178
Journal de la littérature, des idées et des arts 02/08 – 08/08
En attendant Nadeau

Dossier Soleil
Ce quatrième volet est le seul où l’on bronze avec insouciance, sous l’œil lettré de Claude Grimal. Celui de Suzanne Doppelt fait affleurer des échos d’une métaphysique du farniente qui en jouxte une autre, bretonne, signée Stéphane Crémer. Le vent nous mènera vers les cités du soleil évoquées par Marc Lebiez, et à l’inverse, au fond du Wisconsin où a grandi « a young boy » nommé Steven. Soleil signifie encore jeunesse et espoir : vous lirez trois inédits de plumes de moins de trente ans.
Éditorial
Sous le soleil exactement
Sommaire
Le Phénix
par Ulysse Baratin
Principes et pratiques d’action sociale. Sens et non-sens de l’intervention sociale.
par Aissa Kadri

Pour que nos vies aient un sens
Dans les deux conférences que contient ce livre, la philosophe américaine Susan Wolf remet en cause la conception dominante des raisons d’agir en analysant celles qui, d’un point de vue subjectif ou objectif, sont susceptibles de donner sens à nos vies.

Bains de soleil
S’exposer au soleil pour guérir, se gorger de soleil pour bronzer et séduire : qu’il soit médical ou esthétique, le bain de soleil est un topos que l’on retrouve dans plusieurs chefs d’œuvre littéraires du XXe siècle. L’exposé qui suit est à lire avec un tube d’écran total.

« Sun » ou « Son » ?
Parisien d’adoption, Steven Sampson a grandi dans le Wisconsin, à Milwaukee. Le soleil ? Le mot français a immédiatement fait naître en lui sa traduction et son faux jumeau, « sun » et « son ». Une confusion que l’enfant et l’adolescent Sampson ont entretenue sur fond de musique pop et rock.

Soleil-utopie
L’île d’Utopie est bien entendu « nulle part », mais de préférence dans une contrée ensoleillée, du moins métaphoriquement. Là, le soleil est celui du bonheur. Et celui de la raison ? Cela reste à voir. Des ombres existent.

De fil en aiguille
Écrivain et éditeur de livres d’art, Stéphane Crémer collabore avec une famille d’artistes et de poètes amis. Il vit en Bretagne entre terre et mer, au fil de marées et de soleils blancs qui lui ont inspiré une rêverie pleine d’enfance et de créatures biscornues.

O sole nero
Écrivain, photographe, un peu diablesse, Suzanne Doppelt engage une ritournelle sans début ni fin mais un fil, un film qui éteint tout en les ravivant les couleurs. Hors temps, peut-être en Italie.

Trois jeunes rayons
Notre dossier Soleil fut l’occasion de proposer à trois jeunes plumes jamais publiées d’écrire un texte. Les voici, ils sont de tons entièrement divergents: romantique, rocailleux ou insouciant, au choix.
À la Une du n° 178

Les poètes brésiliens sont vivants
Voici une nouvelle anthologie de la poésie brésilienne, dans laquelle l’accent est mis sur une poésie contemporaine urbaine, ouverte sur le monde extérieur. Elle rassemble les voix de poètes qui portent un regard neuf sur le monde, sur le Brésil, oscillant entre grâce et disgrâce.

À la découverte d’une anthropologie critique
Tradition critique réunit quelques-uns des principaux essais du grand anthropologue américain Talal Asad, encore trop peu connu en France. Ils sont encadrés par un avant-propos et une postface dans lesquels le professeur émérite à la City University of New York réfléchit sur les épisodes de son existence qui ont accompagné son cheminement intellectuel.

Une colonisation à petit prix
Les quinze années d’étude que Denis Cogneau, professeur à l’École d’économie de Paris et spécialiste de l’Afrique, a consacrées au sujet de la colonisation lui permettent d’invalider nombre d’analyses antérieures, chiffres à l’appui. Toutefois, il est certain que ses conclusions ne satisferont ni les contempteurs de la colonisation ni ses thuriféraires.

