À la troisième semaine du Festival d’Avignon, Tiago Rodrigues a présenté un pré-bilan de la 78e édition, avec encore à venir une série prestigieuse de créations. Metteurs en scène et chorégraphes puisent chez les romanciers, les compositeurs, les philosophes, d’autres moyens de faire théâtre, bousculer les cadres, inventer de nouveaux rituels, et usent en virtuoses de la vidéo. À l’honneur, Diderot, Cervantès, Bach, Coetzee, et un auteur dramatique, Tchekhov.
Peut-être est-ce la rareté cette année des textes dramatiques qui a fait affluer les auditeurs vers la cour du musée Calvet pour entendre Jacques le fataliste interprété par trois comédiens facétieux, Anne Alvaro, François Morel, Pascal Rénéric, pétillants d’humour et de charme. De ce copieux roman on connaît surtout l’épisode de Madame de la Pommeraye, dont Robert Bresson avait tiré Les Dames du bois de Boulogne, suivi par Mademoiselle de Joncquières d’Emmanuel Mouret. Diderot souligne qu’il conduit le récit à sa guise, dialogue avec Jacques et son maître, et comme eux fait mine de ne pas savoir où il va, mais où il entend aller. Ce faisant, il s’inspire largement du modèle narratif de Laurence Sterne, tout en accusant Sterne de plagiat. Lequel Sterne s’est lui-même inspiré de Don Quichotte, l’autre grand roman de ce festival. Tristram Shandy, le héros de Sterne, entreprend de rapporter l’enchaînement des faits de sa vie si méticuleusement qu’après six semaines de travail assidu il n’est même pas encore né. Le narrateur de Diderot prévient d’entrée, « il ne tiendrait qu’à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu’il me plairait ». Diderot a mis près de vingt ans à écrire ce volumineux ouvrage. Pierre Senges le condense élégamment en une heure vingt, se concentre sur les camaraderies viriles, qui diffèrent chaque fois l’histoire des relations amoureuses de Jacques, dont il s’abstient de dévoiler le dénouement. Le récit des amours n’arrivera qu’en fin d’émission, et encore…
Après un Songe déjanté l’an dernier, Gwenaël Morin poursuit son projet de « démonter les remparts pour finir le mur », cette fois avec mille pages racontées en deux heures. C’était prévisible, mais il le précise, il n’a « pas du tout cherché à rester fidèle au roman », bien décidé à s’emparer du texte « par effraction » afin d’en dégager « des modes de théâtralité spécifiques ». Comme dans le roman, c’est Rossinante qui décide du chemin à prendre, suivi par l’âne de Sancho.
Le narrateur/cheval, joué par Marie-Noëlle Genod, commence livre en main le récit des aventures de Don Quichotte. Sa lecture impeccable ponctuée de commentaires gouailleurs, la cocasserie irrésistible et la voix singulière de Jeanne Balibar qui se prend les pieds dans ses armes en carton, l’émotion que suscitent le courage, l’imagination, les souffrances du malheureux hidalgo fonctionnent à merveille jusqu’à la longue longue longue scène du jet de livres à brûler, après quoi le rythme ralentit et se traîne jusqu’à la fin.
Cruz présente le dernier volet d’une trilogie intitulée Tres Maneras de contarle a la montana, chacun correspondant à un des types de chants adressés à la montagne pour exprimer la tristesse, la rage, la réconciliation. Dans le premier, Adiós Matepac, il fait ses adieux à son père naturel et à son père artistique, le théâtre grec qu’on enseigne en Argentine, pour une pratique plus proche du monde autochtone. Le deuxième, Soliloquio, s’inspire de lettres écrites par sa mère pendant le confinement pour montrer les effets du « nécropouvoir » exercé sur les indigènes. Après des années dans le monde du théâtre de la capitale, Cruz est retourné dans son village au nord de l’Argentine et à sa langue, le quechua, mais c’est en espagnol qu’il dénonce des puissances non identifiées, politiques, financières, colonialistes, derrière lesquelles se profile l’« économie de la violence » capitaliste qui chasse les Indiens de leurs terres pour en extraire les ressources naturelles.
