Numéro 22

Tout le vingtième siècle : Le silence de Jirgl

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L’écrivain allemand Reinhard Jirgl, auteur d’une dizaine de romans et de plusieurs pièces de théâtre, est né à Berlin-Est en 1953. Le silence est son troisième roman traduit en français. Difficile de résumer ce roman total et magistral. Retenons seulement que l’intrigue se construit autour d’un personnage, Georg Adam, et de deux lignées, la lignée Baeske, de Basse-Lusace, et la lignée Schneidereit, de Prusse-Orientale, qui traversent le XXe siècle, cet « ogre » qui sans vergogne dévore ses enfants.
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par Gabrielle Napoli

La vie intellectuelle, une spécialité française ?

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Y-a-t-il eu une vie intellectuelle en France ? Si l’on se focalise sur 1966, la réponse est oui. Les réactions à la publication des Écrits de Lacan en témoignent. Sur une durée plus longue, la réponse est plus complexe, et fait intervenir la question du jugement. Ainsi, les deux impressionnants volumes collectifs, dirigés par Christophe Charle et Laurent Jeanpierre, se distinguent des entreprises antérieures d’histoire intellectuelle à la fois par leur souci d’explorer tous les secteurs de la vie culturelle française sur les deux derniers siècles et par leur méthode, qui s’attache à ses conditions matérielles et sociales. Ils cherchent à éviter les jugements de déploration pour prendre un point de vue objectif sur cette longue période. Mais le peut-on vraiment ?

Chine des pauvres, pauvre Chine

Su Tong

Maud Roditi pour EaN

En observant le microcosme d’un quartier misérable quelques années après la mort de Mao, Su Tong, auteur du célèbre Épouses et concubines, dresse dans Le dit du loriot le portrait sarcastique, lucide et amer d’une Chine livrée aux égoïsmes qui n’avance pas.
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par Maurice Mourier

Et aussi…

John le Carré sans confessions

Dans Le Tunnel aux pigeons. Histoires de ma vie, John le Carré, ex-espion et romancier à succès, a voulu faire un pied de nez à ses biographes en publiant un livre inclassable, un anti-récit de soi qui rassemble des histoires et des rencontres.
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par Claude Grimal

Le fantasme
du Califat

La parution simultanée des livres d’Olivier Roy et de Gilles Kepel a provoqué une polémique. Il faut comprendre les prises de position et les points de vue divergents de ces deux spécialistes de l’islamisme radical.
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par Philippe Cardinal

Pouchkine
et l’Histoire

Boris Godounov doit sa gloire à l’opéra de Moussorgski. Mais la pièce de Pouchkine est le premier exemple d’un théâtre russe original, libéré de toute pesée extérieure, qui relie avec force l’histoire, les passions et la langue.
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par Christian Mouze

Une mystique du bistro

Yonnet troquets de Paris

Troquets de Paris, une sélection d’articles publiés entre 1961 et 1972 dans la feuille L’Auvergnat de Paris, vaut largement le détour. À première vue, Jacques Yonnet livre un mélange rabelaisien de critiques sur les bistrots et restaurants des années 1950-1970. Le tout entrecoupé d’anecdotes historiques. L’érudition ne le cède jamais à l’empathie et la conversation se fait familière mais avec style toujours. On craint une lecture nostalgique et l’on se retrouve sidéré par la force d’évocation de ce monde tantôt populaire et trivial, tantôt d’une surnaturelle étrangeté. Alors, un recueil de critiques gastronomiques ? Non, un récit de voyage dans un continent englouti.
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par Ulysse Baratin

Les enjeux d’un prix Nobel

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Bob Dylan

Cette année, les réactions au choix du prix Nobel de littérature, décerné à Bob Dylan, ont été nombreuses, en France particulièrement, avec des avis contrastés. L’idée n’est pas de revenir sur la réception de cette récompense, mais d’en saisir – si tant est que ce soit possible – la portée et la signification.
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par Charles Ficat

Pierre Rissient, le découvreur

Pierre Rissient mister everywhere

« Aventures en Birmanie » de Raoul Walsh, l’un des films préférés de Pierre Rissient

Rissient aime « les films qui ont un regard ». Il aime entendre une voix et elle se forge dans le début des années cinquante avec la littérature. Il a son premier choc avec Henry Miller. Rissient est curieux, impatient de connaître, désintéressé : « Il n’y avait chez moi aucune ambition, aucun calcul pour un futur. Lire un livre que l’on n’a pas encore lu, attendre la sortie d’un film, en programmer un… c’était une boulimie : voir, savoir, connaître, sentir. » Cette boulimie fait de lui un pilier de ciné-club, puis un attaché de presse qui relance La règle du jeu, les films de Josef von Sternberg, puis défend Claude Sautet, le mal-aimé. Rissient promeut aussi Schatzberg, Scorsese et Kiarostami. Il explore l’Asie.
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par Norbert Czarny