Françoise Wuilmart, traductrice du Principe Espérance de Ernst Bloch, a fait parvenir cette réponse à la suite de l’article publié dans notre numéro 29:
Je l’ai lu avec grand intérêt mais je constate que l’auteur de l’article n’a pas respecté ma traduction du terme allemand, capital dans l’œuvre de Bloch « überschreiten » que j’ai traduit (et à ma suite tous les autres traducteurs) par « franchir » . L’auteur de l’article a préféré « outrepasser », ce qui est un gauchissement évident de la pensée et du propos de Bloch. Les grands « franchisseurs » de frontières décrits dans le tome III : Faust, Don Juan, Quichotte etc. n’outrepassent rien, ils franchissent. Je vous épargne ici une longue argumentation justifiant ce choix mais peux vous la livrer si vous le souhaitez.
Je crois qu’il faut toujours respecter le choix du traducteur spécialiste, qui est imprégné de toute l’œuvre et de la pensée de son auteur ; surtout quand la traduction a été jugée excellente et reconnue par les spécialistes. Je suis à l’origine d’une terminologie précise, d’une nomenclature avalisée et reprise par les traducteurs de tous les autres tomes de Bloch.
Jean Lacoste, auteur de l’article et lui-même traducteur de Bloch (Héritage de ce temps, Payot, 1977, récemment réédité depuis) a pris note de cette traduction en quelque sorte « officielle ». Il n’est pas sûr que Bloch, penseur de l’utopie, se soit contenté de « franchir » sans « outrepasser« , mais il reconnaît bien volontiers avoir, croit-il, emprunté cette traduction au livre d’entretiens d’Arno Münster.