Parce qu’il faut y croire
Crue, de Philippe Forest, est le texte d’un survivant : revenu d’une catastrophe naturelle, il témoigne. Et la vérité qu’il rapporte nécessite d’être crue. Bien que l’action, par bien des indices, semble se situer à Paris, on est aussi plongé dans un roman japonais, dans la dimension post-apocalyptique qui caractérise certaines fictions de Kenzaburo Oê ou de Kôbô Abe, les récits de survivants d’Hiroshima rapportés par Tamiki Hara dans Fleurs d’été, la perte de repères qui s’inscrit dans les romans d’après Fukushima…
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par Tiphaine Samoyault
Une entreprise de déstabilisation
Yoko Tawada, qui publie Histoire de Knut, est une nomade dans l’âme. Sa littérature fait voler en éclats les frontières, invitant le lecteur à quitter le Japon pour l’Allemagne, l’Allemagne pour la France, la France pour des contrées imaginaires, à tenter l’aventure là où toutes les métamorphoses sont possibles, où l’insolite se mêle au fantastique, où l’humain s’accompagne de ce qui échappe à toute définition et où le voyage entrepris est avant tout celui qui mène aux confins de l’art magique.
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par Linda Lê
La vie est fête
Dans une nuit de janvier 2011, Laëtitia Perrais est enlevée et assassinée. On retrouve assez vite Tony Meilhon, son assassin, puis le corps de la jeune fille, dans un marais de la Loire-Atlantique. Le président de la République de l’époque, Nicolas Sarkozy, s’empare de l’événement pour accuser les juges. Le fait divers devient une affaire d’Etat. Ivan Jablonka revient sur l’enquête criminelle dans Laëtitia. Comme Daniel Mendelsohn dans Les Disparus, il cherche avant tout à comprendre comment des victimes ont vécu.
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par Norbert Czarny
Rencontre impossible à Sokcho
En racontant une rencontre impossible dans une ville balnéaire du Nord-Est de la Corée, non loin de la frontière qui sépare le pays en deux, Elisa Shua Dusapin invente une langue équilibrée et rythmique. Un premier roman qui interroge les liens entre existence et création, et affirme la douleur de n’être rien que soi, perdu et fragile.
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par Hugo Pradelle
Un sentiment de pesanteur
Si Santiago H. Amigorena souligne avec insistance combien l’histoire du héros adolescent des Premières fois est exceptionnelle, combien sa culture nourrie de livres magnifiques et de tableaux sublimes l’élève au rang d’écrivain, son récit ennuie souvent.
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par Jeanne Bacharach
Trop de hauteur
Le grand jeu, de Céline Minard, était censé transmettre un sentiment de présence à son lecteur. Ce roman en montagne ressemble à une maison high-tech froide, qui certes permet de « faire le vide », mais ne donne pas vraiment envie d’y vivre.
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par Pierre Benetti
Autour d’un autour
Transgenre. Le mot est à la mode ; la chose ou le concept, plus ou moins ; en général il s’applique au domaine sexuel, en littérature, désigne des objets difficilement identifiables, troubles, des livres impossibles à assigner à une catégorie mais, au fond, reconnaissables, soudain proches, familiers là où on ne les attendait pas. Le « récit » d’Helen Macdonald en est : M pour Mabel est à la fois un traité de fauconnerie, un journal de bord, une esquisse d’autobiographie, un livre de deuil, une biographie de T. H. White, une rêverie…
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par Cécile Dutheil
L’exil dans l’exil
On estime à près de 500 000 le nombre d’Allemands qui ont fui le régime nazi, 130 000 ayant réussi, comme Hans Sahl, à gagner les États-Unis. Moins de la moitié aurait opté pour le retour à la fin de la guerre. Le journaliste et critique littéraire Hans Sahl (1902-1993), qui a croisé la plupart des exilés devenus célèbres, mais aussi quantité d’autres anonymes dont grâce à lui l’histoire gardera une trace, n’a, quant à lui, jamais pu se décider. Pour d’excellentes raisons.
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par Sonia Combe
La liberté des sentiments
Les lettres d’André Breton à sa première épouse, Simone Kahn, laissent apparaître un homme bien différent de l’image qui lui est, à tort, trop souvent attachée.
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par Alain Joubert
Soleils noirs
Avec Les Coïncidences exagérées, Hubert Haddad revient à son histoire première, « jour de la vérité », en septembre 1970, où il faillit se jeter dans le vide. Et réveille au passage les morts essentielles de sa vie. Un récit du plus profond de soi écrit dans une langue sublime.
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par Roger-Yves Roche