En 2023, le poète, illustrateur et traducteur polonais ariel rosé a lancé le projet « Both Sides of the Border Face East » : une initiative artistique internationale axée sur l’Europe centrale et orientale, en particulier l’Ukraine. Alors que c’est au tour de la France de se confronter à la possibilité d’un gouvernement d’extrême droite, il a confié à En attendant Nadeau ce texte inédit, qui montre l’un des visages de la Pologne actuelle, après dix ans de pouvoir autoritaire : le visage de celles et ceux qui aident les migrants à la frontière biélorusse.
Depuis 2021, une crise humanitaire sévit à la frontière polono-biélorusse, alors qu’Alexandre Loukachenko a entrepris de distribuer des visas aux réfugiés et migrants venant d’Irak, d’Afghanistan et d’autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique. Les autorités biélorusses ont organisé leur transfert aux frontières avec la Pologne, la Lituanie et l’Estonie, répondant ainsi aux sanctions imposées par l’Union européenne à la Biélorussie suite à une élection présidentielle truquée en 2020 et à la répression des opposants.
En août 2021, un groupe de migrants originaires d’Afghanistan s’est retrouvé à la frontière polonaise, non loin du village frontalier Usnarz Górny. On ne les a pas autorisés à demander l’asile. Les gardes-frontières polonais les ont refoulés en territoire biélorusse et les gardes biélorusses les ont poussés sur le chemin du retour. Ils sont alors restés bloqués dans la forêt sans nourriture, sans eau, sans abri. Peu après, le gouvernement polonais a promulgué un décret instaurant l’état d’urgence dans les régions frontalières. Il était interdit à toute personne, en dehors des habitants, de séjourner dans la zone délimitée. Toute aide apportée aux migrants était passible d’une peine. L’état d’urgence initialement prévu jusqu’au 1er mars 2022 a été prolongé jusqu’à la fin du mois de juin. Le gouvernement actuel, à son tour, a mis en place une zone interdite le long de la frontière.
Je me suis rendu à la frontière en novembre 2022, puis en août et novembre 2023, avec le Groupe Granica, un mouvement social qui s’oppose à la manière dont les autorités ont réagi aux événements survenus à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, et pour participer à un séminaire organisé par Les Chercheuses de la Frontière (Researchers on the Border). J’y suis retourné en mai 2024 à l’invitation du festival Poésie dans la Puszcza : la forêt sauvage, dense et profonde. Ce texte raconte l’histoire de gens qui font œuvre de solidarité à la frontière, militants, bénévoles, résidents ou de passage. C’est le récit de l’engagement de personnes qui, mues par un élan du cœur, apportent leur aide, jusqu’à l’épuisement, de personnes traumatisées, victimes de tracasseries et harcèlements. Le travail qu’elles accomplissent incombe à l’État qui, au lieu de cela, élève un mur de barbelés contre lequel humains et animaux viennent mourir. Tous mes interlocuteurs m’ont au début répété : je ne veux plus en parler, c’est un véritable traumatisme, je n’en peux plus.
« Une fois, j’ai dû creuser un conduit avec Abraham. Nous creusons, creusons, et soudain il est pris d’un rire terrible. Je lui demande ce qu’il se passe », me raconte Sławomir Droń, propriétaire du restaurant Fanaberia à Białowieża. Et il me dit : « J’ai déjà creusé, il n’y pas longtemps. trois kilomètres d’ici. » À trois kilomètres à l’est du restaurant se trouve la frontière avec la Biélorussie qu’Abraham avait réussi à franchir en creusant un tunnel. Un peu plus tard, Sławek a embauché Abraham. Plusieurs personnes étant parties, il avait besoin de gens pour travailler. Trouve quelqu’un dans un centre de réfugiés, avait suggéré L’Homme de la Forêt, c’est-à-dire Marius Kurnyta, un militant des Secours Humanitaires Bénévoles de Podlasie, qui porte secours aux gens à la frontière polono-biélorusse et qui parfois passe à Fanaberia. Abraham a 23 ans et vient d’Éthiopie. Au début, il était un peu perdu à la cuisine. Aujourd’hui, il confectionne les pierogi mieux que les filles d’ici, fait Sławek, amusé.
