Soleil
Notre dossier ensoleillé s’ouvre en célébrant le mariage des sciences et des arts. L’article inaugural est donc signé d’un chercheur de l’Institut de la Recherche pour le Développement. Il est accompagné par l’hommage à deux écrivains lus par Arnaud Viviant et Frédéric Ciriez, mis en musique par les Beatles et Marc Porée, et mis en scène par la grande Ariane Mnouchkine, tant aimée par Dominique Goy-Blanquet. Il manquait une touche sépia : elle se nomme héliographie.
Voir l’invisible chaleur du soleil
2023, il suffit d’ouvrir un journal ou un écran pour avoir quelques inquiétudes sur un phénomène que nous ne nommerons pas. Pour en savoir plus, nous avons sollicité le savoir de chercheurs de sciences dures. Olivier Dangles est le premier, qui nous mène jusqu’à l’Altiplano péruvien à hauteur de lézards.
Le sel des Maures
Comme seuls les vrais écrivains savent le faire avec grâce, Frédéric Ciriez a répondu à notre solaire sollicitation par l’hommage à un pair : un écrivain nommé Georges Navel, auteur de Travaux (1945). Toi qui t’apprêtes à lire ces lignes au réalisme fantasque et à la magie sociale, prolonge-les par la lecture de ce livre formidable, tu comprendras.
Énergies Sollers
Sollers – Solaire : et si c’était plus qu’un jeu de mots, plus qu’une coïncidence ? Songeant à la disparition récente d’un écrivain qui prisait la joie et les lumières, nous avons demandé à Arnaud Viviant, le lecteur et l’ami, de lui rendre un hommage. Vous y lirez à la fois un éloge de la citation jaune orangé, une méditation jaune citron sur la-vie-la-mort-l’amour, et le portrait jaune rimbaldien d’un homme plus secret que ce que sa chatoyante image signale.
Glorious Planet Sol
Arianne Mnouchkine est une des plus grandes artistes de notre temps. Ses mises en scène, son esprit de troupe, son esthétique et ses engaments ont marqué Dominique Goy-Blanquet, qui propose ici une traversée personnelle de son œuvre : souvenirs éblouis, indignations partagées, amours shakepeariennes… Bienvenue au Théâtre du Soleil.
Et George Harrison se fit une place au soleil
En avril 1969, un jour qu’il s’est mis au vert, George Harrison jette les bases de ce qui deviendra « Here Comes the Sun ». La paperasse, les contrats à signer, l’habitus professionnel des hommes d’affaires que les Beatles sont devenus – très peu pour lui. Et si aller au bureau d’Apple Corps lui pèse comme d’aller à l’école, alors où mieux sécher les cours que dans un jardin du Surrey ?
L’héliographie, naturellement
La photographie ne s’est pas toujours appelée photographie. Elle porta, un temps – le temps d’avant sa naissance officielle – le nom d’héliographie, que l’on pourrait traduire par « Écriture du soleil ». Retour sur sa genèse et quelques-uns de ses avatars.
Le deuxième volet du « Soleil » fait la part belle à la littérature. L’imagination jaune-néo-roman de Maurice Mourier croise celle de Jérôme Meizoz, caniculaire. Elle s’en va vers un théâtre de feu aux couleurs myriam-marzoukiennes et vers une traversée colorée de l’art des devises et de la poésie concrète, signée Emmanuel Rubio. Mais elle ne pouvait se passer de la géographie honorée par un chaleureux Jean-Louis Tissier. Ni de la philosophie occidentale, née en Grèce, pays de soleil, d’ombres et de cavernes.
Soleil concret
Et si les courses de têtes du Roi-Soleil avaient offert un poème cinétique concret, dont ne s’approchent aujourd’hui que les manifestations de rue ? Autour, cette fois, d’un « soleil cou coupé » assurément plus sombre. Approche double, critique et concrète, d’un renversement d’astre, signée Emmanuel Rubio, à qui aucune des facettes de la lettre n’échappe.
Où le soleil a rendez-vous avec la géo
Les lignes que vous allez lire sont une rêverie savante, née de l’esprit de Jean-Louis Tissier, géographe plein de connaissances et d’humour. Sous sa plume éclairée, se déroule un inventaire qui traverse le temps et les continents suivant les courses du soleil autour de la Terre. Une manière de définition de ce qu’est la géographie.
Le soleil grec, condition de la connaissance
Le destin de la philosophie grecque est indissociable du soleil. Condition de toute visibilité, le soleil y occupe une place centrale dans le domaine de la connaissance où il est l’incarnation physique du critère du savoir, et dans le domaine politique où il participe de la publicité propre au régime démocratique grec athénien. Le voici qui brille sous la plume d’Emma Carenini, professeur de philosophie.
Les nouvelles ailes d’Icare : entretien avec Myriam Marzouki
À l’heure où nous écrivons, s’achève la tournée de Nos ailes brûlent aussi, une pièce écrite par Sébastien Lepotvin et Myriam Marzouki, qui l’a également mise en scène. Le soleil et le feu n’y sont plus seulement des images, ni des objets scientifiques. Ils y sont des objets brûlant sur un plateau, porteurs d’une lumière inattendue sur l’histoire récente de la Tunisie.
