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Journal de la littérature, des idées et des arts 23/10 – 05/11 2024

En attendant Nadeau

Andreï Sobol, Le panopticum
Décor de scène. « Le Coq d’or », Nathalie Gontcharova (1913) © CC0/WikiCommons

Merveille de guingois

Le Panopticum, bref roman d’Andreï Sobol (1888-1926), est une merveille sauvée du désastre. Un bref texte déchirant et grotesque, dans la tradition de Gogol.

Éditorial

Fabriquer du fracas

Le monde est un fracas. Immense, énorme ! Et s’il nous effraie parfois, il nous force à agir aussi. Il nous bouleverse, nous traverse. Nous n’avons pas le choix de l’indifférence ou de la passivité. Il faut s’en débrouiller, l’affronter et s’en abstraire, c’est selon. On se laisse parfois dériver au gré des rêveries ou des souvenirs, d’autre fois on s’engage, on s’insurge, on se mue soi-même en un fracas équivalent. Les livres, les événements, nous obligent, nous forcent à trouver un logement lucide dans le réel.

Sommaire

Tomas Venclova
Nord magnétique. Conversations avec Ellen Hinsey
par Cécile Dutheil de la Rochère
Tomas Venclova
Le chant limitrophe
par Cécile Dutheil de la Rochère
LECTURE DU JOUR
Challah la danse, Dayla Daoud
L’usine de Saint-Maurice-de-Beynost, originellement la seconde usine de la Société lyonnaise de soie artificielle (SLSA) © CC0/Benoît Prieur/WikiCommons

Les périphéries d’avant les périphéries

Avec Challah la danse, Dalya Daoud signe un premier roman particulièrement réussi (et souvent très drôle). L’autrice pose un regard sociologiquement et psychologiquement très juste sur ses personnages, les habitants d’une cité ouvrière de la grande banlieue lyonnaise.
Laure Desmazières I Coupez !
Tournage de film © CC-BY-2.0/leomedias/Flickr

Un scénario impossible

Coupez ! est le premier roman de la scénariste et réalisatrice Laure Desmazières. Plein d’invention et d’humour, il nous plonge avec bonheur dans le monde du cinéma et de ses techniques.
GENEVIÈVE SELLIER, Le Culte de l’auteur-les dérives du cinéma français, Thierry Frémaux, rue du premier film
Cinémathèque de NYC © Jean-Luc Bertini

Le cinéma comme prétexte

On peut parler de cinéma sans paraître manifester le moindre intérêt pour cet art. C’est ce que parviennent à réaliser Thierry Frémaux et Geneviève Sellier dans leurs ouvrages respectifs.

Le prix Goncourt 2024 vient d’être attribué à Houris de Kamel Daoud. Célèbre depuis la parution en  2015 de Meursault, contre-enquête, il est devenu une figure très visible du paysage littéraire francophone. EaN republie l’article sur ce roman ainsi que ceux que nous consacrions à Mes indépendances, Zabor ou les psaumes et l’entretien que nous avons mené avec lui en 2017.


Kamel Daoud, Houris
« Les oiseaux musiciens », Baya (1976) © CC BY-SA 4.0/Bruno Barral/WikiCommons

La langue envoûtante des Houris 

Houris de Kamel Daoud fait entendre une prose sublime et déploie un univers habité par des images fortes. L’écrivain y fait surtout entendre des voix qui résistent dans la terrible guerre civile qui a ravagé l’Algérie.

Ce que peut le chroniqueur

Kamel Daoud rassemble dans Mes indépendances des chroniques qui donnent permanence et lettres de noblesse à une forme brève, dense et percutante.

Défier la langue

Zabor ou les psaumes, le deuxième roman de Kamel Daoud, a l’ambition explicite de concurrencer et de remplacer le texte religieux. C’est dire à quel point le journaliste algérien n’abandonne pas l’audace de son questionnement.

