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Journal de la littérature, des idées et des arts 24/01 – 06/02 2024
En attendant Nadeau
Concentrations de Vincent
Après Cézanne et Berthe Morisot, Mika Biermann poursuit avec Trois femmes dans la vie de Vincent Van Gogh sa série de courts romans sur les peintres de la fin du XIXe siècle. Avec une grande originalité, il dépasse les clichés, trouve des moyens pour parler sans artifices de la peinture et d’un artiste. Son bref récit, très audacieux, parvient à toucher au nu de la création et à la joie de l’art.
par Sébastien Omont
| Littérature française
Éditorial
Plusieurs vies
Et si les récits nous faisaient vivre plusieurs vies ? Et si notre vie s’enflammait à condition d’être racontée d’une manière qui la démultiplie, l’augmente, la prolonge, accepte les contradictions et les simultanéités ? La double lecture que propose En attendant Nadeau de Vivre dans le feu, ultime livre signé Antoine Volodine, va dans ce sens.
Sommaire
Terrance Hayes
Sonnets américains pour mon ancien et futur assassin
par Claude Grimal
Sonnets américains pour mon ancien et futur assassin
par Claude Grimal
Donika Kelly
Bestiaire
par Claude Grimal
Bestiaire
par Claude Grimal
Heidegger « historien »
Le cours qu’a dispensé Heidegger à Marbourg durant l’hiver 1926-1927 était consacré à l’histoire de la philosophie de saint Thomas à Kant. À travers cet enseignement, Heidegger montre que l’histoire de la philosophie, loin d’en être un simple appendice, fait partie intégrante de la philosophie elle-même.
par Richard Figuier
| Philosophie
Un écrivain français chez les nazis
André Beucler, auteur quasi oublié du roman Gueule d’amour adapté avec Gabin au cinéma, a été l’un des intellectuels et journalistes les plus important des années 30. Dans le contexte actuel, il semble plus qu’utile de lire ses textes d’une véritable lucidité sur une Allemagne qui s’enfonce peu à peu dans le totalitarisme nazi.
par Jean-Luc Tiesset
| Littérature française
HOMMAGE
Comment Malaurie devint Malaurie
Jean Maulaurie (1922-2024), l’un des ethnologues et géographes français les plus connus, vient de mourir à plus de cent ans. Spécialiste du Grand Nord, explorateur, éditeur, il avait fondé et dirigé la célèbre collection d’anthropologie « Terre humaine » et la revue Inter-Nord. Nous republions, pour lui rendre hommage, un article sur De la pierre à l’âme, son livre-testament paru il y a un an.
par Jean-Paul Champseix
| Essais
Dans la marge d’une biographie
En cherchant pourquoi Michel Foucault a dû quitter précipitamment son poste à Varsovie, Remigiusz Ruzinski offre un tableau documenté et passionnant de la vie homosexuelle et de sa répression dans la Pologne communiste.
par Philippe Artières
| Essais
Histoire d’une trahison
Porté par une écriture d’une grande liberté, De plomb et d’or de François Jonquet parle d’art et d’artistes. C’est à la fois un portrait magistral de Christian Boltanski hissé au rang d’idole et une satire très réussie des milieux de l’art contemporain.
par Cécile Dutheil de la Rochère
| Littérature française
Lectures de jeunesse soviétiques
L’une des premières tâches du régime soviétique fut l’alphabétisation. La réforme scolaire débuta en septembre 1918 et avait pour objectif la diffusion massive de la lecture dans toutes les couches de la société. Le livre de jeunesse fait partie du projet, comme nous le rappelle le bel ouvrage de l’historienne italienne Dorena Caroli.
par Sonia Combe
| Histoire
Musil ou l’art de la distance
L’œuvre romanesque de Robert Musil oblige à penser. Âpre et ardue, profondément ironique, elle nous oblige à des lectures diverses. Les espaces infinis de la fiction y accueillent à la fois une pensée de soi, une démarche spéculative, une réflexion sur la forme du récit et de l’essai, sur la vérité, mais aussi une lucidité politique, une distance profondément nécessaire. Un essai posthume de Jacques Bouveresse et une nouvelle traduction de son premier roman donnent l’occasion idéale de s’y replonger.