Ce monde qui se meurt mais continue à résister, Wayqueycuna l’évoque par quelques objets artisanaux, le châle brodé de fleurs que porte Cruz, des voiles blancs tour à tour cabane, bannière où s’inscrivent ses accusations, filets de pêche, nappe d’un festin couverte de corbeilles de pains confectionnés pour la fête des morts, qu’il va partager avec le public. Les loups qui ont dévoré sa sœur, l’incendie qui a détruit le village, sont-ils réels ou métaphoriques ? Impossible de se repérer dans ce tissage de mots sans consulter ses entretiens, où l’on apprend que la jeune fille est morte des suites d’une négligence médicale, que leur mère est décédée dans un hôpital où elle attendait un médicament pour son cancer : « Le système de santé argentin considère que les corps des indigènes ne valent pas la peine d’être sauvés. » Cruz explique avoir voulu s’affranchir du regard européen, et dénoncer le « blanchiment idéologique », un racisme structurel qui leur assigne pour place l’anonymat au profit du corps blanc hégémonique. Milo Rau était venu l’an dernier avec Antigone in the Amazon raconter la lutte des communautés indigènes, mais ils n’ont plus besoin que d’autres le fassent à leur place. L’idée progressiste d’inclusion reste encore discursive, il est temps de la mettre en pratique. S’il vient à Avignon, au risque d’être apprécié en tant qu’indigène à la mode, c’est pour « mettre un peu de désordre dans le théâtre contemporain », raconter l’histoire de son peuple, des artistes de la périphérie qui veulent comme lui « défendre l’idée, peut-être utopique, d’un monde plus juste et plus ouvert ».
Encore un spectacle inspiré – de loin – d’un grand livre. Le traité politique de Thomas Hobbes conclut après étude qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre la nature humaine et les obligations civiques : « Dans toutes les délibérations et dans tous les plaidoyers, la faculté de raisonner solidement est nécessaire », car sans cette faculté, « les résolutions des hommes sont impétueuses et leurs sentences injustes ». Le célèbre frontispice de Leviathan occupe le fond du plateau à l’ouverture de l’action, principal lien avec la pensée de Hobbes. Depuis ses origines, le théâtre occidental a partie liée avec la justice, mais son principe fondateur c’est l’argumentation pro et contra. Or le propos ici n’est pas documentaire, il interroge « nos pulsions de jugement et de répression ». Lorraine de Sagazan travaille à faire advenir une justice transformatrice, un droit qui prendrait en charge la réparation du préjudice. Après plusieurs semaines d’immersion dans la 23e chambre du tribunal de Paris, elle estime les peines de prison ferme à 70 % des sanctions prononcées. Et compte sur le pouvoir performatif de la fiction pour faire évoluer un système dont elle met en relief la cruauté. L’institution conçue pour canaliser la violence par le droit se révèle d’une violence monstrueuse.
Nous sommes dans une salle de tribunal où se succèdent les audiences en comparution immédiate. Trois inculpés, dont aucun n’a fait de victimes, se voient infliger des peines allant de quatre à douze mois de prison ferme. Comme dans une pièce de théâtre, chacun tient son rôle conformément à sa fonction. La juge énonce les faits et rend son verdict, le procureur exige des sanctions sévères pour infraction à la loi, les avocats soulignent les disproportions entre les dégâts matériels et la sentence requise. Tous sont surmenés, suffisamment humains pour s’apitoyer parfois sur le sort des inculpés. Le jeune Nord-Africain soutien de famille qui a conduit sans permis ni casque la moto d’un ami venait d’obtenir un CDI. La femme a volé des vêtements pour sa fille, que malgré sa plainte la justice a confiée au père violeur. Le SDF, victime d’un vol de portable dans un lieu d’accueil, s’est retrouvé en garde à vue pour injures et conduite menaçante. Trois vies brisées pour des fautes mineures. La juge recueille dans ses bras la femme condamnée mais s’avoue incapable de modifier le système. La question de la garde relève d’une autre instance, mais pourquoi prononce-t-elle une peine qui retire à la mère toute chance de l’obtenir ? La pièce ne le dit pas.