Avec Abraham, travaillent encore deux personnes originaires d’Érythrée (dont l’une est obstétricienne de métier) et Ruth, une Congolaise, qui prend notre commande lorsque nous arrivons, frissonnants de froid et affamés après notre marche dans la Puszcza. Elle est de taille moyenne, se déplace avec aisance, le regard vigilant. Elle a commencé à travailler il y a deux ans, sa mère a disparu à la frontière et elle a été placée dans un foyer pour enfants. La directrice a téléphoné à Sławek pour lui demander s’il pouvait lui trouver un emploi. Elle connaissait le français et le swahili. Elle apprenait lentement, faisait le ménage, mettait la table. « Certaines d’entre ces personnes ont-elles été confrontées à des agressions ? » Il est arrivé une fois qu’une femme âgée, à qui l’on demandait quel café elle voulait, réponde : « un café aussi noir que toi ». Ruth en avait pleuré. Sławek lui avait alors expliqué que c’était une autre génération qui avait été élevée en récitant la comptine du Petit Nègre Bambo, qu’elle n’était certainement pas malveillante, ce n’était peut-être qu’une plaisanterie. L’employé en civil des Gardes-Frontières, en revanche, ne plaisantait pas, lui, quand il a arrêté Abraham dans un magasin et a voulu appeler une patrouille. « J’ai dû lui faire peur », dit Abraham. « C’est-à-dire ? » Je lui demande de préciser. « Je lui ai dit : si tu appelles une patrouille, tu seras aujourd’hui l’homme le plus célèbre de Pologne. » Apparemment, le garde ne tenait pas trop à la popularité – il n’a pas appelé.
Ruth nous sert une soupe de potiron. Peu à peu, je sens la chaleur se répandre dans mon corps. Sławek se joint à nous à la table. Grand, grisonnant, chemise claire et jeans. Son visage est un espace ouvert et déchiffrable. Enfant, Sławek venait en vacances à Podlasie, chez son grand-père, qui fut supérieur de la congrégation baptiste de Białowieża de 1948 à 1984. Lui-même a grandi à Zielona Góra, puis il a vécu à Varsovie d’où il se rendait presque chaque semaine dans la Puszcza. Cela fait onze ans qu’il vit ici en permanence. Il a commencé par louer des vélos. « Ma femme est venue ici il y a sept ans pour louer un vélo et elle est restée. » Fanaberia est une institution – un port, une base, une galerie, un lieu de rencontres. Adam Wajrak, journaliste, militant pour la protection de la nature, y passe comme les membres du Groupe Granica. « Je leur dis qu’ils devraient foutre le camp d’ici. » « Ici », c’est la frontière. « Je ne sais pas comment ils reprendront une vie normale après, comment ils pourront fonder une famille. Ma femme a sorti quatre cadavres de la forêt [depuis 2021] ». Pour Sławek, il est plus logique d’employer des réfugiés. Grâce à leur statut, ils peuvent être employés sans problème et bénéficier d’une assurance.
« Nombreux sont ceux qui demandent ce statut mais on attend fréquemment de cinq à six heures que les gardes-frontières arrivent », me confie Paulina d’après ce qu’elle a entendu. C’est la deuxième fois que je m’entretiens avec elle depuis qu’elle a reçu le prix Paul Grüninger1 à Saint-Gall, en Suisse, le 17 novembre 2023 pour avoir aidé des réfugiés dans la forêt. Depuis lors, elle apporte son aide de manière sporadique. « C’était physiquement et émotionnellement épuisant », dit-elle. À présent, ce sont principalement les militants qui s’en occupent. « J’ai dû moi-même me fixer une limite. » Elle parle et je vois deux frontières différentes qui courent en traçant leurs limites, quelque part non loin l’une de l’autre. Paulina enseigne l’anglais à l’école primaire de Narewka. Elle ne peut se rendre dans la forêt que le week-end. Elle a récemment reçu un message du Groupe Granica – un appel – concernant un jeune homme. Il avait besoin d’eau et de nourriture. Quatre heures se sont écoulées entre la réception du message par Paulina et son retour à la maison. Elle ne pouvait pas rester plus longtemps auprès de lui. Il demandait une protection internationale et Paulina devait aller travailler le lendemain. Quelqu’un d’autre l’a relayée.
