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Journal de la littérature, des idées et des arts 22/01 – 04/02 2024

En attendant Nadeau

Bertrand Belin, La Figure,
« Portrait d’homme », Theo van Doesburg (1915) © CC0/WikiCommons

Casse la Figure

Dans le nouveau texte de Bertrand Belin, tout est à vif. Un long monologue qui avance par hésitations, pas de côté, auto-dérision, annonces contredites ou fortement tempérées.

Éditorial

Affronter les vides

Nous vivons – tous, chacun – avec en soi des vides. Il faut faire quelque chose de ce manque fondamental, de ce trouble, de cette étrangeté qui nous pousse à penser ce qu’on est, qui l’on est, à partir de ce que nous n’avons pas ou ne connaissons pas. D’où sommes-nous, que voyons-nous de nous-même, de notre environnement, de nos idées, des mots qui nous aident ou nous empêchent de nous représenter avec justesse ? Ces questions hantent ce numéro comme nos existences.

Sommaire

Marie Chominot et Sébastien Ledoux (dir.)
Algérie. La guerre prise de vues
par Aissa Kadri
Edith Bruck
Contrechamp
par Marie Étienne
Frédéric Pajak, Le chagrin d’amour,
« Le baiser », Edvard Munch (1897) © CC0/WikiCommons

Amour passe, et manque

Le plus souvent, les histoires d’amour finissent mal. Il en résulte alors un chagrin que Frédéric Pajak présente comme philosophique, pathétique, poétique, endémique, colérique. Un travail de deuil sans deuil.
Marie-Emmanuelle Pommerolle | De la loyauté au Cameroun. Essai sur un ordre politique et ses crises.
Défilé du 20 mai, fête nationale (Douala, Cameroun, 2016) © CC BY-SA 4.0/Happiraphael/WikiCommons

L’ordre politique camerounais

Avec De la loyauté au Cameroun, Marie-Emmanuelle Pommerolle enrichit l’historiographie francophone relative au Cameroun. En décrivant un certain ordre politique, elle a à cœur de constituer une archive dans l’attente d’un probable basculement.
Morgan Labar | La gloire de la bêtise. Régression et superficialité dans les arts depuis la fin des années 1980.
« Balloon Dog », Jeff Koons © CC-BY-4.0/Taís Melillo/Flickr

La bêtise en art

Comment la bêtise s’est-elle instillée dans certaines œuvres depuis la fin des années 1980 ? L’historien de l’art Morgan Labar propose un essai stimulant.
CASTILLO Greg, Outlaw Builder Cookbook. L’auto-construction hippie en Californie (1967-1974)
Maison construite dans un cercle de jeunes séquoias à partir de matériaux récupérés, Californie, fin des années 1960 © Barry Shapiro, avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque Bancroft, Université de Californie, Berkeley

Bricoler une utopie

On croit souvent que les hippies refusaient toute forme de travail. Greg Castillo montre, au contraire, que leur contre-culture était loin d’être improductive. David Frati, quant à lui, brosse un portrait attachant d’une petite communauté de retraités dans l’Arizona.
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J.M. Coetzee, Le Polonais,
« Le fumeur », Juan Gris (1913) (Détail) © CC0/WikiCommons

Broken English

Le nouveau roman de J. M. Coetzee, Le Polonais, est une histoire simple et profonde, non dépourvue d’enjeux politiques. C’est le récit, difficile à interpréter, d’une rencontre qui semble ouvrir une brèche vers un autre monde.
Krzysztof Warlikowski | Elizabeth Costello. Sept leçons et cinq contes moraux. 
« Elizabeth Costello. Sept leçons et cinq contes moraux », mise en scène de Krzysztof Warlikowski (2024) © Magda Hueckel

Krzysztof Warlikowski : « Je suis aux frontières du théâtre »

Le grand metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski présente à Paris son exceptionnel Elizabeth Costello, à partir du personnage créé par J.M. Coetzee. Dans un entretien avec EaN, il éclaire sa genèse et sa conception du théâtre, qui « doit constamment inventer son langage ».
Pierre-Benoît Roumagnou | Traquer. La police parisienne et les protestants en 1685.
« La Police et la sûreté rétablies dans Paris », Charles Le Brun (1665) © CC0/WikiCommons

La police religieuse : un laboratoire ?