L’œuvre romanesque de Robert Musil oblige à penser. Âpre et ardue, profondément ironique, elle nous oblige à des lectures diverses. Les espaces infinis de la fiction y accueillent à la fois une pensée de soi, une démarche spéculative, une réflexion sur la forme du récit et de l’essai, sur la vérité, mais aussi une lucidité politique, une distance profondément nécessaire. Un essai posthume de Jacques Bouveresse et une nouvelle traduction de son premier roman donnent l’occasion idéale de s’y replonger.
Bouveresse, Musil et la philosophie
Dans La passion de l’exactitude, essai posthume issu de conférences données en 2008 et 2010, Jacques Bouveresse se plonge dans l’œuvre de Robert Musil. À la lecture de ce texte vif et passionnant, on ne peut s’empêcher de penser qu’il formule, à travers le prisme du grand romancier autrichien, ses propres diagnostics sur son époque.
par Pascal Engel
| Philosophie
Un nouveau Törless
Sous le titre Les égarements de l’élève Törless paraît une nouvelle traduction, due à Dominique Tassel, du célèbre roman de Robert Musil. Sa tension narrative tient au rapport entre le geste destructeur de son auteur et la construction d’un conte philosophique et spéculatif.
par Marianne Dautrey
| Littérature étrangère
Chronique d’une disparition
Il y avait du poison dans l’air, qui s’achève sur l’explosion du port de Beyrouth en 2020, est sans doute le plus beau roman de Jabbour Douaihy, disparu quelques mois après. Il s’y entend une déclaration d’amour à ses lieux fondateurs, à la vie qui le quittait et s’y porte un regard lucide sur la situation dramatique de son pays.
par Sonia Dayan-Herzbrun
| Littérature étrangère
Comment (encore) lire Sylvain Tesson ?
Au-delà de la polémique qui entoure le parrainage par Sylvain Tesson du « Printemps des poètes », on peut se rendre compte de ce qu’écrit Sylvain Tesson en le lisant. Ambitieux d’exprimer les solitudes essentielles et la grandeur de la nature, il ne le fait quasiment que sous forme de clichés faciles.
par Jean-Louis Tissier
| Littérature française
La guerre dans la forêt
Inspiré d’un fait réel, magistralement composé, Eva et les bêtes sauvages d’Antonio Ungar est un roman de guerre presque paradoxal. Avec une grande liberté, entre chronique et fable, l’écrivain y assume le passage par la fiction pour parler du réel et de la violence de la Colombie de ces dernières décennies.
par Florence Olivier
| Littérature étrangère
Sebald par Lupa
C’est peu dire que le spectacle imaginé par le célèbre metteur en scène polonais Krystian Lupa à partir des Émigrants de W. G. Sebald était attendu. Ambitieux, dense, éprouvant, c’est un moment de théâtre intense dont EaN vous propose deux lectures.
par Dominique Goy-Blanquet et Monique Le Roux
| Théâtre
Des machines intelligentes ?
Le mathématicien et philosophe Daniel Andler admet que l’intelligence artificielle est certes la mutation technoscientifique la plus importante de l’époque récente. Mais il affirme que son nom est usurpé : elle ne sera jamais réellement intelligente ! Un livre rassurant dans un contexte d’emballement médiatique irrationnel.
par Valentine Reynaud
| Sciences
L’esprit divan du lieu
Seize psychanalystes ouvrent les portes de leurs cabinets à Michel Gad Wolkowicz et au photographe Shlomo Israël. On y découvre ainsi les lieux où ils exercent, les objets qui les entourent, une étrangeté, jusqu’à y entendre que, parfois, l’esprit du lieu peut devenir le lieu de l’esprit.
par Patrick Avrane
| Psychanalyse
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Relire Beloved
Pour En attendant Nadeau, Mohamed Mbougar Sarr a relu Beloved de Toni Morrison, dans sa nouvelle traduction par Jakuta Alikavazovic. Comment cette nouvelle interprétation change-t-elle l’un des plus célèbres romans états-uniens du XXe siècle ? D’où vient le sentiment de faire face, de phrase en phrase, à une densité qui surprend tant le lecteur ? Et que nous fait-il ressentir de Toni Morrison aujourd’hui ? L’auteur de La plus secrète mémoire des hommes (prix Goncourt 2021) mène l’enquête.