Le Questionnaire de Bolaño : Christine Montalbetti
Régulièrement, En attendant Nadeau interroge un écrivain ou une écrivaine à l’aide du « Questionnaire de Bolaño », créé par Emmanuel Bouju, avec la collaboration de Christian Galdón Gasco et Amanda Murphy. C’est au tour de Christine Montalbetti de nous fournir ses réponses.

Un angle mort du partage colonial
Au Humboldt-Forum de Berlin, l’exposition d’une grande pirogue a suscité de vives polémiques : elle est devenue le symbole du colonialisme allemand. Cet épisode de l’histoire a été mis en poèmes cinglants par Volker Braun.

Éditer Dovlatov
Les éditions La Baconnière poursuivent leur travail au long cours d’édition et de réédition de l’œuvre de Sergueï Dovlatov (1941-1990), un auteur très populaire de nos jours en Russie. Dovlatov, c’est un style alerte et laconique, apte souvent à provoquer l’hilarité des lecteurs.

Les mythonnages de Laura Vazquez
Le Livre du large et du long, de Laura Vazquez, est la tentative obstinée – au fondement de toute poésie – de se tenir face à ce qui se dérobe, de retenir le réel dans le cercle des mots, de questionner leur adéquation, leur légitimité.

Lettre à un ami poète
Son homonyme sociologue est une référence dans sa matière. L’autre Jean-Pierre Le Goff aussi, mais la matière n’est pas la même : pour lui, c’est de poésie qu’il s’agit. François-René Simon lui consacre un article sous la forme d’une lettre qu’il adresse à son vieil ami.

Chemins lumineux de la poésie
Le poète Joël Vernet, qui écrit comme il marche, toujours à l’affût de ce qui peut lui faire signe, vient de publier trois recueils dans lesquels il ne cesse de chercher une fraternité avec tout ce qui vit, la fraîcheur d’un regard d’enfant qu’il retrouve sur les êtres et les choses.

Bobin, malgré tout
Le muguet rouge, dernier recueil de Christian Bobin, mort en novembre dernier, ainsi que ses Œuvres choisies, révèlent un grand poète, un auteur capable de transformer une vision en une seule phrase.

Un journaliste français clairvoyant sous Hitler
Peu nombreux furent les journalistes et écrivains français présents à Berlin entre 1933 et 1938 qui comprirent ce qui se déroulait sous leurs yeux. Géraud Jouve, auteur de Mon séjour chez les nazis, compte parmi ces rares intellectuels lucides.

Écrire sur les images d’écrivains : Entretien avec Anne Reverseau et Jessica Desclaux
La mise en scène du corps et du visage des écrivains, et plus généralement les conditions matérielles de l’écriture, sollicitent de plus en plus l’attention des chercheurs. EaN interroge les deux autrices de l’ouvrage Murs d’images d’écrivains. Dispositifs et gestes iconographiques (XIXe-XXIe siècle).

Chant pour la personne innombrable
Une magie ordinaire, roman de l’écrivain togolais francophone Kossi Efoui, est une œuvre de mémoire bouleversante et superbe de simplicité. Loin d’être une déploration funèbre, ce récit de filiation est la perpétuation d’une conversation entre l’auteur et sa mère.

Le roman de Balla
Dans ce récit très autobiographique de Balla Fofana, il est question d’exil, de pauvreté et de racisme, mais aussi de curiosité, de détermination et de découverte. C’est un roman d’apprentissage en même temps que l’histoire d’un éveil à la littérature.
Le casse-tête des collections coloniales suisses
Selon Claire Brizon, historienne de l’art et muséologue, il va de soi que les collections rassemblées au XVIIe et au XVIIIe siècle par des citoyens suisses dans des pays non européens doivent obéir au même régime que les collections des musées des grandes puissances impérialistes.
Formes du musée moderne
Réunie autour de Simon Texier, une équipe d’architectes et d’historiens propose quelques jalons précis de l’invention du musée moderne, et présente les réalisations qui, en France, ont marqué la période 1930-1970.
L’apprentissage profond
Loin des fantasmes qu’elles suscitent, Yann Le Cun montre, dans Quand la machine apprend, que les intelligences artificielles, auxquelles il manque une représentation du monde, n’ont aucune chance de prendre le contrôle de l’humanité et qu’il nous appartient, d’autre part, de faire d’elles un vecteur de progrès social.