Pop, « The passenger ». Il y a aussi des influences de Marlon Brando dans L’homme à la peau de serpent et de Sailor et Lula de David Lynch, avec la veste en serpent de Sailor… Selon le yoga kundalini, on aurait un serpent le long de la colonne. Dans Shamane, mon héroïne est réaliste et moderne : elle fait un mélange tout à fait personnel et un peu dévoyé de pratiques de développement – yoga, tai-chi, kundalini, shamanisme, méditation zen – et elle picole ! Elle part un peu dans tous les sens.
Je me suis intéressé au shamanisme à partir de la littérature, d’abord avec les livres de Carlos Castaneda, que j’ai plus considérés comme des romans que comme les récits d’une véritable initiation. L’anthropologue Charles Stépanoff décrit le shamanisme comme une technique de valorisation et de renforcement de l’imaginaire. Il l’oppose à l’appauvrissement du flux mental recherché par le bouddhisme zen. Chez les peuples sibériens, quand un enfant est un peu rêveur, tête en l’air, c’est plutôt encouragé. Stépanoff dit aussi que, dans nos sociétés occidentales, la fonction shamanique liée à l’imaginaire s’est spécialisée pour se cantonner à une caste : les artistes ont le droit de bayer aux corneilles, mais pas les autres !
Vous avez publié aux éditions du Cadran Ligné deux livres courts, Le soufi et Le charivari. Ils font partie d’un projet que vous appelez Le Grand Poème…
J’ai commencé ce projet il y a déjà quelques années. Le sacret, publié chez Corti, en fait aussi partie. Je veux décrire la vie d’un homme de l’enfance à la mort. Après être devenu ermite, il souhaite fonder une maison-Dieu mais il se rend compte, par les expériences qu’il vit et par des rencontres, que la maison de Dieu existe déjà : c’est le monde qui l’entoure. Je suis sensible à cette idée que, si Dieu existe, il n’est pas une entité distincte qui aurait décidé de sa création, il est ce qui est, voire ce qui se fait. Llewelyn Powys, le frère de John Cowper Powys, parle de cette notion de matérialisme sacré dans Gloire de la vie et Souvenirs terrestres. Sa langue est à l’image de ce qu’il dit. Mon titre ne signifie pas que ce sera un grand poème mais que je revendique d’essayer de décrire ce qu’est la création, comme « poésie » en grec signifie « création ». C’est presque encore plus ambitieux !
À ce projet de Grand Poème, il y aurait une fin, mais j’ignore si je l’atteindrai parce que les textes publiés jusqu’à présent sont vraiment fragmentaires. Le charivari montre l’endroit où grandit le personnage ; Le sacret raconte une expérience fondatrice de son enfance ; dans Le soufi, un autre personnage vient le visiter, le gyrovague, qui lui-même fera plus tard le récit de ce qu’il a vécu en Terre sainte. L’année prochaine, paraîtront au Cadran Ligné deux petits récits jumelés dans lesquels on reviendra sur l’enfance du personnage : L’oiseleur et La nacelle, où il travaillera dans une pêcherie. On rejoint peut-être là le roman médiéval, avec des figures : l’oiseleur, le pêcheur…
Les extraits publiés ne suivent pas l’ordre chronologique de l’histoire du personnage : comment les choisissez-vous ?
Je termine un fragment quand j’arrive à développer des images qui me sont venues. Je vais ainsi m’associer à deux artistes. Dans l’exposition de Jan Kopp à la Maison Salvan près de Toulouse, des ronces traversent l’espace du Centre d’Art. Ça m’a intéressé car, dans Le Grand Poème, j’avais en tête qu’au moment où le personnage abandonnerait la construction de sa maison-Dieu, le bâtiment inachevé serait repris par la végétation. Cette collaboration me permet de mettre par écrit une image que j’avais déjà. De même, Antoine Picard a un projet où il photographie régulièrement un jardin, et mon ermite va créer un jardin. J’ai aussi publié dans la revue Muscle de Laura Vazquez un court texte dans lequel une bouvière ramène à l’ermite des objets du village du Charivari.
La dimension spirituelle de vos livres semble détachée de toute religiosité. Dans Johanne, paru en 2022, vous vous emparez avec Jeanne d’Arc d’un personnage lesté d’imaginaire et de symbolique, mais également singulier, marginal. Était-ce un moyen de creuser ce rapport particulier à un sacré qui serait complètement dans le siècle, dans le monde ?
J’avais avec Johanne l’idée de dire que la spiritualité est dans la matière, en particulier dans les éléments de la nature. Le matérialisme pur peut rendre le monde très plat. Cependant, la Jeanne panthéiste, un peu païenne, appartient à ma vision personnelle. Historiquement, Jeanne d’Arc était très religieuse : pour elle, la spiritualité, le sacré, c’était vraiment Dieu qui parle, l’Église, la messe, les sacrements… Même si, pendant le procès, pour la confondre, les juges l’ont interrogée sur sa possible participation à des pratiques païennes : aller accrocher des guirlandes de fleurs à un arbre, près d’une source… Je suis parti de là.
Avez-vous d’autres publications en vue autour de Jeanne d’Arc ?
J’ai envie aujourd’hui de considérer Johanne, Jeanne d’Arc, comme un projet quasiment infini sur lequel je vais pouvoir revenir, que je vais pouvoir enrichir, amender. Sans me limiter à un nombre de livres donné, car poser une clôture me rendrait malheureux. Je prévois plusieurs livres, avec à chaque fois le point de vue d’un personnage différent qui a croisé Jeanne d’Arc. Pour l’instant, je ne la fais pas parler et je ne sais pas si je le ferai car c’est un exercice très compliqué. Même dans les minutes du procès, c’est toujours un notaire qui écrit : « Et Joanna a dit… » Dans le deuxième opus, je donnerai la parole à un ermite de la chapelle de Bermont qui a connu Johanne enfant. Ensuite, il y aura un notaire du procès, puis La Hire. À chaque fois, le style variera, en essayant, dans le cas du notaire, de trouver un langage un peu juridique, mais de l’époque. Car dans Johanne j’ai fait l’effort de n’utiliser quasiment que du moyen français.
La Hire utilisera un langage militaire. Il semblerait qu’il ait existé au XVe siècle un parler spécifique aux soldats, un mélange de langue d’oïl et de langue d’oc, dont on a perdu la trace car il était uniquement oral. Je voudrais réinventer ce langage qu’ils auraient pu parler, ce sera forcément assez charnu, charnel, vulgaire ! Ensuite, je pourrais choisir le point de vue de l’évêque Cauchon, celui de Talbot, de Charles VII… Ça peut m’occuper jusqu’à la fin de mes jours. Que les textes soient publiés ou non, d’ailleurs. La publication renforce l’effet de réalisation, mais je ne vois pas l’écriture comme un travail, ça ne m’est pas pénible. C’est un jeu. J’écris comme un enfant joue. Souvent le matin au réveil, quand j’ai l’esprit clair, nettoyé par la nuit.
Propos recueillis par Sébastien Omont