Les inculpés, visage masqué sous un collant comme des braqueurs de banque, apparaissent filmés en gros plan, entre les portraits caricaturés des magistrats, des marionnettes comme ces poupées de chiffon affalées sur les sièges. Un cheval qui se promène sur scène avec une adresse de chat repart sans déranger personne. Le quatrième inculpé, un récidiviste, tient le rôle de narrateur et, dit-il, de commis d’office auprès des primodélinquants car il connaît tous les rouages du système. Son audience a duré seize minutes. Il se tait au bout de six, le plateau entier se tait et s’immobilise pendant que les dix minutes restantes s’égrènent sur l’écran du fond. La peine infligée au public accomplie, l’émotion est audible dans la salle, les spectateurs applaudissent à tout rompre, comme si nombre d’entre eux avaient vécu personnellement une expérience comparable.
Ou peut-être pensaient-ils aux détenus de la prison d’Avignon-Le Pontet qui ont été autorisés le 2 juillet dernier à sortir le temps d’interpréter La casa de Bernada Alba au lycée Mistral, après des stages d’atelier organisés régulièrement depuis 2015 par Enzo Verdet, et récompensés par des allègements de peine. Olivier Py avait inauguré le projet en 2018 avec l’Antigone de Sophocle. Le principe des ateliers, les grands classiques, et la langue du festival, ont fait très vite porter le choix sur la dernière œuvre de García Lorca, avant son assassinat par les franquistes. Pendant les huit années de deuil prescrites par Bernarda, l’absence de liberté est absolue, « l’air de la rue ne doit pas pénétrer dans la maison ». L’un des comédiens à qui l’administration avait refusé sa sortie a été remplacé au pied levé par le metteur en scène, un autre a appris en fin de spectacle que sa demande de libération était acceptée.
Monte di Pietà, une installation que Sagazan définit comme un « sanctuaire des chagrins », rassemble deux cents objets collectés par ses soins, que leurs propriétaires n’ont pu se résoudre à jeter, explique sa scénographe Anouk Maugein, parfois des pièces à conviction. Ils recèlent chacun une histoire de douleur causée par une injustice. Des micros amplifient le bruit des pas sur le gravier tandis qu’un métronome bat la mesure, faisant écho au cadran de Léviathan.
Parmi les nombreuses rencontres qui font partie du rituel avignonnais, celle-ci réunissait des artistes et des sportifs en situation de handicap, Eduart Meditterani, interprète de Konstantin dans La Gaviota, Chiara Bersani, chorégraphe, Ryadh Sallem, champion paralympique de rugby fauteuil. Interrogés chacun sur leurs engagements, ils disent s’être faits militants sur le tard, avec l’expérience de leur propre parcours d’épreuves, au moment de passer le flambeau et d’encourager les plus jeunes à surmonter leur handicap. Ryadh voulait jouer au basket, trouvait injuste qu’on ne le laisse pas essayer sous prétexte qu’il lui manquait des morceaux. Pour finir, c’est l’armée qui le lui a permis – « étonnant que ce soient des militaires qui m’aient donné ma chance », estime-t-il, comme quoi les préjugés vont dans les deux sens.
