La Deuxième vie rassemble un ensemble de notes que Philippe Sollers a consignées à la fin de sa vie. On y découvre un précipité de ses idées, de son style et de sa posture. C'est vif, drôle, distancié, érudit... bref, sollersien.
Cécile Dutheil de la Rochère
La Palestine à la nuit tombée
La publication en poche du Palais des deux collines, son premier roman paru de 2021, permet de redécouvrir le jeune auteur palestinien Karim Kattan. Un texte fragmentaire qui exprime avec subtilité l'attachement à une terre et une histoire d'amour complexe, en évitant le piège réaliste et en faisant le choix d'un lyrisme qui frôle le merveilleux.
La littérature, encore !
Plutôt que la définir, trois essais de ce début d'année remettent sur le métier la raison d'être de la littérature, dans un esprit mêlant colère et dérision. Tandis qu'un collectif d'auteurs repolitise la littérature, Mačko Dràgàn revient à un surréalisme anarchiste et Claro réfléchit à l'échec.
Histoire d’une trahison
Porté par une écriture d'une grande liberté, De plomb et d'or de François Jonquet parle d'art et d'artistes. C'est à la fois un portrait magistral de Christian Boltanski hissé au rang d'idole et une satire très réussie des milieux de l'art contemporain.
Atlas des choses fragiles
Dans son Inventaire de choses perdues, l'écrivaine et graphiste allemande Judith Schalansky conjugue l'art de satisfaire l'envie d'intrigue d'un lecteur inconnu et l'aptitude à dépeindre minutieusement la nature. Tout ce qui sombre, s'évanouit et renaît la fascine.
Au pays du souffle
Le nouvel essai de Marielle Macé, Respire, au ton à la fois sombre et allègre, témoigne de l'aptitude de l'autrice à saisir au vol un mot et à le déployer comme une boule de thé en de multiples directions sans jamais se perdre.
De riches mélancolies
Dans un premier roman qui joue avec le feu, prend des risques et s'emballe, Éléonore de Duve n'est jamais tristement nostalgique : son insolence langagière et son écriture rythmée l'en préservent.
Proust double-face
Dans Proust, roman familial, Laure Murat ausculte la très haute aristocratie dont elle est issue à travers le prisme de La Recherche du temps perdu. En sublimant ce milieu tout en le rabaissant, l’œuvre de Proust l'a sauvée d'un enfermement douloureux et oppressant.
Derrière toi Moscou
Née à Moscou en 1986, Diana Filippova est arrivée en France à huit ans. Dans De l'inconvénient d'être russe, elle revient sur ses origines familiales puis se détache de l'autobiographie pour réfléchir à l'histoire russe récente et à ce que pourrait être la russéité.
Le soliloque disloqué de Jeroen Brouwers
Le client E. Buskende Jeroen Brouwers est un long monologue intérieur émanant d'un homme enfermé dans une unité de sécurité, privé de ce qui l'a abîmé : l’alcool et la cigarette. Alors il enrage, observe, se souvient, délire, rit, se rebelle.
L’exquis et le quotidien
Signé Anne Portugal, s&lfies est un livre strictement et simplement agencé. Sur chaque page de gauche se trouve un dizain ; sur chaque page de droite se trouve un selfie. Le tout forme un éloge de la gratuité, rare et délicieux.
Le Goncourt est-il une fête ?
Le critique Arnaud Viviant se plonge dans l’histoire du prix Goncourt et de ses frères. Il en tire une réflexion enlevée et honnête qui ondoie autour de questions vieilles comme les prix eux-mêmes : l’entre-soi, l’argent, le plaisir social…