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Journal de la littérature, des idées et des arts – 11/09-24/09

En attendant Nadeau

Justin Torres, Blackouts
Trois hommes qui marchent II, Alberto Giacometti © CC-BY-ND 2.0/Shinya Suzuki/Flickr

À la recherche d’une généalogie queer : entretien avec Justin Torres

À l’occasion de la parution de son deuxième roman, Blackouts, Justin Torres nous en raconte la genèse. Plongeons avec lui dans une histoire effacée et une aventure romanesque qui se joue des formes du récit et des références.

Éditorial

L’audace des formes

On doit toujours se rappeler à quel point la littérature est dans la vie ! Et ce numéro l’affirme vivement, parcourant les livres de la rentrée envisagés comme des jalons pour nous parler du monde tel qu’il va, ou pas. Non dans une dimension strictement descriptive ou comme des témoins univoques de l’époque, mais en nous faisant être en leur travers. C’est ainsi qu’on sent, qu’on imagine, qu’on pense avec eux, les associant sans cesse, les lisant les uns en regard des autres, les métabolisant pour réaliser, plus ou moins lucidement, notre place ou ce qui se passe autour de nous. 

Sommaire

Félicien Faury
Des électeurs ordinaires. Enquête sur la normalisation de l’extrême droite
par Jean-Yves Potel
Michel Feher
Producteurs et parasites. L’imaginaire si désirable du Rassemblement national
par Jean-Yves Potel
Olivier Guez, Mesopotamia
Gertrude Bell entourée de Churchill (gauche) et de Lawrence (droite) en visite sur le site de Gizeh lors de la conférence du Caire de 1921 © CC0/WikiCommons

Femmes héroïques

Les femmes sont aussi des héroïnes. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le texte d’Edith Durham sur l’Albanie ou le roman qu’Olivier Guez a consacré à Gertrude Bell, archéologue et espionne du début du siècle dernier.
Jan Carson, le fantôme sur la banquette arrière
Belfast © CC BY-SA 2.0/Steve Cadman/Flickr

Gens de Belfast

Dans son dernier recueil de nouvelles, Le fantôme de la banquette arrière, Jan Carson fait preuve d’une grande audace. Elle parvient à réaliser pour Belfast l’équivalent de ce que James Joyce a fait pour Dublin. Pas une mince affaire et un livre étourdissant d’intelligence. 
Ozaki Hosaï
« Une des 53 vues célèbres du Tōkaidō », de Utagawa Hiroshige issei (1797-1858) © Gallica/BnF

Haïkus libres

Pèlerin des nuages et des eaux, magnifique anthologie de haïkus du poète japonais Hosai, est une lecture enchanteresse. D’une sensualité délicate, ces poèmes libres sont l’œuvre d’un poète sensible qui rend tangible la moindre beauté du réel.
Olivier Bétourné, La mort du roi
Procès de Louis XVI à l’Assemblée de la Convention Nationale, salle du Manège du palais des Tuileries, 11 décembre 1792 © CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Ça ira ! 

Olivier Bétourné montre que le procès de Louis XVI ne fut ni juste ni équitable, et qu’il ne pouvait l’être. Peu de temps après les tableaux vivants proposés par Thomas Jolly lors de la cérémonie des Jeux Olympiques, rappelons-nous que cet événement aussi a fait couler beaucoup d’encre.
Elie Duprey, Ti Jean l'élégant
La fresque murale en hommage aux victimes de mai 1967, par Philippe Laurent (Pointe-à-Pitre en Guadeloupe) © CC BY-SA 4.0/FanfaronAli/WikiCommons

Écoute un homme changer

Comment dérouler la bobine de sa vie quand on a hérité d’un destin entravé et qu’on a été constamment aux prises avec l’oppression ? C’est la question que pose Ti Jean l’élégant, un roman attachant et ambivalent signé Élie Duprey.
Gwenaëlle Aubry, Zone base vie
Gwenaëlle Aubry © Francesca Mantovani/Gallimard

Les fantômes et les voix de Gwenaëlle Aubry

Les deux derniers livres de Gwenaëlle Aubry nous prouvent que l’on peut parler de situations urgentes et complexes, penser la mort, le politique, le divin, nos liens complexes à l’écriture, en dehors des clichés et trouver des voix nouvelles pour les exprimer. 
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Conque, Perrine Tripier
Conques (Détail) © CC-BY-4.0/RianaHim/Flickr

L’histoire contre l’empire

Conque, le deuxième roman de Perrine Tripier, approfondit une réflexion passionnante sur l’emprise du passé. Porté par une langue inventive, distanciée et lucide, il se lit comme une fable vertigineuse sur l’usage politique des mythes.


Trois lectures étonnantes et de grande qualité nous invitent à penser nos rapports aux archives, comprendre ce qu’on y cherche, ce qu’on y trouve. Subtiles, informées, claires, elles nous donnent à réfléchir autrement la matière de l’histoire et à y éprouver nos savoirs. On y découvre une manière originale de chercher, de déplier notre passé sans jamais en oblitérer l’émotion.

Marta Caraion, Géographie des ténèbres. Bucarest-Transnistrie-Odessa. 1941-1981
« La Shoah en Roumanie », aquarelle d’Ioana Olteș (1949)(Détail) © CC0/Spiridon MANOLIU /Wikicommons

L’histoire à la juste distance

Dans Géographie des ténèbres Marta Caraion explore l’histoire de sa famille et celle de la Shoah par balles en Transnistrie. Un livre important, précis et sérieux qui invente une distance pour raconter l’histoire sans abolir l’émotion.   
Mathias Gardet, Nous sommes venus en France. Voix de jeunes Algériens, 1945-1963
Dessin d’un jeune placé © Archives du Centre d’observation de Savigny-sur-Orge

Monter les mémoires

Sur la base de 150 dossiers de mineurs algériens des années 1950, Mathias Gardet a réalisé un montage de récits d’une force inouïe. Et rien de plus passionnant que de se plonger dans un corpus extraordinaire composé d’écrits, de dessins, de témoignages de toutes sortes.
Clémentine Vidal-Naquet, Noces de cendres. Un voyage dans les ruines de la Grande Guerre
Album souvenir de voyage de noces de Gérald et Berthe Debaecker (Détail) © Historial de la Grande Guerre Péronne

Âmes sensibles, ne pas s’abstenir

Clémentine Vidal-Naquet nous entraîne dans sa découverte d’une archive pas comme les autres : un album constitué par un jeune militaire pour sa femme. Elle parvient en entremêlant leur regard à repenser le statut de l’archive et nos représentations.