par Mohamed Mbougar Sarr
| Littérature étrangère
Retour vers le réel
À la lecture d’Identité nomade, on est décontenancé de voir J. M. G. Le Clézio exhiber ce qui, dans sa vie réelle, l’a incité à écrire ses romans. Une démarche surprenante qui fait penser à un prestidigitateur qui dévoilerait ses trucs. Et puis, bien sûr, on comprend que tout autre chose est en jeu.
par Marc Lebiez
| Littérature française
Les débuts de la fin
Parmi la palette d’émotions offertes par la quarantaine de livres classés sous le nom du « post-exotisme » depuis le premier il y a quarante ans, celle qui provient de Vivre dans le feu est toute particulière. Plus encore que les autres, ce roman, présenté comme le dernier d’Antoine Volodine, traite de la fin d’une histoire et d’une vie. Et pourtant, il est entièrement tourné vers une initiation, c’est-à-dire un début. Si l’œuvre signée Volodine s’arrête, celle du post-exotisme continue.
par Pierre Benetti
| Littérature française
Par où point le brasier
Le feu, tel que le conçoit Antoine Volodine dans son dernier roman, nous tient en haleine et nous fascine : il représente un aspect important de ce qui nous arrive dans un monde qui a malheureusement toutes les chances de s’embraser encore davantage.
par Louis Mühlethaler
| Littérature française
Sous les planches aussi, la plage
Plusieurs fois mise en scène et en récit, la révolte du Bounty semble emblématique de l’exploitation violente qui sévit au sein des marines européennes au dix-huitième siècle. Trois ouvrages récents illustrent l’intérêt que suscitent mutins et autres « damnés de la mer » dans l’actualité éditoriale.
par Vincent Milliot
| Histoire
Richard Glazar à Treblinka
Enfin traduit en français, Derrière la clôture verte. Survivre à Treblinka est un ouvrage essentiel pour comprendre le système d’extermination nazi. Le texte de Richard Glazar, témoin essentiel des procès de Treblinka et du Shoah de Lanzmann ouvre un espace de conscience morale pour les survivants.
par Yaël Pachet
| Littérature étrangère
Jean-Philippe Delhomme, les mots du peintre
Dans Studio Poems , un livre petit de taille et discret dans son propos, un livre drôle et friand de critiques mordantes, Jean-Philippe Delhomme entremêle les poèmes, les dessins et deux langues : l’anglais et le français.
par Marie Étienne
| Poésie
Philippe Longchamp, les visions du poète
Les poèmes que Philippe Longchamp a réunis dans son nouveau recueil furent d’abord des lettres, accompagnées de vœux et adressées à des amis pour fêter l’année nouvelle. Et puis il a souhaité les offrir tous à un public plus large.
par Marie Étienne
| Poésie
L’ange passe, le pasteur se promène
Ceux qui appartiennent au jour, le premier livre d’Emma Doude van Troostwijk ressemble à une nature morte. Elle y saisit, avec une grande acuité, des sortes de micro-scènes de l’existence d’une famille de pasteurs protestants. Un récit d’une maîtrise formelle impressionnante qui explore à la fois la mémoire, l’oubli et les mots mêmes qui les expriment.
par Feya Dervitsiotis
| Littérature française
Trouver ses propres mots
Il aura fallu trente ans à Beata Umubyeyi Mairesse pour parvenir à raconter comment elle a pu survivre au génocide des Tutsis en 1994. Avec Le convoi, elle trouve une forme qui lui permet de raconter son expérience et de se réapproprier son passé.
par Jean-Yves Potel
| Littérature française
Enquête critique sur l’exil
Entre 2019 et 2023, la sociologue Anne-Claire Defossez et l’anthropologue Didier Fassin ont adopté pour terrain de leurs recherches la frontière franco-italienne dans le Briançonnais. À l’issue de leur enquête fouillée, ils sont parvenus à une indéniable objectivation des faits qui semble urgente.
par Paul Bernard-Nouraud
| Sciences humaines
Consultez le premier volet du numéro :