178

Journal de la littérature, des idées et des arts 12/07 – 18/07

En attendant Nadeau

Soleil, pavage typographique citron
Soleil © Delphine Presles

Dossier Soleil

Notre dossier ensoleillé s’ouvre en célébrant le mariage des sciences et des arts. L’article inaugural est donc signé d’Olivier Dangles, chercheur de l’Institut de la Recherche pour le Développement. Il est accompagné par l’hommage à deux écrivains lus par Arnaud Viviant et Frédéric Ciriez, mis en musique par les Beatles et Marc Porée, et mis en scène par la grande Ariane Mnouchkine, tant aimée par Dominique Goy-Blanquet. Il manquait une touche sépia : elle se nomme héliographie.

Éditorial

Sous le soleil exactement

« Le soleil est nouveau tous les jours », écrit Héraclite. Et, comme lui répondant, Ludwig Wittgenstein assène : « Que le soleil se lèvera demain est une hypothèse. » C’est entre ces deux pôles que l’équipe d’En attendant Nadeau vous propose un hors-série consacré au soleil. Une manière d’explorer la fascination qu’exerce sur nous cet astre ambigu, les images qu’il fait surgir, sa place dans nos vies et nos imaginaires. Un panorama chatoyant conçu par Cécile Dutheil de la Rochère à découvrir chaque mercredi du 12 juillet au 16 août.

Sommaire

Christos A. Chomenidis
Le Phénix
par Ulysse Baratin
Marcel Jaeger
Principes et pratiques d’action sociale. Sens et non-sens de l’intervention sociale.
par Aissa Kadri
Lecture du jour
La république ensanglantée ducange
« Peinture rouge et blanche », Antony Hill (1930) © CC BY 2.0/Pedro Ribeiro Simões/Flickr

L’héritage d’une révolution bâillonnée

L’historien Jean-Numa Ducange examine, dans La République ensanglantée, les moments révolutionnaires, souvent oubliés, qu’a connus l’Allemagne pré-hitlérienne.
photographie du soleil par un télescope
Soleil © CC BY 2.0/Paul Stewart/Flickr

Voir l’invisible chaleur du soleil

2023, il suffit d’ouvrir un journal ou un écran pour avoir quelques inquiétudes sur un phénomène que nous ne nommerons pas. Pour en savoir plus, nous avons sollicité le savoir de chercheurs de sciences dures. Olivier Dangles est la premier, qui nous mène jusqu’à l’Altiplano péruvien à hauteur de lézards.

Dossier soleil, terre craqueléé
Sel et craquelures © CC BY 2.0/Ikhaan/Flickr

Le sel des Maures

Comme seuls les vrais écrivains savent le faire avec grâce, Frédéric Ciriez a répondu à notre solaire sollicitation par l’hommage à un pair : un écrivain nommé Georges Navel, auteur de Travaux (1945). Toi qui t’apprêtes à lire ces lignes au réalisme fantasque et à la magie sociale, prolonge-les par la lecture de ces Travaux, tu comprendras.

Graal : Philippe Sollers ésotérotique
Philippe Sollers © Jean-Luc Bertini

Énergies Sollers

Sollers – Solaire : et si c’était plus qu’un jeu de mots, plus qu’une coïncidence ? Songeant à la disparition récente d’un écrivain qui prisait la joie et les lumières, nous avons demandé à Arnaud Viviant, le lecteur et l’ami, de lui rendre un hommage. Vous y lirez à la fois un éloge de la citation jaune orangé, une méditation jaune citron sur la-vie-la-mort-l’amour, et le portrait jaune rimbaldien d’un homme plus secret que ce que sa chatoyante image signale.

Joséphine Derenne, Jean-Pierre Marry, Julien Maurel, Georges Bigot, Odile Cointepas, Maurice Durozier, Hélène Cinque dans La Nuit des rois au Théâtre du Soleil
Joséphine Derenne, Jean-Pierre Marry, Julien Maurel, Georges Bigot, Odile Cointepas, Maurice Durozier, Hélène Cinque dans La Nuit des rois au Théâtre du Soleil © Michèle Laurent

Glorious Planet Sol

Arianne Mnouchkine est une des plus grandes artistes de notre temps. Ses mises en scène, son esprit de troupe, son esthétique et ses engaments ont marqué Dominique Goy-Blanquet, qui propose ici une traversée personnelle de son œuvre : souvenirs éblouis, indignations partagées, amours shakepeariennes… Bienvenue au Théâtre du Soleil.

