Écrit/traduit en anglais dans le style des « narrative nonfictions » dont The New Yorker a le secret, alternant analyse et vécu, publié simultanément dans de nombreux pays, le livre d’Amir Tibon, journaliste de Haaretz et rescapé du massacre du kibboutz Nahal Oz le 7 octobre 2023, a toutes les chances d’être l’un des récits les plus précis et les plus lucides sur l’événement. Cela n’était pourtant pas gagné d’avance si l’on considère qu’il fut écrit à chaud.
Les dernières pages furent rédigées alors qu’on savait déjà que plus de 30 000 personnes avaient été tuées par l’armée israélienne dans Gaza, « ce bastion du Hamas, devenu le plus grand camp de réfugiés du monde, où vivent 2 millions de personnes », mais, comme le dit une autre rescapée à l’auteur, « elle ne trouve aucun réconfort ni aucune satisfaction dans la catastrophe humanitaire qui se déroule là-bas ».
Le kibboutz de Nahal Oz, situé à peine à 500 m de la bande de Gaza, formait comme tout kibboutz une communauté essentiellement agricole à sa création au début des années 1950, où l’on partageait des biens et des valeurs, ces dernières restant encore plus qu’ailleurs teintées de l’idéalisme des origines. Des visionnaires, des rêveurs, comme on voudra, qui entendaient partager une terre selon des frontières acceptées par les deux parties. Dans les années 1950 entre Gaza et Nahal Oz il n’y a guère qu’un fossé, sorte de ligne d’armistice sur laquelle Israël et l’Égypte s’étaient entendus en 1949. Création artificielle du mandat britannique sur la Palestine, la bande de Gaza, qui s’étend sur 38 km du nord au sud et sur 5 km de la côte à son point le plus oriental, côtoie donc Nahal Oz. Pour les jeunes kibboutzniks venus s’y installer, défendre la frontière signifiait veiller aux incursions de Gazaouis venus voler du bétail ou autre. Gaza vivait dans une pauvreté extrême, avec 50 % de sa population au chômage. Si rudimentaire qu’il fût, le kibboutz qui s’édifiait sur un sol qui jadis leur appartenait attisait les convoitises et davantage encore.
Le 29 avril 1956, cette paix fragile fut rompue : Roi, le chef de la sécurité, qui patrouillait seul sur son cheval comme tous les matins à travers champs, ne revint pas de sa routine quotidienne. Abattu par des intrus. Ce jour-là, une grande fête était prévue pour célébrer le mariage de quatre couples, selon la coutume des célébrations collectives dans les kibboutzim. Le jeune général Moshe Dayan y avait été convié par l’un des couples. Au lieu de quatre mariages, c’est un enterrement qui eut lieu. Le discours que tint ce jour-là le général est entré dans la légende, mais tronqué dans les livres d’histoire de sa partie controversée, soit la suivante : « Ne blâmons pas ses meurtriers, dit-il devant la dépouille de Roi. Pourquoi s’insurger de la haine viscérale qu’ils nous portent ? Depuis maintenant huit ans, ils languissent dans les camps de réfugiés de Gaza, et sous leurs yeux nous avons fait nôtres les terres et les villages où leurs pères et eux résidaient. » Une reconnaissance de la spoliation, mais pour mieux les préparer à ce qui les attendait : « Comment avons-nous pu fermer les yeux et refuser de regarder en face notre sort, refuser de voir, dans toute sa brutalité, la destinée de notre génération ? […] Tel est le sort de notre génération. Tel est le choix de nos vies ; être prêts et armés, forts et déterminés, sans quoi l’épée nous glissera des mains et nos vies seront tranchées net ». Malgré des trêves, l’avenir n’allait cesser de vérifier ce discours guerrier et réaliste. Mais il est vrai qu’après la guerre de Suez de 1956, la bande de Gaza (rétrocédée à l’Égypte) et Nahal Oz connaitraient une décennie de paix relative. Jusqu’à la guerre des Six Jours, en 1967.
