Numéro 129

Bouveresse, Flaubert et la bêtise

Jacques Bouveresse, La connaissance de l’écrivain Gustave Flaubert Bouvard et Pécuchet

Cabinet de travail de Flaubert à Croisset, par Georges Antoine Rochegrosse (1874) © Gallica/BnF

Le philosophe Jacques Bouveresse, qui vient de disparaître, pensait que la littérature peut apporter une connaissance, de la réalité, de la vie et de l’éthique. Qu’en aurait dit Flaubert, tenant de l’autonomie absolue de la littérature et dont les 200 ans sont fêtés par une dernière Pléiade ? On peut essayer de se poser ces questions à propos de Bouvard et Pécuchet et de son encyclopédie de la bêtise, dans cette superbe édition renouvelée.
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par Pascal Engel

Traduire le bruit de l’Odyssée

Homère, L’Odyssée. Trad. du grec ancien par Emmanuel Lascoux

Détail des « Aventures d’Ulysse » par Apollonio di Giovanni (entre 1435 et 1445) © Art Institute of Chicago

Il existe déjà une grosse vingtaine de traductions françaises de l’Odyssée, mais celle qu’Emmanuel Lascoux vient de publier propose une rupture nette en tentant de « faire renaître autrement » la biodiversité grecque. Le traducteur privilégie l’oralité, les sons ; le poème d’Homère y gagne un parfum d’aventure, une proximité avec les personnages.
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par Santiago Artozqui

L’énigme Gu Cheng

Gu Cheng, spectre en Ville suivi de Ville et "Sur l'ïle" En attendant Nadeau

Gu Cheng © Gu Xiang

Inespérés, les écrits en vers et en prose du poète chinois Gu Cheng (1956-1993) sont nés en des temps de tourmentes de masse. Claude Mouchard, de la revue Po&sie qui publia les premières traductions de Gu Cheng, lit ces textes aussi clairs que troublants.
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par Claude Mouchard

Menés en bateau

Antonio de Guevara, L’art de naviguer, suivi de Pierre Senges, L’art de faire naufrage

Naufrage du Costa Concordia © Roberto Vongher / CC BY-SA 3.0

Antonio de Guevara voulait dissuader les hommes de s’embarquer : que l’évêque espagnol du XVIe siècle fût totalement incompétent en la matière ne l’empêcha pas de composer L’art de naviguer, assez exhaustif quant aux désagréments des galères. Nuisances auxquelles on peut échapper, comme le rappelle Pierre Senges en seconde partie de ce volume, en pratiquant un bel « art de disparaître » : le naufrage.
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par Jean-Paul Champseix

Le sordide
et le céleste

Gabriel Josipovici met en scène une historienne d’art fascinée par l’œuvre de l’artiste américain Joseph Cornell (1903-1972), connu pour ses boîtes surréalistes. On retrouve l’ambiguïté du romancier dans cette intrigue composée presque entièrement de conversations, cette étude de l’isolement d’un intellectuel.
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par Steven Sampson

Les bêtes en toutes lettres

Une bête entre les lignes est, selon Anne Simon, son auteure, un « livre-monstre » : un essai ambitieux sur ce que la littérature doit aux bêtes. Nadia Tazi rend compte de cet essai, qui analyse la zoopétique à partir de romanciers français et contemporains et compile plusieurs décennies de travaux universitaires, sous la forme d’un abécédaire-bestiaire.
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par Nadia Tazi

La folie John Cowper Powys

Il admirait Dostoïevski et son « pouvoir particulièrement russe de se ruer sur la souffrance » : John Cowper Powys (1872-1963) était un esprit encyclopédique, saturnien et avide de savoir. Son livre le plus inquiétant, Rodmoor, est réédité aujourd’hui au Bruit du temps : une promenade avec l’amour et la mort dédiée aux « mânes d’Emily Brontë ».
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par Linda Lê

« Ce ne sont pas des habitants »

Où sont les “gens du voyage” ? : un Inventaire critique de William Acker

Aires d’accueil à Aulnay-sous-Bois, Strasbourg, Drancy et Avignon © D.R.

Le juriste William Acker nous fait toucher du doigt et de l’œil ce que le bannissement veut dire en 2021, en étudiant la localisation des lieux d’accueil des voyageurs, Manouches, Yéniches, Roms et Gitans dans Où sont les gens du voyage : près des stations d’épuration, des déchèteries ou des décharges, aux abords des chenils ou des abattoirs…
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par Jean-François Laé

Les couleurs de ce qui n’est plus

Mars Violet, d'Oana Lohan : les couleurs de ce qui n'est plus

Oana Lohan © Robbie Lee

Dans la tourmente de l’insurrection bucarestoise du 23 décembre 1989, Dan, la vingtaine, un ami de la narratrice de Mars Violet, est tué d’une balle. Cet évènement est le point mort autour duquel s’organise le premier roman tout en fragments d’Oana Lohan, qui raconte le passage d’une société, d’un pays, d’un âge à un autre.
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par Feya Dervitsiotis

Les escrocs de l’écran

L’arnaque à la nigériane, de Nahema Hanafi : les escrocs de l'écran

Couverture de « L’arnaque à la nigériane » © Anarchasis

Spécialiste de l’écrit épistolaire dans l’Europe des Lumières, Nahema Hanafi s’intéresse à un tout autre genre de lettres : les courriers électroniques envoyés par des escrocs pour arnaquer des internautes en leur faisant miroiter une promesse d’argent. Si L’arnaque à la nigériane démontre l’intérêt de l’ethnographie numérique, l’absence d’enquête sur place laisse dans l’ombre la réalité prosaïque de ce qu’on nomme les « brouteurs ».
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par Julien Bonhomme

L’année nigériane

Manuwa Street, de Sophie Bouillon : 2020, l'année nigériane

Lagos (2019) © Drone photography by Code For Africa/AfricanDRONE

On pourrait croire que le métier de journaliste d’agence est aussi impersonnel qu’une dépêche. C’est tout l’inverse que propose Sophie Bouillon avec Manuwa Street, du nom de la rue de Lagos où, directrice adjointe du bureau de l’AFP au Nigeria, elle vit depuis 2016. Son livre raconte l’histoire d’un tournant : dans la vie d’un pays, mais aussi dans celle d’une journaliste sur place – le tournant de l’année 2020.
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par Pierre Benetti