Here comes the sun © CC BY-SA 2.0/Debaird/Flickr

Et George Harrison se fit une place au soleil

En avril 1969, un jour qu’il s’est mis au vert, George Harrison jette les bases de ce qui deviendra « Here Comes the Sun ». La paperasse, les contrats à signer, l’habitus professionnel des hommes d’affaires que les Beatles sont devenus – très peu pour lui. Et si aller au bureau d’Apple Corps lui pèse comme d’aller à l’école, alors où mieux sécher les cours que dans un jardin du Surrey ?

Auguste Mestral, Galerie du cloître, église Saint-Pierre de Moissac
Auguste Mestral, Vue intérieure d’une galerie du cloître, église Saint-Pierre / CC 0/Musée d’Orsay/Wikipedia

L’héliographie, naturellement

La photographie ne s’est pas toujours appelée photographie. Elle porta, un temps – le temps d’avant sa naissance officielle – le nom d’héliographie, que l’on pourrait traduire par « Écriture du soleil ». Retour sur sa genèse et quelques-uns de ses avatars.

Contribuez à l’indépendance de notre espace critique

À la Une du n° 178

Oliviers par Van Gogh pour Philippe Gardy, Henri Iréneée Marrou
Van Gogh, « Les oliviers » ( 1889) © CC0

Quand Henri Irénée Marrou écrivait des poèmes en provençal

Philippe Gardy révèle au public un carnet de poèmes en provençal qu’écrivit au cours de son adolescence le grand historien Henri Irénée Marrou, alias Henri Davenson.
Portrait de Kundera en 1980
Milan Kundera (1980) © CC0/Elisa Cabot/Wikimedia

L’héritage de Milan Kundera

Milan Kundera, né à Brno le 1er avril 1929, est mort à Paris le 11 juillet 2023. Romancier complexe, entre les langues, entre les histoires aussi, théoricien majeur de la littérature, il a porté un certain art du refus à son paroxysme. Radical et lucide, il n’a jamais cédé aux sirènes de la gloire et de la notoriété. Norbert Czarny, son ancien étudiant, nous invite à une traversée sensible et personnelle de son œuvre.

Jindřich Štyrský et Toyen, peintres pour le mouvement surréaliste tchèque
Jindřich Štyrský et Toyen, peintres pour le mouvement surréaliste tchèque en 1929 ( Skupina surrealistů )

Vues de l’Est

L’actualité éditoriale concernant l’Europe centrale et la Russie demeure soutenue, qu’il s’agisse d’œuvres littéraires traduites ou d’études universitaires et journalistiques. Ce sont des publications souvent originales, sinon essentielles, pour la connaissance de cette partie de notre continent trop délaissée. Aussi revenons-nous ici sur quelques publications du premier semestre 2023 qui pourraient éclairer vos vacances, et pas seulement si vous voyagez dans ces contrées.

Illustration de Premières armes par Pier Antonio Quaranotti Gambini
Trieste, Chateau de Miramare (2015)

Un roman de formation de Gambini

Trieste est un mythe et, comme pour bien des mythes, la vision que nous en avons est déformée et partielle. Nous connaissons les grands noms, Svevo et Saba, nous méconnaissons tous ceux qui ont vécu, écrit dans cette ville ou sa périphérie, Bazlen, Slataper, Stuparich ou Quarantotti Gambini. De ce dernier, mort en 1965, on découvre  Premières armes.

Couverture Le monde de Maus par Hillary Chute
« Le monde de Maus » © Flammarion

Attraper Maus

Le monde de Maus réunit une vingtaine d’articles consacrés au célèbre roman graphique d’Art Spiegelman, œuvre révolutionnaire par sa forme comme par sa manière de traiter de la Shoah.



Fernand léger pour Les deniers maîtres de Perez
« Nature morte à la table rouge », Fernand Léger ( 1920) © CC0 1.0

Les « maos » et les « situs »

D’un côté, les maoïstes ; de l’autre, les situationnistes. Deux livres, dus respectivement à Gabriel Perez et à Frank Perrin, racontent les refus et les échecs de deux groupes qui furent influents dans les années 1960-1970.