À l’issue de cette guerre éclair, de même que Jérusalem-Est et la Cisjordanie, Gaza tombe dans l’escarcelle d’Israël. Environ 40 000 Gazaouis, soit un sur dix, quittent la bande et vont grossir les camps de réfugiés. Ce sera leur second exode (Naqba), la plupart d’entre eux venaient de Jaffa, ville arabe désormais accolée à Tel Aviv. D’autres habitants sont encouragés à aller travailler en Israël où les salaires sont plus élevés.
Galvanisé par la victoire, Moshe Dayan, devenu entre-temps ministre de la Défense, plaide en faveur d’une frontière ouverte entre Gaza et Israël, sous-estimant la réalité : Gaza est un foyer de résistance, dans lequel le Fatah de Yasser Arafat, la faction dominante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), a gagné en popularité. En 1973, la guerre du Kippour, où cette fois Israël n’a pas pris les devants, mais au contraire a été surpris, décille les yeux des voisins directs de Gaza, les kibboutzniks de Nahal Oz – mais non ceux des gouvernants. Tandis que le président égyptien, Anouar el-Sadate, est prêt à discuter d’un accord sans précédent, le retrait des territoires annexés en 1967 en échange d’une reconnaissance mutuelle – « un revirement spectaculaire par rapport à la position des Arabes depuis 1947 » qui refusaient jusque-là le droit à l’existence d’Israël –, Dayan déclare qu’« aux yeux d’Israël, conserver les territoires occupés était plus important que d’obtenir la paix »… Cette position sera fatale à l’État hébreu.
Après l’accord qui eut finalement lieu entre Israël et l’Égypte à Camp David en 1978, la bande de Gaza (dont les Égyptiens étaient ravis de se débarrasser, ils avaient assez de réfugiés potentiellement critiques sur leur territoire) devint un territoire de construction de colonies. Nahal Oz, majoritairement laïque et dont les membres étaient pour la plupart persuadés qu’Israël devait faire la paix avec ses voisins, allait côtoyer des sionistes religieux juifs orthodoxes… Occupation et colonies aidèrent à ce que le Fatah et l’OLP, groupes nationalistes laïques qui avaient mené la résistance palestinienne depuis les années 1960, perdent leur soutien au profit d’une nouvelle force plus radicale : les islamistes. Ce que les dirigeants israéliens ne voyaient pas forcément d’un mauvais œil, dès lors que cela créait une division chez l’ennemi et une alternative à l’OLP.
Commence alors le récit, de façon détaillée, du soutien d’Israël à ce qui allait devenir le Hamas, dont l’État hébreu paie le prix aujourd’hui. Tandis qu’au sein de l’OLP et de la gauche israélienne se dessine le projet d’une solution à deux États, la droite israélienne s’entend avec les islamistes pour le rejeter. Mus par des motifs opposés, ils font en bonne logique alliance. Le Hamas refuse tout État d’Israël et la droite israélienne, tout État palestinien. On sautera dans ce compte rendu la partie concernant les années 1980 au cours desquelles les intifadas (soulèvements à coups de pierres), dont les causes sont largement relatées par l’auteur, allaient se succéder, pour arriver à ce moment d’espoir qui permet de reprendre respiration dans la progression d’un récit éprouvant.
Le 25 août 1994, se tint à Nahal Oz le premier festival de la paix, organisé en collaboration avec l’Autorité palestinienne créée à Oslo quelques mois auparavant et celle du parti travailliste de Yitzhak Rabin. Des bus de Gaza arrivent pour participer à la fête : artisanat, barbe à papa, danse et chants. Il y eut un temps où les habitants de Nahal Oz allaient à la plage à Gaza, y faisaient leurs courses, invitaient des Gazaouis. Nous sommes dans la période où Rabin proclame : « Oui à la sécurité et à la paix par la force », juste après les pourparlers d’Oslo, signés le 13 septembre 1993.