Paulina vient de la ville voisine de Hajnówka. Les deux villes sont bilingues. Les églises catholiques et orthodoxes se côtoient. Les mosquées se trouvent à une heure de route au nord. En novembre, sa voix était chaude et douce, elle se déversait en moi, fluide. À présent, elle est brisée. « Je pensais que le monde verrait en nous des aidants. » Mais au lieu de cela, elle ressent de l’hostilité. Elle éprouve la peur d’une agression imminente. Elle craint que son aide ne soit utilisée contre elle. On soupçonne les bénévoles, les militants de collaborer avec les passeurs. Quelqu’un a-t-il dénoncé Paulina ? À Narewka, personne ne dira rien directement. On l’a accusée de faire du trafic de migrants. Ça lui a fait mal que les gens se fient à des rumeurs. Quelques jours plus tard, sur le profil Hajnówka Nationale apparaît un post appelant à la chasse des militants et des « immigrants clandestins » : « Après plusieurs heures de marche dans la forêt, nous sommes tombés sur un grand groupe d’immigrants clandestins, qui nous a échappé. Nous allons répéter ce type d’actions […] là où l’État est en défaut, les citoyens doivent se manifester. » La violence est au coin de la rue.
Le moindre craquement dans la forêt éveille sa suspicion, quelqu’un a peut-être besoin d’aide. Le nouveau règlement qui ne lui permet pas de se promener avec son chien dans ses endroits préférés, là où les propriétaires de chiens avaient coutume de marcher, la contrarie. Elle s’inquiète, se demandant si elle peut inviter ses amis de l’étranger. Les personnes à la peau foncée ou bien dont les traits du visage semblent arabes pourront-elles aller se promener en toute liberté dans la Puszcza ?
À la fin de notre entretien, je lui demande si elle a de l’espoir en quelque chose. Elle espérait que le nouveau gouvernement aurait un plan à long terme dans lequel il tiendrait compte des personnes sur la route, des habitants et de la nature. Au lieu de cela, il a à son tour défini une zone interdite et dans le cadre des impôts lui a pris un tiers du prix suisse qu’elle a reçu…
Katarzyna Leszczyńska avait des espoirs similaires. Traductrice de littérature germanophone, elle codirige dans la Puszcza l’Association Tropinka pour le Dialogue et la Nature de Podlasie, des résidences d’artistes à Hruszki et le festival La Poésie dans la Puszcza, dont j’ai été l’invité. Katarzyna a des cheveux blonds, bouclés, et un sourire avec lequel on se lie d’emblée d’amitié. Elle vit entre Zurich, Varsovie et la Puszcza de Białowieża. Elle était justement à Zurich quand le gouvernement du parti Droit et Justice (PIS) a mis en place une zone interdite le long de la frontière. « Toute la région est devenue maudite », se souvient-elle. Elle s’en voulait de ne pas avoir été sur place pour aider. « C’était une situation limite », dit-elle, et je vois une frontière qui resserre la Puszcza dans de nouvelles limites.