Troisième volet. Il essaime en de multiples directions. L’astrophysique et la poésie lyrique, rendez-vous aussi exquis que les cadavres du même nom. L’enfance, le père, le Liban et la Ruhr vus par Oliver Rohe. La chapelle Sassetti, à Florence, passée au révélateur par Stéphane Toussaint. Le monde entier parcouru par les bottes de sept lieues, en toile, de Sophie Ehrsam. Il fallait des miscellanées signées Hugo Pradelle pour brouiller les pistes en mode pop.
En attendant le soleil
Le soleil évoque tant de choses qu’il semble impossible d’en faire le tour ! Comme par défi, on peut s’y atteler en proposant un abécédaire incomplet et subjectif. Une façon d’ouvrir quelques pistes de réflexion et, peut-être, de donner envie de relire des albums de Tintin, des poèmes de Pierre Reverdy, des romans de Bernanos ou de Calvino, d’aller visiter l’Égypte ou de revoir Top Gun Maverick…
Le Soleil de Ficin
Au XVe siècle, à Florence, le philosophe Marsile Ficin identifiait le Soleil à Dieu, puissance à l’éclat et à la bonté infinis. Une cosmologie solaire que Stéphane Toussaint déploie en se penchant sur la tombe de Francesco Sassetti, sise dans la chapelle du même nom, au cœur de la basilique florentine de Santa Trinita.
Ce radieux mais agité Soleil : récit d’une vie quotidienne autour de notre fascinante étoile
Que ce soient les Grecs de l’Antiquité, les Mayas en Amérique centrale ou les Pharaons d’Égypte, le Soleil a souvent joué un rôle central dans l’imaginaire et les croyances humaines sur tous les continents. Mais qu’est-ce donc que le Soleil ? Ce bref récit décrira notre étoile et son fonctionnement non pas comme une divinité mais avec une approche rationnelle, celle des sciences modernes et de l’astrophysique en particulier.
Toison d’or et robe couleur de soleil
Soleil et textile : avec la dextérité d’une brodeuse, Sophie Ehrsam tire plusieurs fils dorés qui traversent les siècles et les pays. Vous y croiserez toutes sortes d’animaux, d’étoffes, d’habits et de couleurs merveilleuses.
Un soleil de chien
Écrivain né à Beyrouth qui a grandi dans des langues mêlées, auteur d’un lumineux Chant Balnéaire où exulte l’enfance, Oliver Rohe a rarement évoqué son père. Qui apparaît ici, derrière un blond paravent ajouré.
Soleil (triptyque)
Poète au lyrisme engagé, Christophe Manon nous a offert une magnifique ode en trois temps, triptyque amoureux du soleil, de l’amour et d’une mystérieuse absente. Les mots y dansent et y prient avec l’ardeur que voici – écoutez :
Canicules italiennes
Est-ce parce qu’il est suisse ? Parce qu’il est Jérôme ? Parce qu’il est Meizoz ? Parce qu’il est écrivain et professeur de lettres ? Quoi qu’il en soit, il a un imaginaire et un rythme envoûtants que cristallise le petit conte caniculaire qui suit.
Il faut qu’une fenêtre soit ouverte ou fermée
Deux plages solaires encadrent – enserrent ? – une plage plutôt nocturne. L’ensemble composite a peut-être un sens. Sauras-tu le trouver dans l’image ? La question vous est posée par l’écrivain Maurice Mourrier imaginant une maison traversée par un soleil rose et changeant, des enfants, des amants, un chat.
Ce quatrième volet est le seul où l’on bronze avec insouciance, sous l’œil lettré de Claude Grimal. Celui de Suzanne Doppelt fait affleurer des échos d’une métaphysique du farniente qui en jouxte une autre, bretonne, signée Stéphane Crémer. Le vent nous mènera vers les cités du soleil évoquées par Marc Lebiez, et à l’inverse, au fond du Wisconsin où a grandi « a young boy » nommé Steven. Soleil signifie encore jeunesse et espoir : vous lirez trois inédits de plumes de moins de trente ans.
Bains de soleil
S’exposer au soleil pour guérir, se gorger de soleil pour bronzer et séduire : qu’il soit médical ou esthétique, le bain de soleil est un topos que l’on retrouve dans plusieurs chefs d’œuvre littéraires du XXe siècle. L’exposé qui suit est à lire avec un tube d’écran total.
« Sun » ou « Son » ?
Parisien d’adoption, Steven Sampson a grandi dans le Wisconsin, à Milwaukee. Le soleil ? L émotivités français a immédiatement fait naître en lui sa traduction et son faux jumeau, « sun » et « son ». Une confusion que l’enfant et l’adolescent Sampson ont entretenue sur fond de musique pop et rock.
Soleil-utopie
L’île d’Utopie est bien entendu « nulle part », mais de préférence dans une contrée ensoleillée, du moins métaphoriquement. Là, le soleil est celui du bonheur. Et celui de la raison ? Cela reste à voir. Des ombres existent.