Rabin, Simon Peres et Yasser Arafat n’allaient-ils pas recevoir le prix Nobel de la paix ? Si l’on était redevenu optimiste à Nahal Oz, à Gaza le Hamas continuait de gagner du terrain, exécutant sans merci les partisans de l’OLP et renforçant l’ordre religieux issu de leur conception de l’islam. De son côté, Rabin avait des adversaires farouches, dont Benjamin Netanyahou du parti national-conservateur Likoud. « Ironiquement, écrit Tibon, à un moment où la paix n’avait peut-être jamais été aussi proche depuis des décennies, elle devenait un mirage dans le désert. » Car c’était compter sans l’irruption des extrémistes de droite qui se mirent à occuper le devant de la scène, depuis l’assassinat en février 1994 par un colon arrivé de Brooklyn de musulmans qui priaient dans la plus grande mosquée de Hébron, jusqu’à celui de Yitzhak Rabin à l’automne 1995 par un autre fanatique juif religieux. C’était la première fois, depuis l’assassinat de Reszö Kasztner en 1957, qu’un Juif – travailliste – était assassiné par un autre Juif – fasciste. L’historien Ladislaus Löb y avait alors vu l’amorce d’une droitisation de la société et de l’État israélien.
Les élections qui suivent le meurtre se font dans un climat où les kamikazes du Hamas explosent dans des bus à travers le pays. Le candidat de droite Netanyahou, opposé aux accords d’Oslo où avait été envisagé un État palestinien souverain, l’emporte sur le candidat travailliste Shimon Peres. À partir de ce moment, la politique israélienne change du tout au tout : Netanyahou va jouer le Hamas contre l’Autorité palestinienne et ce, jusqu’au 7 octobre 2023.
Parmi les prisonniers palestiniens, il libère les opposants les plus déterminés à Arafat, dont, en 1997, le fondateur du Hamas, le cheikh Yassine. À ce moment-là, l’État palestinien n’est déjà plus qu’un souvenir, engendrant la frustration du côté palestinien dont le Hamas se sert contre Arafat – tandis que, parallèlement, le nombre de colons s’installant dans Gaza comme en Cisjordanie augmente. À partir des années 2000, la vie des kiboutzniks de Nahal Oz se déroule sous les roquettes du Hamas, tout d’abord artisanales puis plus sophistiquées.
Réélu en 2003, Ariel Sharon ordonne peu après l’évacuation des dix-sept colonies installées à Gaza en échange du renforcement de celles implantées en Cisjordanie et, comme toujours, dans le but d’éloigner l’idée d’un État palestinien à laquelle il est également opposé. Officiellement, c’est l’Autorité palestinienne qui contrôle la bande de Gaza. En réalité, c’est déjà le Hamas : les élections le prouveront en 2006. Soumis à un blocus économique, Gaza reçoit néanmoins des aides extérieures considérables, notamment du Qatar, acheminées par un réseau de tunnels situés entre la frontière de l’Égypte et Gaza. Israël critique publiquement le Qatar, mais ne fait rien pour le contrer. Rapidement, le Hamas développe son industrie basée sur l’usage des tunnels et de la contrebande, livrant des armes par la même occasion à Gaza. L’argent qatari sert bien à construire écoles, hôpitaux et logements, mais surtout missiles, roquettes et souterrains. Si la décennie qui suit semble calme, c’est grâce au célèbre « dôme de fer », ce système qui identifie une roquette tirée depuis Gaza, calcule sa trajectoire, puis l’intercepte avant qu’elle atteigne sa cible. (En raison de sa proximité avec la frontière, il ne peut couvrir Nahal Oz.)
En 2014, une cellule de terroristes kidnappe et assassine trois adolescents d’une colonie en Cisjordanie. En réponse, un groupe d’extrémistes juifs d’extrême droite enlève et assassine à leur tour un adolescent palestinien. Les deux actes de terreur relancent la guerre : le Hamas envoie ses roquettes sur les communautés frontalières, les avions israéliens bombardent la bande de Gaza. L’utilisation de tunnels frontaliers modifie les formes de la guerre. Le fait que certains n’aient pas été détectés par le renseignement militaire crée un sentiment de panique : Israël ne semble plus aussi invincible.
