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Journal de la littérature, des idées et des arts 18/12 – 07/01 2025

En attendant Nadeau

Kévin Bideaux Rose. Une couleur aux prises avec le genre Éditions Amsterdam. 39,90 €. 526 p. Michel Pastoureau Rose. Histoire d’une couleur
Peinture rose craquelée © CC BY 2.0/XoMEoX/WikiCommons

Rose shocking

Le rose évoque l’amour, les fleurs, la féminité, la chair… Mais les évidences ne sont pas bonnes à prendre. Ainsi, il faut lire le livre de Michel Pastoureau qui en explore la symbolique et celui de Kévin Bideaux qui en défait les représentations caricaturales.

Éditorial

Force de l’inquiétude

Nous sommes fascinés par les choses incomplètes, infinies. Ce qui manque, qui échappe, travaille l’esprit profondément. C’est ainsi que l’on avance dans les textes, la pensée, dans les mondes imaginaires et la réalité. Voici sans doute ce qui attire vers l’œuvre de H. P. Lovecraft qui entre en Pléiade et qui a imaginé un monde altéré, absolument effrayant. Il échafaude ainsi une « cosmogonie incomplète et fautive, raturée et contradictoire » qui figure ce qui nous hante, veillant à la lisière du réel.

Sommaire

Michael Roch
Lanvil emmêlée
par Sébastien Omont
Mohammad Rasoulof
Les graines du figuier sauvage
par Catherine Coquio
H. P. Lovecraft, taken in June 1934
H. P. Lovecraft (1934) © CC0/WikiCommons

Cthulhu n’attend plus

Lovecraft est plus actuel que jamais : c’est peut-être ce qui explique l’intérêt contemporain pour une œuvre étonnamment moderne. L’angoisse qui s’y exprime propose un écho à la possibilité de la fin de notre civilisation. D’autant plus que, dans ses textes les plus tardifs, les traductions le révèlent comme un grand écrivain.
Entre les collines hantées de Maurice Mourier Vermont
« Calvin Coolidge State Historic Site » à Plymouth Union, Vermont © CC BY-SA 2.0/Doug Kerr/Flickr

Entre les collines hantées

La Nouvelle-Angleterre fut le paysage originel d’H. P. Lovecraft. Maurice Mourier revient sur un séjour dans les collines du Vermont, nous entraînant dans une Amérique profonde tout imprégnée encore de l’étrangeté suintant de ses récits. 
H.P. Lovecraft
H.P. Lovecraft, par Duane W. Rimel (1935) © CC0/WikiCommons

En mémoire d’un ami pnakotique

Léo Henry donne à En attendant Nadeau une nouvelle écrite en 2007. La sourde inquiétude lovecraftienne y rôde selon le rythme inimitable de l’auteur d’Héctor et de Tadjélé. À l’angoisse, se joint la mélancolie naissant quand on rend son regard à l’œil qui, depuis l’abîme de la condition humaine, nous fixe.
Eldritch de Claude Grimal
Dessin schématique de Cthulu © CC-BY-4.0/Antoni Espinosa/Wikimedia Commons

« Eldritch »

S’ils ont évolué, les avis sur Lovecraft ont toujours été tranchés. Rappel de sa réception critique aux États-Unis, de l’horreur absolue éprouvée par Edmund Wilson en 1945 à l’enthousiasme de Joyce Carol Oates en 2020.
Faïza Guène, Kiffe kiffe hier?
Faïza Guène © Dar Yumi

L’âge lucide

Vingt ans après l’immense succès de Kiffe kiffe demain, Faïza Guène nous propose un livre tout aussi intéressant : Kiffe kiffe hier ?. Une suite qui raconte un pays qui se transforme, sans doute pas pour le meilleur.
D. H. Lawrence
D. H. Lawrence. Illustration dans « Critical Woodcuts » (1926) © CC0/WikiCommons

Dans la « mêlée » avec D. H. Lawrence

Marc Porée, maître d’œuvre de la Pléiade D. H. Lawrence, souligne l’intensité d’un auteur absolument unique. Il nous parle d’un romantique radical, d’une subjectivité forcenée et de comment l’éditer.
Michel Foucault  Nietzsche Cours, conférences et travaux
« L’Arbre de Vie », Gustav Klimt (1919)(Détail) © CC0/WikiCommons

Deux grands esprits

Ce n’est pas parce qu’un philosophe n’écrit pas sur l’un de ses devanciers qu’il n’influe pas grandement sur son parcours et ses idées. Il en va ainsi de la figure de Nietzsche pour Michel Foucault avec qui il n’a jamais cessé de penser. 
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Rosie Pinhas-Delpuech | Naviguer à l’oreille. Actes Sud, 182 p., 19,50 € Yves Plasseraud | Les Yekkés de Lettonie.
Vitrail de l’étoile de David sur le mur ouest de la synagogue ashkénaze Schneider à Istanbul © CC-BY-SA-3.0/Roylindman/WikiCommons

Garder une langue

Les rapports entre la langue allemande et la judéité sont très compliqués. Pour en entrapercevoir la portée et les réalités, il faut lire le récit intime de la traductrice Rosie Pinhas-Delpuech et l’ouvrage d’Yves Plasseraud sur les Juifs germanophones de Lettonie.
Myriam Moscona | Les ombres cousues.
Famille juive célébrant la Pâque (Seder de la Pâque) d’après une miniature de la Sister Haggadah (Barcelone, XIVe siècle) © CC0/British Library

Mémoire du ladino

Avec Les ombres cousues, la poète mexicaine d’origine bulgare Myriam Moscona s’est faite romancière pour faire vivre la langue de son enfance, le ladino. Éloge d’une langue aux croisements des cultures, pleine de douceur, de malice et de sagesse.
Stefan Zweig , Cosmopolite
Buste de Stefan Zweig (Salzbourg, Autriche) © CC BY-SA 4.0/Clemensfranz /WikiCommons

Zweig, l’inconsolable

Signe des temps ? On semble scruter les indices de judéité dans les œuvres des grands auteurs et jusque dans leur inconscient. Avec Cosmopolite qui réunit ses lettres et cartes postales, serait-ce, après Proust et Kafka, le tour de Stefan Zweig ? 
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Amira Ghénim, Le désastre de la maison des notables,
Bab El Bhar, une des portes de la médina de Tunis © CC-BY-4.0/Tarek/Flickr

Le pouvoir de la voix féminine

En revenant sur une affaire d’adultère dans la Tunisie des années 30, Le désastre de la maison des notables d’Amira Ghenim réinvente le récit historique et célèbre le pouvoir d’une narration féminine. 
Laurent Cuvelier, La Ville captivée. Affichage et publicité au XVIIIe siècle
« La publicité en France par Emile Mermet » © CC0/WikiCommons

La ville écrite

Dans un livre érudit, l’historien Laurent Cuvelier dresse un « tableau de Paris » au travers des écritures exposées – placards, affiches, graffitis… On y découvre une autre histoire de la ville au XVIIIe siècle.
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Un couple qui vit sur deux planètes : entretien avec Deborah Willis

À l’heure où des milliardaires projettent de se rendre sur Mars, le premier roman de Deborah Willis est particulièrement bienvenu. Profond, drôle et enjoué, Girlfriend on Mars interroge la société du spectacle et sa fascination pour la compétition.

Vies des meilleures peintres

Il aura fallu attendre quarante-trois ans pour que soit traduit Maîtresses d’autrefois. Femmes, art et idéologies de Rozsika Parker et Griselda Pollock.  Heureuse occasion de redécouvrir un livre considéré au Royaume-Uni comme un jalon essentiel de l’histoire de l’art féministe.