Numéro 164

 Une aventure critique

Soixante ans de journalisme littéraire de Maurice Nadeau En attendant Nadeau

Maurice Nadeau © Maud Roditi

Le troisième volume de Soixante ans de journalisme littéraire regroupe sur près de 2000 pages l’ensemble des articles publiés par Maurice Nadeau dans La Quinzaine littéraire depuis la naissance de « son » journal, en 1966, jusqu’à sa disparition en 2013. En proposant une lecture croisée de ces chroniques attentives autant à la littérature qu’à la politique, les collaborateurs d’En attendant Nadeau explorent cette aventure critique qui fut aussi l’aventure d’une vie.

Un exil inattendu

Shumona Sinha, L’autre nom du bonheur était français En attendant Nadeau

© CC0/Þórunn Þorsteinsdóttir

Il y a près de dix ans, Shumona Sinha avait décrit son choix d’apprendre le français à vingt-deux ans comme sa « petite révolte post-coloniale ». Née à Calcutta, elle rejetait à la fois l’anglais et le bengali, sa langue maternelle « moralisante ». À rebours d’une vision idéalisée, L’autre nom du bonheur était français raconte l’évolution de ses démêlés avec les langues qui aboutissent à sa langue d’écrivaine.
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par Feya Dervitsiotis

Aragon, l’intemporel

Trois recueils de Louis Aragon Les chambres Persécuteur persécuté En attendant Nadeau

Couverture de « Les adieux » © Poésie/Gallimard

À l’occasion du quarantième anniversaire de la mort d’Aragon, trois recueils sont réédités : Persécuté persécuteur, publié en 1931, qui conduira à la rupture avec André Breton, Les chambres, achevé en 1969, un an avant la mort d’Elsa Triolet, et Les adieux, dernier recueil publié de son vivant. En donnant à saisir les sentiments comme les êtres à partir des objets et des lieux, l’œuvre d’Aragon est des plus modernes.
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par Marie Étienne

L’isolé splendide

Beppe Fenoglio, L’herbe qui brille au soleil et autres nouvelles

Beppe Fenoglio (vers 1955-1960)

Sur sa tombe est seulement gravé « Partigiano e Scrittore ». Beppe Fenoglio (1922-1963), homme d’idées et d’idéaux, écrivain à la passion désespérée, vécut en solitaire au cœur de son époque. À l’occasion du centenaire de sa naissance, les Cahiers de l’Hôtel de Gallifet présentent douze de ses nouvelles, qui racontent notamment des épisodes de la résistance italienne dans les Langhe piémontaises.
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par Claude Grimal

Serge Livrozet : braquer l’écriture

Braquer l’écriture : Serge Livrozet (1939-2022)

Serge Livrozet © D. R.

Mort le 29 novembre 2022, Serge Livrozet a été l’un des meneurs des révoltes qui ont traversé les prisons françaises dans les années 1970. Né en 1939 à Toulon, il avait fondé le Comité d’action des prisonniers (CAP) et participé au lancement de Libération, subi trois emprisonnements et signé une quinzaine de livres sur son expérience. Philippe Artières retrace le parcours de cette figure du combat anticarcéral.
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par Philippe Artières

Le dernier surréalisme

Histoire du surréalisme ignoré (1945-1969), d'Anne Foucault

Le « Désordinateur » de l’exposition surréaliste « L’écart absolu » (1965)

Anne Foucault se penche sur l’évolution multiforme du mouvement surréaliste, de 1945 à son autodissolution en 1969, un an après un mois de mai qui semblait une réalisation des espoirs surréalistes. Un foisonnement insoupçonné.
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par François-René Simon

Entretien avec Stéphane Spach

Photographe : entretien avec Stéphane Spach

© Stéphane Spach

Comme on parle d’histoire naturelle, on pourrait désigner par l’expression « Photographie naturelle » l’ensemble des images de Stéphane Spach, qui se trouvent aujourd’hui rassemblées dans un fort beau volume.
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propos recueillis par Roger-Yves Roche

Zanzibar, l’île des esclaves

La princesse de Zanzibar, d'Abdelaziz Baraka Sakin

Abdelaziz Baraka Sakin (décembre 2022) © Jean-Luc Bertini

Après Le messie du Darfour et Les Jango, le Soudanais Abdelaziz Baraka Sakin décrit dans La princesse de Zanzibar une société bâtie sur l’esclavage et la cruauté, et la façon dont certains êtres se creusent au sein du plus grand malheur des espaces de liberté.
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par Sébastien Omont

Séminaire liturgique

Hospitalité. Volume II. Séminaire (1996-1997), de Jacques Derrida

Portrait de Jacques Derrida par Olga Berrios © CC2.0/Olga Berrios

La publication du séminaire de Jacques Derrida sur l’hospitalité continue, avec une deuxième année (1996-1997) au cours de laquelle le philosophe poursuit une explication avec Emmanuel Levinas entamée trente ans plus tôt avec L’écriture et la différence, et s’intéresse à un concept développé par l’islamologue Louis Massignon : la substitution.
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par Richard Figuier

L’amitié ne se passe jamais de mots

Bernard Noël et Georges Perros : poètes correspondant

Portrait de Georges Perros en couverture de « Une vie ordinaire » © Coll. Poésie/Gallimard et Bernard Noël © Jean-Luc Bertini

Le 7 mai 1960, Bernard Noël écrit pour la première fois à Georges Perros, pour lui dire l’émotion qu’il a ressentie à la lecture de ses Papiers collés. 20 jours plus tard, le second le remercie pour cette lettre, qui « nous lie, peut-être plus que des années de fréquentation. » Ainsi commence la correspondance entre les deux poètes, qui durera plus de quinze ans.
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par Roger-Yves Roche

La victoire de l’art

Exposition Niki de Saint Phalle à Toulouse : la victoire de l'art

Vue de l’exposition « Niki de Saint Phalle. Les années 1980 et 1990 : l’art en liberté », aux Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse du 7 octobre 2022 au 5 mars 2023 © 2022 Niki Charitable Art Foundation / Adagp, Paris © photo Boris Conte

Vingt ans après la mort de Niki de Saint Phalle, et alors qu’une grande exposition lui est consacrée à Zurich, le musée des Abattoirs de Toulouse accueille une rétrospective qui met l’accent sur les dernières décennies de la carrière de cette artiste majeure, connue pour ses formes vives et colorées et pour son pharaonique Jardin des Tarots.
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par Sophie Ehrsam

Faut-il obéir à son roi ?

Deux textes posthumes d'Arlette Jouanna : faut-il obéir à son roi ?

Siège de Paris durant la guerre du Bien public (été 1465), enluminure d’un manuscrit des Mémoires de Commynes (début du XVIe siècle)

Deux textes posthumes d’Arlette Jouanna éclairent notre compréhension de la « constitution politique » du royaume de France : une étude d’une ampleur inédite sur le groupe des « princes de sang », ce vivier d’héritiers en puissance qui constitue à la fois une ressource potentielle et un danger politique immédiat, et une préface d’une édition enrichie du Discours de la servitude volontaire d’Étienne de la Boétie.
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par Philippe Hamon