Entretien avec Kamel Daoud

Kamel Daoud parle des personnages de son roman Zabor, Hadjer et Djemila, femmes recluses qui paient pour des fautes qu’elles n’ont pas commises.
Sarah Stern, Les Patientes
« Maternité » © CC-BY-SA-2.0/Chris Power Ilunga Mpako/Flickr

Se laisser dire

Psychiatre et psychanalyste, Sarah Stern nous offre avec Les patientes le récit très personnel de l’activité qu’elle exerça pendant plus de dix ans au sein de la maternité d’un hôpital en Seine-Saint-Denis. Elle nous invite à suivre ses découvertes, ses questionnements, et c’est passionnant.
Emmanuelle Lambert, Aucun respect
Bibliothèque de l’IMEC, aménagée dans l’ancienne abbatiale de l’abbaye d’Ardenne © CC-BY-3.0/Karldupart /WikiCommons

En finir avec les archives

Aucun respect, d’Emmanuelle Lambert, raconte l’initiation d’une jeune femme à la vie parisienne et au monde littéraire. Malheureusement, l’autrice rate ses cibles et le résultat est indigeste.
Jean-Michel André, Chambre 207
« Inculpé Roussel »(Téléphoto du 8 octobre 1985) © AFP/Photographie retravaillée – « Salin de Giraud », (Arles, 2023) © Jean-Michel André

Une quête sans fin

Il y a quarante ans, le père du photographe Jean-Michel André trouvait la mort au cours d’un braquage. Son fils en tire un album d’images qui oscille entre la mémoire et le vide.
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Edna O’Brien, Country Girls
« Jeune irlandaise », Ford Madox Brown (1860) © CC0/WikiCommons

La fille de la campagne

Country Girls réunit les trois premiers romans d’Edna O’Brien, la grande autrice irlandaise disparue en juillet dernier. Une superbe trilogie qui concentre les enjeux d’une œuvre qu’il est passionnant de relire à l’aune de notre époque. 
Edna O’Brien, hommage
Edna O’Brien – Le Conversazion, Capri en 2015 © CC BY-SA 2.0/Alessio Jacona/Wikimedias Commons

Edna O’Brien, l’ardeur du refus

Née en 1930, Edna O’Brien vient de mourir. Son œuvre peut et doit se lire à l’aune d’une immense capacité de refus et de résistance. Ses livres hanteront longtemps ceux qui ont le courage de les lire vraiment, de se plonger dans un univers fascinant et de se laisser habiter par une langue d’une force et d’une audace inouïes.
Didier Fassin, Une étrange défaite. Sur le consentement à l’écrasement de Gaza, La Découverte, septembre 2024, 198 p.,14 €. Joe Sacco, Guerre à Gaza, Éditions Futuropolis, septembre 2024, 32 p., 690 €. Enzo Traverso, Gaza devant l’histoire, Éditions Lux,  octobre 2024, 136 p., 14 €. Agnès Levallois (réunis et présentés par), Le livre noir de Gaza, Éditions du Seuil, octobre 2024,304p., 21,50 €. Gideon Levy, The Killing of Gaza. Reports on a Catastrophe,
Un transport de blessés palestiniens à l’hôpital indonésien de Jabalia, au nord de la bande de Gaza (9 octobre 2023) © CC-BY-3.0/Palestinian News & Information Agency (Wafa)/WikiCommons

Gaza : anatomie d’un massacre

Un certain nombre de livres consacrés à l’actuelle guerre au Proche-Orient viennent de paraître. Ils sont autant de refus de se taire devant la dévastation de Gaza par l’armée israélienne.
Amir Tibon, Les portes de Gaza. Une histoire de trahison, de survie et d’espoir aux frontières d’Israël.
Une maison du kibboutz de Nir Oz après l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas © CC BY SA 4.0/Yael Yolovitch /WikiCommons

Chronique d’un massacre annoncé

Rescapé du massacre du 7 octobre 2023, le journaliste israélien Amir Tibon livre aujourd’hui un récit précis et lucide de l’événement. Le réquisitoire qu’il dresse à l’encontre du gouvernement de son pays est accablant.
Marwan Chahine, Beyrouth, 13 avril 1975. Autopsie d’une étincelle
Checkpoint 4, tenu par des soldats état-uniens et de l’armée libanaise (Beyrouth, 1982) © CC-BY-2.0/James Case/WikiCommons

Un récit possible du Liban

Le 13 avril 1975, l’attaque d’un bus marque le début de la guerre du Liban. Marwan Chahine offre de cet événement un récit humble, drôle et émouvant : non seulement un tombeau pour les victimes, mais aussi une réflexion sur les possibilités de la vérité et de l’écriture de l’Histoire.

Un enfer haut comme trois pommes

Tombée du ciel, premier roman d’Alice Develey, porte un regard très juste sur ce qu’est et ce que n’est pas l’anorexie. Alice, quatorze ans, décrit son parcours dans son cahier en des termes bouleversants.

Histoire d’un effondrement

Le premier roman d’Alix Lerasle, Du verre entre les doigts, raconte la violence inouïe que peut receler un foyer familial. L’autrice parvient à rendre palpable la véritable folie qui s’y propage.