De fil en aiguille
Écrivain et éditeur de livres d’art, Stéphane Crémer collabore avec une famille d’artistes et de poètes amis. Il vit en Bretagne entre terre et mer, au fil de marées et de soleils blancs qui lui ont inspiré une rêverie pleine d’enfance et de créatures biscornues.
O sole nero
Écrivain, photographe, un peu diablesse, Suzanne Doppelt engage une ritournelle sans début ni fin mais un fil, un film qui éteint tout en les ravivant les couleurs. Hors temps, peut-être en Italie.
Trois jeunes rayons
Notre dossier Soleil fut l’occasion de proposer à trois jeunes plumes jamais publiées d’écrire un texte. Les voici, ils sont de tons entièrement divergents: romantique, rocailleux ou insouciant, au choix.
Le mois d’août grésille, il fait chaud, on voudrait paresser en s’instruisant. On pourra alors s’aventurer aux pays de Tintin, guidé par Michel Porret ; au Mexique, guidé par Gilles Tiberghien ; dans l’œuvre de Matisse évoquée par une vraie guide, Amélie Sabatier. Vous aimez la brièveté ? Vous aurez quelques haïkus neufs. Vous profitez de la Méditerranée ? Elle est présente dans la nouvelle d’Aziz Chouaki. Mais plus lointaine dans La porte du soleil, le roman d’Elias Khoury célébré par Sonia Dayan-Herzbrun.
Le soleil comme la mort
Philosophe, historien de l’art, marcheur, Gilles Tiberghien traverse les zones brûlantes du continent américain depuis de nombreuses années. Il note, compare, songe, se souvient de lectures. Le soleil, souvent cruel, lui a inspiré la méditation qui suit.
Matisse : un soleil noir
L’utopie solaire de Hergé
Vous n’imaginez pas tout ce que charrient l’imagination d’Hergé et celle de Michel Porret, tintinophile et curieux de tout. Bienvenue au pays du soleil des Incas et des éclipses oraculaires. Un hommage à l’Aventure.
L’exil palestinien comme épopée solaire
Il est des romans dits solaires. À cause de l’émotion qu’ils procurent, de la richesse de leur structure, de leur portée historique et politique. Et pour certains, parce qu’ils parlent d’une terre aride et déchirée par un trop long conflit. On entre dans celui d’Elias Khoury par la porte du soleil et de la tragédie mêlés.
« D’amour », une nouvelle d’Aziz Chouaki
D’amour est une des premières nouvelles écrites par Aziz Chouaki, né en 1951 à Tizi Rached, en Kabylie. C’était en 1988, à Alger, les émeutes font espérer une percée démocratique, mais elles donnent lieu à l’émergence du Front islamique du salut. Chaque semaine, Le Nouvel Hebdo publie une nouvelle d’Aziz Chouaki en précisant « Ceci est une fiction ». Peu après, le nom de l’écrivain apparaît sur les murs des mosquées d’Alger parmi la liste des personnes à abattre. Menacé de mort, il fuit en France en janvier 1991. À la fin de l’année, le FIS remporte les élections municipales.
Haïkus
Le haïku est pour beaucoup la forme brève par excellence. Il est né dans le Japon du XVIIe siècle, avant de conquérir la poésie occidentale au XXe siècle. Comme par jeu, EaN a proposé à des poètes contemporains – d’André Velter à Aurélie Foglia – de se saisir de cette forme contrainte et d’écrire des poèmes autour du soleil.
L’été s’achève, la rentrée se profile, le dernier volet de notre dossier Soleil glorifie la poésie sous l’œil de trois femmes : Marielle Macé qui célèbre l’œuvre d’Etel Adnan ; Chloé Thomas qui commente « Sun », poème dont les échos ont franchi l’Atlantique ; Emmanuelle Gallienne que ses rêves mènent au pied d’un Kilimandjaro flouté. Hélas la réalité persiste : pénuries d’eau et barrages font l’objet d’un entretien avec la géographe Silvia Flaminio. Alors bronzez avec modération, buvez avec raison mais lisez jusqu’à plus soif.
Trois soleils d’Etel Adnan
Eau, sécheresse, barrages, médias : entretien avec Silvia Flaminio
Dans un monde qui se réchauffe inexorablement, le soleil est un danger climatique qui se traduit par sécheresses et pénuries d’eau. L’excès de soleil, que l’on appelle encore « beau temps », est de plus en plus associé à des risques que l’on peine à penser. Nous en avons parlé avec Silvia Flaminio, géographe spécialisée dans l’étude des barrages hydrauliques et de leur médiatisation.
Rayons glacés sur terre dévastée
Chloé Thomas a signé récemment un étonnant Parce que la nuit, rêverie très documentée sur le sommeil et son absence. Comme si résonnaient en elle les échos transatlantiques de Because the night, la voilà qui propose une étude savante d’un poème de Michael Palmer intitulé « Sun ».
Utraviolets
Dans un pays du continent africain situé juste en dessous de l’équateur, un homme échafaude une conférence sur le soleil, son ennemi de toujours. Une fiction méditative et surexposée, signée Emmanuelle Gallienne.