Quand votre handicap est physique les gens louent volontiers votre intelligence, explique Chiara la chorégraphe. Atteinte d’ostéogenèse imparfaite, elle voulait permettre à son « demi-corps », haut de 98 cm, de s’exprimer, de séduire, d’exister, en créant une relation complice avec le public. Les discours toxiques qu’a suscités la pandémie l’ont fait évoluer, rendue plus violente, car ils disaient à mots à peine couverts que si on ne pouvait soigner tout le monde, il faudrait choisir les mieux portants, de quoi réveiller les euphémismes de la sélection naturelle, et lui donner le sentiment qu’elle n’était plus protégée par le système de santé. Ce que tous trois montrent admirablement par défaut, c’est que pour eux comme pour tous ceux qu’ils veulent encourager à vivre sans se laisser enfoncer dans leur malheur, il faut constamment imposer et faire accepter sa différence, par plus de courage, d’humour, de générosité que le commun des mortels. Au lieu de les enfermer dans leur handicap, comme ces associations qui exigent qu’on leur réserve les rôles d’infirmes du répertoire, Chela de Ferrari avait fait jouer Hamlet par des comédiens atteints de trisomie. Aujourd’hui, sa mise en scène de La Gaviota réoriente les regards et rend sensibles les aveuglements des personnages de Tchekhov.
Juste avant cette Matinale, Tiago Rodrigues est venu saluer Chiara. Deux étudiants qui tournent un petit film pour leur école l’interviewent au vol, et l’un d’eux lui annonce : « Grâce à vous, j’ai commencé à lire Shakespeare. J’ai adoré. » C’est-à-dire grâce à son spectacle By Heart et à l’histoire du Sonnet 30, expérience qui avait incité Françoise Morvan et André Markowicz à se lancer dans la traduction du recueil entier. Après une unique performance l’an dernier, ils proposaient cette fois une lecture tous les soirs du 16 au 21 juillet à La Scala Provence, accompagnés de leur lecteur en anglais Matthew Vanston, programme qu’ils reprendront cet automne à la Scala Paris.
Le décor, un salon à l’ancienne, divan et fauteuils capitonnés, table, secrétaire, tableau, bibelots, sur un grand tapis d’orient, semble sorti tout droit d’un Tchekhov conforme à son époque. On apprendra plus tard par la régisseuse qu’il n’en est rien. Alicia explique sa propre présence par la volonté de sa directrice de rendre visible l’invisible. Au lieu de rester en cabine comme le veut l’usage, cette fois elle s’installe à une table sur le côté du plateau, se mêle de temps à autre aux invités, sert de guide à Nina. Elle décrit son métier, et démontre son autorité en faisant couper, remettre, recouper le son. Puis ordonne de retirer tous les éléments du décor. Les acteurs dispersés parmi les rangs du public se rejoignent sur la scène vide. Ce salon désormais invisible, c’est elle, Alicia, qui le reconstituera en racontant à la scène finale l’histoire de chaque meuble. Sur l’écran du fond défilent des images vidéo d’un lac de nuit, de jour, calme ou orageux.
Dans la version de Chela De Ferrari, Nina est aveugle comme son interprète, Belén González del Amo. Les acteurs de la distribution à part trois sont non- ou malvoyants, à l’instar des protagonistes aveuglés par leurs sentiments. Le contexte est rajeuni par des références à Simone de Beauvoir, Astérix et Obélix, et délocalisé : Arkadina veut se rendre à Madrid, les airs de danse sont américains, espagnols, français, un objet du salon « devrait être dans un musée du Pérou »…
Le chorégraphe s’inspire de la construction polyphonique des œuvres de Bach, Art de la fugue, Offrande musicale, fragments de sonates, interprétés par un quintette instrumental féminin. Cinq danseuses et un danseur vêtus de jeans et t-shirts dansent tour à tour sur ces airs de musique ou en silence, au rythme de verbes d’action, attraper, éviter, frapper, lancer. Des gestes improvisés, filmés, reconstruits, réimprovisés et projetés en temps réel, pour confronter deux types de chorégraphie dans un même espace. Parce que, dit Noé Soulier, « nos expériences les plus intenses comme les plus intimes sont complexes et polyphoniques. C’est cette dimension non linéaire de notre expérience affective que je souhaite sonder ».
À mi-chemin du spectacle, l’espace se resserre devant un grand écran où l’image filmée se concentre sur un détail du corps, du geste, tandis que le corps entier est visible dans un rectangle. À la fin, comme libérés par la maîtrise parfaite de leurs mouvements, les danseurs occupent à nouveau ensemble la totalité du plateau.