Katarzyna a commencé à avoir peur de ce lieu qui lui était si familier – sa famille maternelle est originaire du canton de Hajnówka, des paysans de Podlasie qui ont connu l’exode de Bieżeństwo2. Enfant, elle venait passer les vacances dans la Puszcza. Qu’est-ce qui l’a aidée ? Des rencontres avec les réfugiés, la conscience de pouvoir faire quelque chose pour eux. Des connaissances ont appelé pour savoir si elle et son mari, Manfred, pouvaient cacher deux hommes dans la grange, probablement un père et son fils. Ils ont néanmoins préféré leur offrir un abri dans le wagon qu’ils avaient transformé en un hébergement douillet. « C’était tragique ! Que dans un pays en principe démocratique on doive se demander dans la crainte comment faire passer deux personnes de la grange à la charrette ! » Le chien du voisin s’est précipité sur eux pour leur lécher les mains. La frayeur s’est lue sur le visage de l’homme le plus âgé, qui n’avait jusque-là manifesté aucune émotion, sans doute en raison de son épuisement. Kasia a pris le plus jeune par la main et de sa main a commencé à caresser le chien, si bien qu’à la fin il s’est lui-même mis à le caresser. Au bout de trois nuits, ils avaient disparu. Il est arrivé plus d’une fois que l’eau et la nourriture laissées en bordure de la forêt disparaissent également…
Les militants du Groupe Granica, des bénévoles qui apportent une aide humanitaire aux réfugiés de la zone frontalière, se rendent régulièrement dans la forêt. Certains aident régulièrement depuis deux ans – ils vivent à la base. Leur fatigue flotte dans l’air comme un épais brouillard. D’autres viennent pour quelques jours, quelques-uns sont employés de façon permanente, comme Magda, la cinquantaine.
« Je me tenais à quelques mètres du militaire lorsqu’il a pointé son arme sur moi », raconte-t-elle. Je suis assis sur un lit, au premier étage d’une vieille maison en bois dans un village tout près de la frontière. Lors de la Première Guerre mondiale, l’armée russe a brûlé le village. Lors de la Seconde, ce fut l’armée nazie. On l’a reconstruit à l’identique. La disposition égale des maisons de bois et leur architecture rappellent les masures du XVIIIe siècle. « It’s very cosy here », fait Andreas, qui est arrivé d’Allemagne pour aider pendant deux semaines.
Je suis fatigué d’avoir roulé toute la journée. Magda est assise sur le sol et n’arrête pas de parler. Elle parle beaucoup et vite. Sa voix est un troupeau de cerfs qui courent dans la forêt. Je n’arrive pas à les suivre. Mon esprit s’enfonce dans la mousse. Me parviennent des fragments de phrases en staccato. La Puszcza, c’est son Heimat. Elle a une petite ferme avec son mari. Un fils d’une douzaine d’années. Il n’y a pas longtemps, ses poulets sont morts. Probablement des graines empoisonnées. Ça lui a fait mal. Magda fait des photos. Autrefois, la Puszcza était son sujet. Elle me montre ses photos d’arbres, de la brume matinale dans la forêt, des grues au-dessus de la rivière. Maintenant, elle documente le travail du Groupe Granica. Elle ne signe pas ses photos. Elle ne fait pas ça pour la publicité. Je vois les pieds d’un Afghan qui ont été gelés. Des Syriens dans des sacs de couchage. Un infirmier qui panse une blessure à la jambe d’un Sénégalais. « Eh bien, vas-y, tire puisque tu es si courageux », a-t-elle lancé à un militaire. Sur ce, elle a tourné les talons pour aller chercher son appareil et l’immortaliser.
De la base du Groupe Granica, je me rends à la résidence de Hruszki. Les Chercheuses de la Frontière se réunissent dans le cadre d’un séminaire sur la crise humanitaire. « Je suis venue dans la Puszcza il y a dix ans pour vivre en paix », nous raconte l’artiste et réalisatrice Kasia Hertz. Depuis, il n’y a jamais eu de paix ici. D’abord, il y a eu les militants qui luttaient contre l’abattage des arbres. Maintenant, ils se battent pour la vie des réfugiés dans la zone frontalière. Selon l’anthropologue américaine Elizabeth Dunn, qui s’intéresse aux migrations forcées, la Puszcza a accompli le sale boulot pour les Gardes-Frontières. Est-ce que cela dédouane les gardes ? La Puszcza a-t-elle des intentions ? Kasia a une voix douce, une frange blonde et de grands yeux sombres. Elle raconte comment elle aide les enfants qui ont fui à surmonter le traumatisme de la forêt. Elle les aide à élaborer une nouvelle narration de ce qu’ils ont vécu. Une petite fille a tissé un récit, c’est l’histoire d’un arbre sous lequel elle pouvait s’abriter. Sous ses feuilles, elle avait chaud la nuit. L’arbre lui dévoilait la lune afin que la nuit ne lui semble pas trop noire.