La guerre dure deux mois. Netanyahou promet de renverser le Hamas mais fait l’inverse, fidèle à sa volonté d’affaiblir l’Autorité palestinienne, de renforcer la division entre le Fatah et le Hamas et, partant, de s’éloigner toujours davantage de la création d’un État palestinien. Nahal Oz connait alors un drame : un enfant de quatre ans est tué par une roquette devant sa maison. La famille demande qu’aucun homme politique ne soit présent aux funérailles. La guerre de l’été 2014 a fait à Gaza plus de 2 000 victimes, dont la moitié étaient des civils, des milliers d’habitations ont été détruites. De son côté, Nahal Oz a été bombardé nuit et jour pendant 60 jours. Le Hamas restait au pouvoir à Gaza et Netanyahou de même à Jérusalem. « Le Qatar a de nouveau inondé Gaza d’argent, avec le soutien tacite du gouvernement de Netanyahou qui ne prend aucune mesure pour arrêter le flux de trésorerie qatari. Ne sert-il pas à apaiser le Hamas ? De fait si l’argent qatari permet au Hamas de rester au pouvoir, il ne fait pas grand-chose pour aider les citoyens ordinaires de Gaza qui souffrent du blocus conjoint israélo-égyptien et s’appauvrissent de plus en plus. » Il n’y avait plus qu’à attendre la prochaine guerre – entre des flambées de violence sporadiques. La décision de Donald Trump de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem en provoquera une. Nahal Oz essuie plus de trente roquettes et obus à cette occasion. En mars 2018, des dizaines de milliers de Palestiniens se massent près de la barrière frontalière, faisant craindre qu’ils n’essaient d’abattre la clôture et de pénétrer en Israël.
Le Hamas avait besoin de Netanyahou et ce dernier du Hamas, notamment pour gagner les élections d’avril 2019 et 2020 afin, entre autres choses, d’échapper à des poursuites judiciaires en raison de ses liens avec des magnats de la presse et pour corruption. Avec le Hamas au pouvoir à Gaza, on pouvait obtenir une paix relative pendant les élections… c’est à peine croyable, mais on se doute qu’un journaliste de Haaretz, principal journal d’opposition et de gauche, connait ses sources et ne prend aucun risque : « avant le troisième tour des élections, début 2020, il y eut une brève escalade de violence entre Israël et Gaza, mais Netanyahou a envoyé le chef du Mossad [service de renseignements] au Qatar pour demander d’augmenter en urgence les paiements mensuels au Hamas et maintenir le calme à la frontière ».
Netanyahou s’en sort, mais au prix de l’inclusion dans son gouvernement d’Itamar Ben-Gvir, un Juif d’extrême droite et nervi avéré qui avait participé aux manifestations sauvages contre Rabin, qui avait été filmé frappant des civils palestiniens dans les rues de Hébron et avait organisé des manifestations anti-LGBT lors de la Gay Pride de Jérusalem. De provocations de la part des uns en lancements de roquettes de la part des autres sur tout le territoire d’Israël, Ben Gvir et le chef du Hamas, Sinwar, s’entendent à merveille pour permettre à Netanyahou de rester au pouvoir. Un Itamar Ben-Gvir au sein du gouvernement, « pour le Hamas, ce n’était pas nécessairement une mauvaise nouvelle. […] Les discours de Sinwar devenaient de plus en plus menaçants, mais ces menaces explicites [étaient] ignorées, ou pire, traitées comme de vaines bravades ». Netanyahou avait au demeurant une autre préoccupation, et non des moindres car elle mobilisait une frange de la population jamais atteinte jusque-là contre un gouvernement israélien : celle d’affaiblir le système judiciaire. Pendant que ce projet déchirait la société israélienne, Sinwar peaufinait ses plans rendus d’autant plus envisageables que des violences dans les territoires occupés de Cisjordanie mobilisaient des bataillons de l’armée israélienne, au détriment de leur nombre le long de la frontière avec Gaza.