Au départ, Ann Lee, un personnage de manga, dit d’une voix mélancolique n’être personne, un pur produit de consommation vendu sur catalogue et voué à disparaître. On passe ensuite à Elizabeth Costello, romancière fictive qui apparaît dans plusieurs ouvrages de Coetzee et lui sert à l’occasion de porte-parole. Une université de Pennsylvanie vient de lui décerner le prix Stowe – entendez Harriet Beecher Stowe, autrice de La Case de l’Oncle Tom – pour sa défense de la cause animale. Son fils et une journaliste assistent à une interview télévisée, assis de dos sur un canapé au premier plan et projetés sur deux écrans à leur gauche et en face d’eux.
Apparaissent des hommes à visage de singes, à moins que ce ne soient des singes en costume d’hommes, des albatros empaillés dans une cage de verre qui glisse et pivote sur scène. Au cours de sept conférences données à travers le monde, de plus en plus politiquement incorrectes, Elizabeth déclare : « J’ai des opinions, mais je n’y crois pas », et suscite l’indignation en comparant l’abattage des animaux à l’Holocauste. Sur l’écran derrière elle, des glaciers s’effondrent, des troupeaux sont conduits à l’abattoir. À mesure qu’elle vieillit, jouée par sept interprètes qui se relaient, ses opinions de libre penseuse suscitent des réactions de plus en plus hostiles parmi ses pairs et au sein de sa famille. À la fin, ayant évoqué les milliers de poussins mâles qu’on extermine à la naissance, elle entre à son tour dans l’abattoir de verre.
Pour Warlikowki, passionné par « cette fiction dans la fiction dans la fiction », elle est celle par qui le scandale arrive. Mais ce n’est pas tant sa liberté de parole qui risque de rebuter les spectateurs, plutôt l’effort qu’ils doivent fournir pour recomposer une scène éclatée en trois dimensions tout en lisant des surtitrages qui peinent à suivre le flot des paroles, saisir les références érudites à James Joyce, Kafka, Goethe, et entre autres effets de miroir la présence sur scène d’un romancier réel, Paul West, face à la romancière fictive. Nombre d’entre eux décrochent, les rangs s’éclaircissent. À 2 h du matin, le froid et la fatigue aidant, les applaudissements manquent de vigueur. Jean-Yves Potel, qui connaît bien la culture polonaise et l’œuvre de Warlikowski, reviendra sur ce spectacle exigeant lors de sa reprise au Théâtre de la Colline à Paris en février 2025.
Une fois le bilan présenté avec Pierre Gendronneau, son directeur délégué, Tiago Rodrigues donne quelques indications sur le programme de 2025, les noms de l’artiste associée l’an prochain, la Capverdienne Marlene Monteiro Freitas, de celui qui concevra le spectacle itinérant, Milo Rau, tandis que Gwenaël Morin continuera à démonter les remparts avec une œuvre de la langue invitée. Ce sera l’arabe, la cinquième du monde en nombre de locuteurs, arabe classique et dialectal, kurde, berbère… Jack Lang les rejoint sur le plateau pour annoncer le soutien de l’Institut du monde arabe, et faire l’éloge de cette langue plurimillénaire à laquelle nous devons la transmission de la culture grecque, l’algèbre et les chiffres, les œuvres de ses savants médecins, philosophes, poètes, la musique, les fables dont s’est inspiré La Fontaine. Il rappelle la longue tradition arabisante du Collège de France, anciennement Collège royal trilingue – en fait grec, latin, hébreu au départ, mais effectivement augmenté d’une chaire d’arabe à la fin du XVIe siècle. Pourquoi pas une Nuit de la poésie dans la Cour d’honneur ? L’arabe dispose de cent mots pour dire l’amour, du plus platonique au plus tropical. La proposition est saluée par de chaleureux applaudissements. Comment sera reçue cette courageuse initiative dans le climat actuel peu xénophile, une allumette dans un baril de pétrole, ou un festival des fiertés de la culture arabe, l’avenir le dira.