Pierre-Benoît Roumagnou propose une enquête passionnante sur l’activité de la police parisienne à l’époque de la révocation de l’édit de Nantes. Il montre que des pratiques que l’on associait au XVIIIe siècle ont été mises en place plus tôt.
Léo Malet & Tardi, Du rififi à Ménilmontant, Bruxelles, Casterman
« Du rififi à Ménilmontant », Léo Malet & Tardi © Casterman

L’arrondissement familier

Au cœur du vingtième arrondissement de Paris : Ménilmontant. Plusieurs ouvrages évoquent aujourd’hui ce quartier et montrent que sa légende se confond avec sa familiarité.
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Gunks – chronique du temps insouciant
Au bord de la falaise © CC-BY-2.0/Amanderson/Flickr

Grimper comme des punks

Dans la France des années 1980, un presque bachelier fait l’école buissonnière. Le nouveau roman de Nicolas Richard, Gunks. Chronique du temps insouciant, est frais et libre comme cette existence aux quatre vents.
Thibault Raisse, Le Con de Minuit, Denoël Gérard de Suresnes
Gérard de Suresnes, « Le Con de Minuit », Thibault Raisse © Denoël

Toutes les vies de Gérard de Suresnes

Homme de toutes les marges, Gérard de Suresnes fut, dans les années 1990, une star de la radio libre à ses dépens. Le minutieux Thibault Raisse recompose cette vie chaotique et redonne corps à toutes les vies du Con de minuit.
Alan Moore, Le Grand Quand – Long London 1. Trad. de l'anglais par Claro. Bragelonne, 384 p., 25 € Laure Limongi, L'invention de la mer. Le Tripode, 240 p., 20 € Ned Beauman, Poisson poison. Trad. de l'anglais par Gilles Goullet. Albin Michel, 384 p., 22,90 € Ray Nayler, La montagne dans la mer. Trad. de l'anglais (États-Unis) par Henry-Luc Planchat. Le Bélial', 448 p., 24,90 €. Martin MacInnes, Ascension.
La révolution silencieuse, de Jason deCaires Taylor © CC-BY-2.0/allenran 917/WikiCommons

Sous la surface

La science-fiction a beaucoup plus regardé vers les étoiles que vers les abysses. En se glissant dans les mers, quatre romans récents pensent nos rapports aux animaux et à la violence. Comme eux, Le Grand Quand d’Alan Moore invente une alternative désirable.
Jean-Pierre Andrevon, Un siècle de s.f. écrite et dessinée vue de France des années 1920 à nos jours, avec J.- P. Fontana et C. Ecken, encrage, 2024 (647 p., 45 €) ; Jacques Véron, Jean-Marc Rohrbasser, La démographie de l’extrême. Quand la fiction anticipe l’avenir des sociétés
« Croisière dans le temps », Richard Bessiere (Détail) © Fleuve noir

Les horizons imprédictibles du futur

En un abécédaire érudit et parfois potache, Jean-Pierre Andrevon balise le panorama français de la science-fiction. Jacques Véron et Jean-Marc Rohrbasser lient, quant à eux, la dystopie à ce qu’ils appellent la « démografiction ».
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Jean-Pierre Orban, Pierre Mertens. Le siècle pour mémoire
Pierre Mertens © Francis Jacoby

Mertens est mort, vive Mertens

Le grand écrivain belge Pierre Mertens est mort le 19 janvier. Son biographe Jean-Pierre Orban rend hommage à un auteur dont l’œuvre et la vie posent des questions littéraires, éthiques et politiques essentielles.
Carlo Ginzburg | La lettre tue.
« Paysage de ruines et d’incendies », Félix Vallotton (1915) © CC0/WikiCommons

Comment s’enfoncer dans la lettre

Dans La lettre tue, Carlo Ginzburg préconise le recours à une lecture littérale des textes pour les débarrasser de leurs interprétations étouffantes. Nouvelle pierre à l’œuvre passionnante de l’historien-détective.

En bref

Cinq lectures en quelques mots : la poésie aux antipodes de Mikhaïl Lermontov et Guy Bennett, une histoire hilarante, un étrange personnage et un essai sur la conscience européenne.

Des fourmillements plein les revues

Des aventures littéraires contemporaines, la consommation de viande pensée par l’écologie, la sociologie du soin, la pensée de Levinas : quelques revues du moment, dont deux nouvelles.