Je désire retrouver la Puszcza. Dans le cadre du festival La Poésie dans la Puszcza, nous partons en promenade dans son royaume. Sur la porte d’entrée est accroché un avertissement : « Attention ! Soldats, Policiers et autres Fonctionnaires ! En passant la porte, vous pénétrez dans la Zone de Stricte Protection du Parc National de Białowieża – si vous n’êtes pas en service, vous enfreignez la loi. » On ne peut entrer dans la forêt qu’avec un guide agréé. De moins en moins de gens viennent dans la Puszcza, ils ont peur. Une guide nous emmène, tout excitée – elle avait la nostalgie de la Puszcza –, elle passe la plupart de ses journées au laboratoire. Les arbres de la Puszcza, la vaste infrastructure de la Puszcza et son lichen qui enlace les branches, la canopée qui émerge de la litière comme les mains d’un homme qui se noie et appelle à l’aide, ses arbres qui dorment sur la terre. J’étais dans une galerie d’hommes transformés en pins, en sapins, en chênes. Daphné se métamorphosant en laurier pour échapper au cupide Apollon. Apollon ne se laisse pas décourager, il aime Daphné même sous la forme d’un laurier. J’avais foi que c’était le cas. Les Cherokees appelaient les arbres « Standing People ». C’est à cela que ressemble l’éternité, songeai-je alors. Je cherchais des mots pour dire l’éternité, en vain. « Toute poétique, écrit Édouard Glissant, est un palliatif de l’éternité » (Philosophie de la relation, Gallimard, 2009). L’immense forêt primaire à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie est un fossile vivant. Elle abrite de nombreuses espèces menacées d’extinction. Leur design m’ébahit. Leurs appellations polonaises titillent de façon émouvante mon imagination ; champignons de souche bordée et souche rose. Ils rappellent des auricules. La Puszcza entend plus que nous.
Traduit du polonais par Isabelle Macor
ariel rosé est un poète, essayiste, illustrateur et traducteur polonais, résidant en Norvège et à Berlin. Il est l’auteur de deux livres de poésie illustrés : La nuit, la mer est la chair du cœur (PIW, 2022) et Nord Paraboles (Znak, 2019), tous deux publiés sous le nom d’Alicja Rosé. Il a récemment traduit et illustré Dans tout le bleu, de Laura Ulonati (Actes Sud, 2021) et publié plusieurs textes en France dans la traduction d’Isabelle Macor, dont un long article dans la revue Esprit (janvier/février 2024) : « Que reste-t-il ? Des poètes ukrainiens dans la guerre ».
- Officier de police, Paul Grüninger a été reconnu « Juste parmi les Nations » pour avoir sauvé près de 3 600 réfugiés juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, en falsifiant des documents. Pour cela, il a été licencié, condamné à une amende, privé de sa pension et il a vécu dans la pauvreté. ↩︎
- Terme utilisé en ukrainien et en russe signifiant « exode », « exil », se référant aux déplacements massifs et réinstallations de populations, dans des conditions effroyables, sous les bombes et l’artillerie causant de nombreuses victimes, sans eau ni nourriture, des populations (principalement orthodoxes) des provinces occidentales de l’Empire russe vers l’intérieur, du printemps à l’automne 1915, après le franchissement de la ligne de front par les troupes allemandes. Cet exode meurtrier de 2 à 3 millions de personnes fut provoqué par la propagande des autorités russes impériales et sous la menace de viols, exécutions et toutes sortes de violences et contraintes. Voir Aneta-Oniszk, Bieżeństwo, Les réfugiés oubliés, wyd. Czarne/éditions Czarne, 2016. ↩︎