Soleil (triptyque)

Poète au lyrisme engagé, Christophe Manon nous offre une magnifique ode en trois temps, triptyque amoureux du soleil, de l’amour et d’une mystérieuse absente. Les mots y dansent et y prient avec l’ardeur que voici – écoutez.


Illustration de Anna Knutsson intitulée "en flamme"
« Brännande » / « En flamme » © Anna Knutsson

1

c’était il y a c’est-à-dire maintenant

sous le soleil pile à l’heure pleine

de grâce dans le mitan de notre sort

exact planait je me souviens ni combien

soudain dans l’atmosphère s’embrasent

au contact des tiens et comme alors

vacillent à en pleurer s’étaient brûlent

les ailes d’un insecte affolé l’énigme

de lumière sur ta peau comme au ciel

qu’un rayon de beauté dépose oh chérie

ma chérie ensemble avec ferveur palpite

le lent déchiffrement de nos haleines

parmi les ombres à jamais séparées je

vous salue radieuse tellement ton cœur

frémissent et de désir radieux nous qui

êtes au tout-puissant d’un baiser d’un

petit mordre ta bouche inextinguible

notre pain de ce jour s’abandonnent

cela que nous étions mais nus oh pas

plus que le fruit de nos sauvages soit

sanctifié peut-être délivre-nous entre

toutes les merveilleux d’amour dit-elle

2

c’était aujourd’hui de ce jour descendit

du sang notre ciel quotidien se répande

en nos cœurs visibles et invisibles dans

la splendeur implacable avec la précision

d’un corps l’un contre seul est-ce cela

ce que nous nous sommes-nous embrassés

en plein d’une ardente à genoux ceci

est mon secret très secret oh maintenant

et à l’heure de nos langues pour chanter

la douceur irrémédiable de ta bouche née

de la lumière entrouverte toutefois n’aura

pas de fin dans les siècles aussi à ceux

qui nous ont une ou deux je ne sais ton

regard me consume de ne plus jamais

plus ni rien au fond des solitudes n’était-

ce à désirer semblable à des épiphanies

cruel et miséricordieux malgré d’intimes

électriques à l’intérieur qui tremblent

entre les cicatrices sens-tu dis-tu dans

tes rêves tu te rappelles-tu mes petits

animaux sous la jupe chuchote sans relâche

enlacés dans le creux que tout nous reste-t-il

3

tout a été au commencement maintenant

et toujours en tout temps a été en tout

lieu rêves à la fois advenus n’étaient-ce

souvenirs éveillés réalité spectrale

de gestes dans tes cheveux fleurissent

au plus haut de tes lèvres sois sur l’herbe

pour te voir dans ta voix à ceux qui n’en

ont pas séparé dans tes bras c’est ma

grande ma très grande en silence sur

tes parfaitement mélancolique mais

dis-moi dit-il oh s’il te plaît veux-tu

mon amour combien m’étendre entre

tes vivre ou est-ce un peu je ne pouvais

mais pas du tout n’est oublié néanmoins

désolé de n’avoir pas été dans quelle

mesure tu n’existes oh désolé de la façon

dont désormais respire ensemble cela

au moins aussi est arrivé puisque nous

existons-nous mais cela n’a jamais nulle

part peut-être ou ce fut sous un autre

soleil que reste-t-il dit-elle au long

des jours enseveli et pourtant c’est