Le 7 octobre, au petit matin, Amir Tibon et sa femme ont à peine le temps (7 secondes) de rejoindre la pièce sécurisée que possède tout logement en Israël et où dorment leurs enfants lorsqu’ils entendent un obus. Ils en sortiront dix heures plus tard, après avoir essayé d’économiser l’oxygène et empêché les pleurs des enfants qui auraient pu signaler leur présence. Ils y parvinrent de façon surprenante – de la même manière que le chien, laissé seul dans le salon, comprenant qu’il valait mieux faire le mort, échappa au massacre. Ce n’est pas l’armée, privée de commandement, qui les délivre, mais des citoyens, anciens soldats, y compris des Bédouins, également réservistes, qui attrapèrent un vieil uniforme, un casque et une arme quand ils en avaient conservé et qui, sans attendre, comme le père du journaliste, quant à lui en jeans et tee-shirt, répondront aux appels à l’aide qui inondent l’armée aux abonnés absents. Ils accourent au péril de leur vie, des embuscades sont à craindre à chaque virage, pour découvrir des rues jonchées de cadavres, de combattants du Hamas et de Gazaouis accourus pour participer au carnage, et aussi de kibboutzniks, des jeunes qui avaient fui le festival de musique à quelques kilomètres. Les terroristes eux-mêmes, relate l’auteur, étaient étonnés de l’absence de réaction de l’armée israélienne…
Livrés à eux-mêmes, les quelques membres de la sécurité de Nahal Oz sont parvenus à sauver la plupart des habitants. Quinze personnes « seulement » ont perdu la vie à Nahal Oz qui en comptait 455. Le chef de la sécurité, qui s’est battu seul pendant des heures, fut finalement touché à mort. À son enterrement, il n’y eut aucun Moshe Dayan, pas un seul membre du gouvernement, pour admettre leur effroyable culpabilité. Cette défaillance de l’armée, sans compter que rien ne fut prévu pour accueillir les survivants (« le gouvernement n’était nulle part »), ce refus ultérieur de se battre pour la libération des otages, conduisent l’auteur à dresser un réquisitoire accablant. « Le Hamas, écrit-il, exigeait la libération de milliers de prisonniers des prisons israéliennes en échange des otages, ce que Israël ne manquerait pas de rejeter, mais même cette demande farfelue montrait que l’organisation était au moins ouverte à la négociation. Peut-on en dire autant de Netanyahou ? » La réponse ne s’est pas fait attendre : « En l’espace de quelques semaines, Israël a transformé la ville de Gaza, dans sa quasi-totalité, en une étendue de terre brûlée. » La force, comme toujours, au prix des vies humaines. Les otages passeraient après, pour autant qu’ils aient survécu.
Annoncé, le massacre du 7 octobre le fut à double titre. D’abord, parce que les signes avant-coureurs de ce qui se préparait de l’autre côté de la frontière et dont avertissaient des soldates – uniquement des femmes – furent méprisés. Ensuite, parce que l’histoire se déroule comme une succession d’occasions ratées de négociations, de croyance aveugle en la seule force physique, de racisme et de bêtise, d’indifférence à la souffrance de l’autre. Et pourtant, à moins de s’annihiler l’un l’autre, il faudra bien se résoudre à permettre à deux peuples de cesser de vivre en danger constant. « Il n’y a plus de leaders dans ce pays aujourd’hui – ni du côté israélien, ni du côté palestinien. Ils sont remplacés par des psychopathes et des hommes égocentriques corrompus, assoiffés de sang, assoiffés de pouvoir, ou une combinaison des deux. » Telle est la conclusion d’Amir Tibbon, dont les convictions sionistes sont restées intactes, mais qui, alors qu’il arpente ce qui reste aujourd’hui de son kibboutz dévasté, dit comprendre ce qu’ont pu ressentir les Palestiniens qui ont perdu leur maison en 1948, mais en ont conservé les clés.