Escalier style Escher pour Les idylles de la complicité de Carl Watson
Valve © CC BY 2.0 / Rob Oo / Flickr

La syntaxe des ressemblances

Dans Les idylles de la complicité, l’écrivain et poète américain Carl Watson parvient à convertir un monde cruel ou absurde en littérature, à travers l’histoire d’un couple qui se dispute à Chicago puis se dissout dans le sous-continent indien.
Photo d'une échelle de piscine pour l'art de nager le crawl de Johnny Weissmuller
Pool ladder © CC BY-SA 2.0/Ben Schumin/Flickr

Nages libres et entravées

Johnny Weissmuller (1904-1984) et Alfred Nakache (1915-1983) n’ont rien en commun sauf d’avoir été nageurs et d’avoir été tous d’eux animés du désir de faire partager à autrui la liberté et la rigueur de l’activité aquatique. Deux livres permettent de le constater.

atherine Geel et Catherine Brunet, Le design. Histoire, concepts, combats , chaises New York
New York, NY 117 © CC BY 2.0 /Design for Health/ Flickr

L’ambiguïté du design

Le design est chose ambigüe : au mieux, il est une philosophie de l’habiter, une esthétique, voire une politique ; au pire, il est une économie de la communication, un marketing, voire un système de la consommation. Tout dépend de la façon dont on aborde cet objet polymorphe, voire protéiforme, de la modernité. Catherine Geel et Claire Brunet explorent cette multiplicité dans une petite somme en édition de poche.

Peinture banlieue pour A la base c'était lui le gentil de ramses Kefi
Banlieue Nord ©CC BY-SA 2.0 / Frédéric Glorieux / Flickr

« Un enfant de 13 ans qui meurt aurait dû faire plus de bruit » 

Après avoir couvert les « rixes entre bandes » pour le journal Libération, Ramsès Kefi revient sur ce sujet dans un ouvrage intitulé À la base, c’était lui le gentil, qui fait se croiser les témoignages d’adolescents, de professeurs, d’éducateurs et d’élus locaux. L’auteur répond  pour EaN aux questions de Julien Mucchielli.

Et toujours à la Une du n° 177

Portrait de Batia Baum issu du film Talismans d’Henry Colomer © Henry Colomer

Batia Baum, la nécessité de la traduction

Batia Baum, enseignante et traductrice du yiddish, est décédée le 24 juin dernier. Son amie Carole Ksiazenicer-Matheron lui rend hommage en nous rappelant son rapport au yiddish, sa pratique extraordinaire de la traduction, son rôle essentiel dans la survie de cette langue et dans le passage par son truchement d’œuvres d’une grande diversité.

Talismans d’Henry Colomer © Henry Colomer

Filmer Batia Baum

En parallèle de l’hommage personnel que Carole Ksiazenicer-Matheron rend à son amie Batia Baum, traductrice du yiddish qui vient de disparaître, EaN vous propose de regarder une section du film d’Henry Colomer intitulé Talismans qui lui est consacrée. On y découvre la traductrice au travail, avec d’autres, en lectrice aussi, qui partage une langue complexe et des textes bouleversants.

« La justice au charbon » 

La mine en procès dirigé par l’historien Philippe Artières est d’abord un bel objet, un riche recueil d’archives et d’illustrations, qui décrit et précise la manière dont la catastrophe, qui eut lieu le 4 février 1970 à Fourquières-lès-Lens, et les luttes auxquelles elle donna lieu, ont changé radicalement les modalités de la contestation sociale telle qu’elle s’était déroulée jusque-là dans les bassins miniers français.

Retraduire Zorn

Olivier Le Lay propose une nouvelle traduction magistrale de Mars, récit autobiographique de Fritz Zorn, dans lequel l’auteur suisse germanophone tente, par le langage, de comprendre et conjurer le mal qui l’accable : son cancer. En parallèle de la lecture de Jean-Luc Tiesset, EaN propose un entretien avec un traducteur remarquable qui explique son rapport au roman et explique sa conception de la traduction elle-même.

Fritz Zorn ranimé

La retraduction de Mars par Olivier Le Lay, près d’un demi-siècle après sa parution, se fait dans un contexte très différent alors que s’exprime à nouveau un peu partout l’espoir d’une société plus juste, plus égalitaire, plus respectueuse de l’individu et de ses choix. Dans ce nouveau paysage social et littéraire, le brûlot de Fritz Zorn méritait sans aucun doute d’être ranimé.

Consultez le deuxième volet du numéro :